INTEMPERIESDes vignobles terrassés en un éclair

Des vignobles terrassés en un éclair

INTEMPERIESL'orage de lundi a endommagé 30% de la récolte dans le Blayais, de 50 à 80% dans le Médoc, et une partie des Graves...
Orianne Dupont

Orianne Dupont

«C'est comme si des cailloux avaient bombardé la vigne.» Jean-François Lespinasse, propriétaire du Château Bichon-Cassignols, dans les Graves, n'en revient toujours pas. Il recense ses 12 hectares de vignes, qui ont tous été touchés : les pieds ont été sectionnés ou abîmés par les grêlons dans la nuit de mardi à hier. Dans ce secteur, plus de 500 hectares ont été détruits. Mais ce n'est pas la seule zone viticole à avoir souffert. L'orage de lundi a endommagé 30 % de la récolte dans le Blayais, de 50 à 80 % dans le Médoc, et une partie des Graves. Celui de mercredi a touché les zones qui avaient été épargnées : de 30 à 100 % à Saint-Emilion et jusqu'à 100 % dans l'Entre-Deux-Mers. Peu de propriétés y ont échappé et les conséquences économiques vont peser sur des trésoreries déjà bien affaiblies par les difficultés liées aux ventes.

« Au mieux, je vais récolter 3 à 5 hectolitres par hectare, contre 45 en temps normal, et je vais avoir des répercussions sur les trois prochaines années car je n'aurai pas de stocks, commente Jean-François Lespinasse. Les années 2006 et 2007 avaient déjà été déficitaires à cause du gel et on comptait sur 2009 pour se rattraper... » Outre la perte de certains rameaux, les orages ont affaibli les pieds, les rendant plus vulnérables aux champignons. « On va travailler sans toucher aucune rémunération, mais juste pour préserver l'outil », ajoute le viticulteur. Et les dégâts constatés jusqu'à maintenant ne sont que partiels. « Les organes morts restent verts une semaine », explique Natacha Elia, de la chambre d'agriculture. En outre, Météo France prévoit une semaine chaotique.

Cédric Elia, conseiller viticole dans l'Entre-Deux-Mers, parvient tout de même à voir un côté positif à la situation : « Les petits volumes font de bons vins. » « Tout dépend de l'arrière- saison », tempère Jean-François Lespinasse, qui se rappelle qu'en 1985, la qualité du vin n'avait pas compensé les pertes dues à la grêle.