Bordeaux : Dans les campements de sans-abri, près de 30 % des personnes sont mineures
PRECARITE•Les résultats de l'opération de recensement des personnes à la rue à Bordeaux viennent d'être publiésElsa Provenzano
L'essentiel
- La ville a organisé une nuit de la solidarité cet hiver pour recenser les personnes sans-abri, à la rue ou en squats.
- Les résultats dressent le portrait d’un public jeune, majoritairement ressortissant de l’Union européenne avec une activité déclarée ou pas.
- L’opération doit permettre de mieux ajuster les moyens de lutte contre le sans-abrisme.
Après Paris, première ville à avoir utilisé cette méthode de recensement en 2018, Bordeaux a mobilisé, le 20 janvier dernier, 450 bénévoles, 619 volontaires et 165 agents pour aller à la rencontre de personnes sans-abris, dans la rue et dans les campements de fortune. Les résultats de cette opération viennent d’être publiés par le comité scientifique, associant l’Insee, des chercheurs en sociologie et les services de la ville.
« On en retient que les rues, les campements et les bidonvilles de Bordeaux sont les lieux de vie, aux conditions particulièrement dégradées, de personnes plutôt jeunes, relève Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, en introduction de cette publication. On en retient que plus de 20 % des personnes vivant dans ces conditions sont mineures, et que ces mineurs vivent très majoritairement en famille. On en retient que la plupart des personnes que nous avons rencontrées en bidonville travaillent, de manière déclarée ou informelle. »
Un millier de personnes jeunes et sans toit
Pendant l’opération, 599 personnes ont été recensées dans la rue et il faut y ajouter 297 personnes qui vivent en squats et présentent également un besoin de mise à l’abri. La population est relativement jeune : 69 % des personnes sans-abri rencontrées dans les rues ont entre 25 et 55 ans. Dans les campements, la tranche d’âge des 25 à 55 ans y est la plus représentée (53 %) mais on relève aussi 27 % de mineurs. Ces jeunes gens et familles sont majoritairement des ressortissants de l’Union européenne. Au total, 36 % des femmes et 25 % des hommes sans-abri ont moins de 25 ans, qui reste un âge pivot pour de nombreuses politiques publiques.
« Le travail déclaré est la source la plus citée (29 %), devant le travail non déclaré (19 %), les prestations sociales (18 %) et la mendicité (14 %), détaille le rapport. Dans les bidonvilles, le travail (déclaré ou non) est la première ressource loin devant toutes
les autres : 58 % des répondants ont indiqué travailler. »
Plus des deux-tiers des répondants (68 %) sont sans logement personnel depuis au moins un an, démontrant que la problématique s’inscrit dans le temps. La majorité des personnes sans-abri sont arrivées à Bordeaux sans logement (64 % pour les personnes sans-abri en bidonvilles). Celles qui déclarent avoir eu un logement, l’ont perdu à cause de raisons financières (perte d’emploi, chômage…) mais aussi d’expulsions locatives et de séparations familiales.
Il reste beaucoup à faire puisque « 63 % de l’ensemble des personnes sans-abri
ayant répondu n’ont jamais été prises en charge dans un hébergement d’urgence, alors qu’il s’agit de la principale réponse institutionnelle au sans-abrisme », conclut le rapport. Et près de 60 % de ces personnes ne sont pas accompagnées par un travailleur social.