DEMAIN LA VILLECet étudiant en architecture redessine les places et les rues de Bordeaux

Bordeaux : Militant d’une cité plus agréable à vivre, cet étudiant en architecture redessine la ville

DEMAIN LA VILLEA 22 ans, l'étudiant en architecture William Boy commence à se faire repérer sur les réseaux sociaux avec ses images 3D des places de Bordeaux revisitées
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Passionné d’urbanisme et d’architecture, William Boy publie depuis le premier confinement des images 3D de sites bordelais qu’il s’est amusé à revisiter.
  • Féru de vélo, défenseur de la végétalisation, il se défend pour autant d’être un « enfant d’Hurmic », et peut même avoir la dent dure sur certains projets de la nouvelle municipalité.
  • Il fait, par ailleurs, partie de l’association Métro de Bordeaux, pour laquelle il a aussi réalisé des images 3D de projets.

Né en 2000, il a « grandi avec le chantier du tramway » et « baigné dans les travaux à Bordeaux. » « Cela m’a toujours passionné et j’ai toujours eu un avis sur ce qu’il se faisait. » Naturellement, le Bordelais William Boy s’est destiné à une carrière d’architecte, et a intégré l’école d’architecture de Bordeaux, où il est désormais en Master 1.

« Bordeaux est vite devenu un terrain de jeu pour moi, et j’ai commencé à redessiner des places, des espaces publics, c’était très personnel et cela n’avait pas vocation à être diffusé » explique-t-il. Jusqu’au premier confinement, durant lequel il commence à travailler sur un logiciel 3D, et se décide à publier ses travaux sur les réseaux sociaux. Cours de la Marne, Place Ravezies, les allées de Tourny… Il repense ainsi les places et les axes stratégiques de la ville.

Réaménagement de la place Ravezies imaginé par l'étudiant en architecture William Boy
Réaménagement de la place Ravezies imaginé par l'étudiant en architecture William Boy - WB

Qualifié d'« escrolo » ou « enfant d’Hurmic » sur les réseaux

« Un des premiers projets que j’ai publié, c’est la placette rue de Tivoli devant l’Institut Bernard Magrez, cela n’a pas suscité un enthousiasme délirant, mais les réactions étaient plutôt positives, cela m’a poussé à continuer, et honnêtement je ne pensais pas que cela aurait autant de succès. » Effectivement, la qualité de son travail est globalement saluée.

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Mais qui dit réseaux sociaux dit haters, et le jeune bordelais est aussi accusé d’être tour à tour un « escrolo » ou un « yuppie », présenté comme un « enfant d’Hurmic » qui ne « pense qu’à virer les voitures et met des arbres et des piétons partout », quand on ne lui fait pas un procès en délit de jeunesse, « jamais confronté aux règles d’urbanisme. » Ouch.

Une vision « à mi-chemin entre celle de Juppé et celle d’Hurmic »

Des critiques, quand ce ne sont pas des insultes, qui ont marqué l’étudiant. Quand on l’interroge depuis Madrid où il poursuit son cursus, William Boy fait attention aux mots, anticipe les clashs à venir, sur des sujets qu’il sait éminemment clivants et politiquement sensibles. Il prévient que sa vision a pu évoluer entre son entrée à l’école d’architecture et maintenant. Mais joue la transparence. Membre des associations Vélo Cité et Métro de Bordeaux, il ne cache pas ses préférences qui vont vers les mobilités douces et la végétalisation de la ville. Il reconnaît qu’il peut avoir « des avis tranchés sur les politiques urbaines, mais autant concernant l’ancienne municipalité que la nouvelle. »

« Je ne veux pas me mettre dans une case, il y a des choses réalisées par Juppé que j’aime beaucoup, tout comme j’apprécie aussi des réalisations de la mairie actuelle. Je trouve que les réalisations de Juppé étaient plus soignées, plus esthétiques, mais il ne pensait pas assez aux mobilités douces. Le meilleur exemple est la place Gambetta : elle est magnifique mais les mobilités sont oubliées, et on a coupé des arbres. »

De son côté, « la nouvelle municipalité est plus engagée sur la question des nouvelles mobilités et a une volonté d’aller plus vite, mais les réalisations ne sont pas forcément très belles. Sur la végétalisation par exemple, j’y suis favorable, mais on ne peut pas non plus mettre des microforêts partout, sachant en plus qu’il n’y a même pas de consensus sur leur utilité. Il me semble que la nouvelle municipalité oublie parfois que l’on est dans une ville historique, où il y a du patrimoine à prendre en compte. Pour moi, la ville doit être agréable à vivre, et ma vision, finalement, est à mi-chemin entre celle de Juppé et celle d’Hurmic. »

« Certains de nos élus sont déconnectés »

Une de ses dernières publications porte sur un réaménagement des allées de Tourny. « Contrairement à d’autres, c’est un projet assez consensuel, où je ferme un côté de la rue, je supprime des places de stationnement – en prenant en compte l’existence d’un parking souterrain –, je mets de la mobilité douce, une importante végétalisation mais plutôt basse pour conserver la perspective sur le Grand Théâtre et masquer le moins possible les façades et respecter la ville de pierre. »

La vision réaménagées des allées de Tourny à Bordeaux par l'étudiant en architecture William Boy
La vision réaménagées des allées de Tourny à Bordeaux par l'étudiant en architecture William Boy - William Boy

Il a aussi fait des images 3D pour l’association Métro de Bordeaux, comme la gare de la Médoquine et le cours de la Marne. « Un métro à Bordeaux me paraît indispensable, je pense que certains de nos élus sont déconnectés, et je ne suis pas sûr qu’ils prennent le tram tous les matins… Cela permettrait en plus de libérer de la place en surface pour avoir une ville plus agréable à vivre, sachant qu’à certains endroits la ville historique est trop étroite pour faire passer suffisamment de choses. »

Sur le vélo, « à Bordeaux, on est encore dans les petits bouts »

Quant à sa défense immodérée du vélo, il l’assume. « Je fais mon mémoire sur comment le vélo est indispensable pour le développement durable des villes, et je reviens d’Utrecht [Pays-Bas], le paradis du vélo, avec le plus grand parking vélo au monde. C’est très impressionnant de voir comme, là-bas, tout fonctionne très bien. Cela ne veut pas dire que je milite pour une ville 100 % vélo, mais il y a plein de trajets que l’on peut effectuer sans voiture. C’est pour cela qu’à mon sens, il faut réaliser un marquage de couleur au sol pour le vélo, cela limiterait les conflits d’usage et créerait une continuité dans le but de disposer d’un vrai réseau. A Bordeaux, on est encore dans les petits bouts. »

Une vision de la ville apaisée, qui oublie les personnes handicapées, comme on le lui reproche aussi ? « Pas du tout, se défend l’étudiant, comme si la voiture était le meilleur allié des personnes à mobilité réduite… Non, justement, élargir les trottoirs, prendre la place à la voiture, c’est aussi redonner de l’espace aux personnes handicapées. »