Gironde : La justice suspend la fermeture de la mosquée de Pessac
REVIREMENT•Le juge a estimé que la fermeture décidée par la préfecture « présentait un caractère disproportionné [...] et portait une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de culte »20 Minutes avec AFP
Le juge des référés de Bordeaux a suspendu mardi l’arrêté de fermeture pour six mois de la mosquée de Pessac, soupçonnée par la préfecture de Gironde de véhiculer une « idéologie salafiste », a annoncé le tribunal mercredi.
Cette décision permet à la mosquée Al Farouk de Pessac, en banlieue de Bordeaux, de rester ouverte. « Malgré leur caractère critiquable, les publications [sur Internet] ayant motivé cette fermeture ne présentaient pas un caractère extrémiste au point de provoquer, par la haine et la violence, à la commission d’actes de terrorisme », a expliqué le tribunal administratif.
Jeudi matin, la préfecture de la Gironde a annoncé que « le ministère de l’Intérieur a décidé de faire appel devant le Conseil d'Etat de la décision du juge de référés de Bordeaux qui suspend la fermeture pour une durée de six mois de la mosquée Al Farouk. »
Rassemblement de fidèles devant le tribunal
« Cette décision [du tribunal] est un véritable revirement, elle permet de marquer le pas sur les fermetures de mosquées qui se sont succédé depuis ces dernières années », a réagi Me Sefen Guez Guez, avocat de l’association gérant la mosquée. Dénonçant une fermeture « disproportionnée », l’association avait saisi le juge des référés pour demander en urgence sa suspension.
Lundi, une centaine de fidèles s’étaient rassemblés devant le tribunal en soutien au président de l’association « Rassemblement des musulmans de Pessac », Abdourahmane Ridouane, dont la mosquée était restée ouverte dans l’attente de la décision du tribunal.
Des messages encourageant « à la commission d’actes de terrorisme » selon la préfecture
Donnant raison à la mosquée, le juge a estimé dans son ordonnance que la fermeture « présentait un caractère disproportionné par rapport à l’objectif de prévention des actes de terrorisme et portait ainsi une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de culte », selon le communiqué du tribunal.
Dans son arrêté du 14 mars, la préfecture faisait valoir que l’association « Rassemblement des musulmans de Pessac » et son président, diffusaient sur internet et les réseaux sociaux comme Facebook des messages et relayaient des écrits de tiers « incitant à la violence, à la haine ou à la discrimination », encourageant « à la commission d’actes de terrorisme » ou « faisant l’apologie de tels actes ».
« Avant la décision de fermeture, l’association avait supprimé les écrits dénoncés »
A l’audience de lundi, l’avocat Sefen Guez Guez a répondu que la mosquée avait pris des « mesures correctrices ». « Avant la décision de fermeture, l’association avait supprimé les écrits dénoncés (…) et pris des mesures pour éviter le renouvellement de provocations à la violence ou à la haine en procédant au remplacement du gestionnaire du site (internet) et en désignant un modérateur », a souligné le tribunal.
La semaine dernière, la préfecture des Alpes-Maritimes avait décidé de laisser ouverte une mosquée de Cannes menacée de fermeture, « à la lumière des éléments fournis par les nouveaux responsables ».