MOBILITE« Pas de réseau vélo sans contraindre la voiture »

Bordeaux : « Il n’y a pas de réseau vélo qui puisse se mettre en place sans contraindre la voiture »

MOBILITELa pratique du vélo dans Bordeaux Métropole continue de progresser ces derniers mois, alors que l’aménagement du Réseau Vélo Express (ReVE) va démarrer
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • La pratique du vélo a connu une hausse de 12 % en avril, après une augmentation de 21 % au dernier trimestre 2021.
  • « Il y a un véritable effet vélo qui pour l’instant ne s’arrête pas » se réjouit l’association Vélo Cité.
  • Les défenseurs de la pratique du vélo attendent maintenant avec impatience les premières livraisons du Réseau Vélo Express (ReVE) dont les premiers aménagements doivent démarrer cette année.

Une augmentation de + 21 % au quatrième trimestre 2021, qui se confirme en 2022 avec + 12 % en avril (par rapport à avril 2021). La pratique du vélo dans Bordeaux métropole, poursuit sa montée en puissance, constatée depuis 2016.

« Ce chiffre de + 21 % au dernier trimestre de 2021 est effectivement impressionnant, mais nous restons prudents car cela peut aussi s’expliquer par la période un peu particulière que l’on a connue, entre les confinements, le télétravail, analyse Florent Coignac, chef de service modes actifs à Bordeaux métropole. La mobilité des personnes a été un peu bouleversée, avec une baisse de la fréquentation des transports en commun notamment », poursuit-il.

« On pourrait doubler, voire plus, le nombre de cyclistes »

Florent Coignac confirme bien une tendance à la hausse depuis plusieurs années, « que l’on peut expliquer en partie par les politiques engagées en la matière, avec de plus en plus d’aménagements, comme les couloirs de bus partagés aux vélos sur les boulevards, et l’apaisement des quartiers qui permet de se sentir plus en sécurité. »

Pour l’association Vélo Cité, ces chiffres viennent confirmer « une hausse de fond ». « Il y a un véritable effet vélo qui pour l’instant ne s’arrête pas, assure Benoit Gilliot, coordinateur au sein de l’association. On l’explique par les conséquences de la crise du Covid, et les impératifs climatiques qui jouent aussi. Il y a toutefois une réserve de cyclistes énorme : on pourrait doubler, voire plus, le nombre de cyclistes sur la métropole, mais pour cela il faut des aménagements où les gens ne se posent pas de questions, où il n’y a pas de conflits, et où un enfant peut rouler sans que les parents soient angoissés. »

270 km de Réseau Express d’ici à 2030

C’est là que la métropole sort sa carte ReVE, Réseau Vélo Express. Composé de quatorze axes structurants et sécurisés, ce schéma doit permettre l’aménagement de 270 km de pistes cyclables d’ici à 2030, « parmi lesquelles nous estimons qu’environ un quart est déjà en place et satisfaisant, la moitié doit être améliorée, et un quart n’est pas du tout aménagé » estime Florent Coignac.

Des phases opérationnelles ont déjà été lancées pour deux axes, Bordeaux-Parempuyre et Bordeaux-Artigues, « sur lesquels il y a déjà pas mal d’aménagements existant ou en projet. » Une livraison de ces deux premiers axes à l’horizon 2024 est envisagée. Pour les douze autres, une grande étude de programmation va être menée en 2022 pour prioriser les lignes, qui devraient être livrées entre 2025 et 2030.

« Il faut mettre les moyens, comme on a su le faire pour le tram »

Les associations attendent ce schéma avec impatience. « L’enjeu est colossal avec des travaux qui vont traverser toute la métropole, explique Benoit Gilliot. Il ne faut pas avoir peur de se lancer dans des travaux conséquents en matière de franchissements, avec des tunnels, des ponts… Il faut mettre les moyens, comme on a su le faire pour le tram, sachant qu’il n’y a pas de réseau vélo qui puisse se mettre en place sans qu’on contraigne la voiture, que ce soit sur la voie de circulation ou sur le stationnement. »

Florent Coignac prévient toutefois que « l’on ne peut pas tout miser sur le ReVE » précisément parce qu’on « ne peut pas créer des aménagements d’1,5 m à 2 m de circulation par sens partout, sauf à contraindre fortement la voiture. » Ce qui ne veut pas dire « qu’il ne faut rien faire » là où il n’y aura pas de réseau express. « On peut mettre des aménagements cyclables qualitatifs dans les quartiers. »

Bordeaux Métropole vise une part modale de 18 % de cyclistes

Si Vélo Cité encourage évidemment fortement ces aménagements, l’association reste vigilante. « On est toujours en alerte, car il y a encore des projets aberrants qui sortent en ce moment, comme au débouché du futur pont Simone-Veil sur la rive gauche, avec un tracé qui oblige les vélos à faire demi-tour pour traverser, se lamente Benoit Gilliot. A Euratlantique c’est pareil, on voit des projets livrés qui sont dignes du début des années 2000, voire avant, avec des interruptions et des poteaux partout. »

Ce qui n’empêche donc pas la pratique de progresser. Bordeaux Métropole vise 18 % de part modale pour le vélo d’ici à 2030, contre 14 % en 2021, tandis qu’elle ambitionne d’abaisser dans le même temps la part de la voiture de 50 % à 33 %.