RECULDes soignants du CHU de Bordeaux racontent les coulisses de la pandémie

Covid-19 à Bordeaux : « L’occasion de mettre des mots sur ce qu’on a vécu »… Des soignants racontent les coulisses de la pandémie

RECUL« Regards face au Covid », publié aux éditions hospitalières, compile les témoignages et les photos de 51 soignants du CHU de Bordeaux pendant la crise sanitaire
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Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Un ouvrage réunissant les contributions de 51 soignants du CHU de Bordeaux sur leurs expériences durant le Covid 19 vient d’être publié.
  • Une des participantes, cardiologue, raconte que la méthode de gestion de crise a permis de développer une certaine efficacité, qu’elle aimerait voir perdurer.
  • Les soignants ont cristallisé les espérances et les inquiétudes de la population au cours de cette crise inédite.

Après l’urgence propre à la crise, vient le temps du recul sur une épidémie inédite. Dans cette perspective, Regards face au Covid vient d’être publié, le 17 mars, aux éditions hospitalières. Quelque 51 soignants y témoignent de ce qu’ils ont vécu de janvier 2020 à décembre 2021, alors que la crise était la plus intense. Leurs propos ont été retranscrits par une écrivaine et un photographe leur a tiré le portrait.

Parmi les contributeurs, Marianne Lafitte, cardiologue et directrice du centre de vaccination de Haut-Lévêque, qui a ouvert en janvier 2021. « Quand j’ai été sollicitée au printemps 2021 pour participer à l’ouvrage collectif, je me suis dit que c’était l’occasion de mettre des mots sur ce qu’on avait vécu », se souvient-elle. Parmi les participants à l’ouvrage, on trouve des représentants des différents corps de métier du CHU, qui compte 15.000 hospitaliers. Si l’ouvrage est conçu comme un « Arrêt sur image sur ce qu’on a vécu », c’est aussi l’occasion de structurer l’avenir, pour Marianne Lafitte.

Une méthode « Covid » efficace

« On a dû s’adapter en permanence depuis deux ans, se rappelle-t-elle. Sur la vaccination par exemple : il y avait de nouvelles cibles, de nouveaux vaccins bref des changements auxquels il fallait s’adapter, toutes les semaines. » Aujourd’hui, alors que la crise n’est plus dans une phase aiguë, les soignants sont épuisés et parfois découragés. « Ce livre vient réactiver cette mémoire collective de ce qu’on a été capable de faire et cela devrait être structurant pour l’avenir », estime la cardiologue.

Elle décrit une grande solidarité pendant la crise. « Il a fallu qu’on soit tous main dans la main et on a pu faire des choses formidables grâce à la gestion de crise. On avait une idée qui paraissait très bonne et hop, on pouvait s’appuyer sur des services adjacents pour rapidement la réaliser », fait valoir Marianne Lafitte. Elle regrette que ce fonctionnement n’ait pas perduré et que les impératifs de rentabilité aient repris le dessus. « Il faut qu’on puisse soigner » , insiste-t-elle, soulignant que la crise n’est pas complètement terminée.

Applaudis et décriés

Les soignants ont récolté des applaudissements à 20 h, avant les deux premiers confinements « quand les gens avaient peur », analyse la cardiologue. Après ils ont aussi été la cible d’incertitudes, de plaintes et de défiances. « Cela s’est vu collectivement à l’échelle de la population, pointe-t-elle. Mais on le vit aussi à l’hôpital avec des alternances entre reconnaissance et angoisse chez des patients qui sont hospitalisés et ne vont pas bien. Ce sont des réactions normales. »

Face à ce nouveau virus, les gens ont eu des réactions différentes. « Soit on a très peur et on est sidérés, soit on passe à l’action très vite, explique Marianne Lafitte. Les deux sont légitimes, chacun fait ce qu’il peut pour se protéger. Ce livre réunit des gens qui avaient envie de courir mais ensemble et qui souhaitent continuer à le faire ».

L’ouvrage est en vente au prix de 25 €. Pour chaque achat, 2 euros sont reversés au profit du mécénat du CHU de Bordeaux.