Bordeaux : Vers un boom des liaisons entre les deux rives
MOBILITE•Le conseil de Bordeaux Métropole a voté, ce jeudi, en faveur d’une nouvelle concession des transports accordé à l’opérateur Keolis à partir du 1er janvier 2023Elsa Provenzano
L'essentiel
- Le nouveau contrat 2023-2030 du délégataire Keolis reconduit par la métropole de Bordeaux contient des engagements pour désaturer le tram, notamment avec des liaisons supplémentaires.
- Les navettes fluviales vont être déployées sur trois liaisons et la pratique du vélo (notamment via de la location longue durée de vélo électrique) encore encouragée.
- Toutes ces mesures doivent permettre d’augmenter de façon significative les liaisons entre les deux rives de la Garonne dans les prochaines années.
C'était attendu et cela a été confirmé, ce jeudi, en conseil de métropole, le délégataire Keolis, actuel gestionnaire du réseau de transports bordelais (TBM) a été reconduit pour la période 2023- 2030, avec des missions élargies sur la mobilité. Un choix qui intervient après deux années de procédure. Le budget de cette délégation est de 2,2 milliards d’euros, « auquel il faut retrancher les recettes, 830 millions d’euros, qui seront reversés par le délégataire à Bordeaux Métropole soit 1,4 milliard d’euros, précise Béatrice de François, vice-présidente de la métropole en charge des transports en commun. Ce budget est conforme à la trajectoire budgétaire que nous avons définie. » Comprenez : il ne creuse pas la dette.
Le périmètre de la délégation est très élargi et n’oublie aucune mobilité. Tour d’horizon des points marquants de ce nouveau contrat qui va influer sur les déplacements quotidiens de tous les habitants de la métropole. Les liaisons entre les deux rives du fleuve devraient par exemple être facilitées.
Nouvelles liaisons de tram pour désaturer le réseau
Deux nouvelles extensions seront créées : l’une, la F, permettra de relier la rive droite à l’aéroport, en passant par la gare, ainsi la ligne C se transformera en A à la station Porte de Bourgogne, par un système d’aiguillage. La ligne E partira de Floirac Dravemont jusqu’à Blanquefort, par le même principe d’aiguillage. La mise en service de ces deux lignes est envisagée pour 2025. Patrick Bobet (LR), du groupe métropole commune, salue « un jeu intelligent d’aiguillages qui permet le retour du tram en odeur de sainteté dans cette maison ».
Si la métropole ne veut pas lancer de grands travaux de construction de nouvelles lignes, rappelant un coût de «20 à 25 millions d'euros le kilomètre», elle veut optimiser le fonctionnement du réseau existant. « On va renforcer les fréquences à 2’30, ce qui va produire une amélioration significative pour 80.000 déplacements journaliers, soit plus du quart des usagers quotidiens du tram », pointe Béatrice de François. En 2027, elle promet que 94 % de la population sera desservie par le réseau TBM et que plus d’un usager sur deux aura accès à une fréquence inférieure à 10 minutes. Le conseiller d'opposition de Renouveau Bordeaux (Renaissance) Stéphane Mari a peur que les annonces soient trop belles et se demande à quel point l’augmentation de la fréquence en heures de pointe sera tenable.
Navettes sur l’eau et davantage de vélos
De nouvelles liaisons en navettes fluviales Batcub seront proposées en amont et en aval. Deux nouvelles embarcations seront mises à flot en 2024 et deux autres en 2025. De nouveaux pontons vont aussi accompagner ce développement. « Je suis particulièrement sensible à l’effort pour améliorer les liaisons entre les deux rives », a souligné le maire de Bordeaux. En prenant en compte la montée en puissance des bus, tram et batcub, ce seront environ 3.000 franchissements par jour, soit une progression des liaisons de 108 % d’ici 2027.
Le délégataire s’est aussi engagé à continuer de développer fortement la pratique du vélo sur l'« agglomération. Une flotte de 2.000 vélos électriques en location longue durée [1 an] , renouvelable un an, sera proposée et les stations, modernisées des Vcub, proposeront 50 % de vélos électriques. Sur le périmètre de l’intra-rocade, il est envisagé d’installer 50 stations supplémentaires. Le maire de Bordeaux en a profité pour glisser que le nombre de cyclistes empruntant les boulevards, un secteur réputé dangereux et donc boudé des vélos, a augmenté de +75 % en un an. « Cela veut dire que beaucoup d’anciens automobilistes se sont mis au vélo, ce n’est pas une génération spontanée de cyclistes », analyse l’élu.
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Cette délégation signe aussi le renouveau du bus, selon la majorité. « Les bus express et les bus directs de périphérie à périphérie avec une organisation radiale et des fréquences améliorées », appuie Clément Rossignol Puech, vice-président de la commission mobilité et transports à la métropole. Le contrat prévoit aussi l’exploitation de modes alternatifs « comme le téléphérique le moment venu », anticipe Béatrice de François. Un fonds d’innovation doté de 10 millions d’euros permettra d’expérimenter des « services à l’usager » sur le réseau. Le conseiller d’opposition Jacques Mangon (Métropole commune) s’inquiète du peu de projets à dix ans dans le quart nord ouest de l’agglomération mais le président Alain Anziani l’a repris, insistant: « On n’oublie personne. »