Gironde : « On peut envisager une démolition du Signal à Soulac après la saison estivale »
INTERVIEW•L’immeuble Le Signal à Soulac-sur-Mer (Gironde) pourrait être démoli d’ici à la fin de l’année. Frédéric Boudeau, directeur de la communauté de communes Médoc Atlantique, a répondu à nos questions.Propos recueillis par Mickaël Bosredon
L'essentiel
- Il reste encore sept appartements à récupérer pour que la communauté de communes acquiert la totalité de l’immeuble Le Signal à Soulac-sur-Mer.
- Elle pourra alors engager les démarches en vue d’une démolition du bâtiment, certainement après la saison estivale.
- Ce serait la fin d’un long feuilleton judiciaire, autour d’un immeuble devenu le symbole de la menace de l’érosion côtière.
Il est devenu ces dernières années le symbole de la menace de l’érosion côtière. Et il pourrait bientôt disparaître du paysage. La démolition de l’immeuble Le Signal, à Soulac-sur-Mer (Gironde), est enfin envisagée. Interrogé par 20 Minutes, Frédéric Boudeau, directeur de la communauté de communes Médoc Atlantique, espère en effet pouvoir enclencher la procédure de démolition après la saison estivale, même s’il ne se risque pas non plus à annoncer de date ferme et définitive.
C’est donc la fin prochaine d’un feuilleton juridique engagé en janvier 2014, lorsqu’un arrêté d’évacuation du bâtiment avait été prononcé face à la menace de l’érosion. Érigée dans les années 1960 à 200 m du rivage, la bâtisse de 78 appartements n’était plus séparée que d’une vingtaine de mètres de l’océan.
Au fil des contentieux, notamment à l’encontre de la communauté de communes, et de procédures interminables, une enveloppe de sept millions d’euros était finalement débloquée en 2020 pour indemniser les copropriétaires. Il avait fallu l’intervention des parlementaires, en l’occurrence la sénatrice Françoise Cartron et le député Benoît Simian, pour débloquer une situation alors dans l’impasse.
La communauté de communes attend désormais que les tout derniers dossiers soient réglés, avant de récupérer la propriété totale du bâtiment, et engager la démolition qui devrait se chiffrer aux alentours des 350.000 €. Frédéric Boudeau a répondu à nos questions.
Où en est-on sur les indemnisations des copropriétaires du Signal ?
On a avancé puisqu’il ne nous reste plus que six dossiers à régler, qui portent sur sept appartements. Ce qui fait qu’à ce jour, 71 appartements sur 78 ont été récupérés. Nous souhaiterions finir toutes les opérations juridiques au mois de mars, pour engager ensuite les procédures en vue d’une démolition, car le squelette du bâtiment se délabre.
Une démolition avant la fin de l’année vous paraît-elle envisageable, ou restez-vous prudent ?
Je suis nécessairement prudent car il y a des données que je ne maîtrise pas, puisqu’il faudra au préalable l’autorisation de démolir, lancer une maîtrise d’œuvre, attribuer le marché… Cela dit, on peut raisonnablement envisager un calendrier de démolition qui se situerait après la saison estivale ; avant, cela nous semble très difficilement faisable. Maintenant, est-ce que ce sera avant la fin de l’année, on ne peut pas s’y engager…
Le désamiantage est-il terminé ?
Le désamiantage a été fait par les services de l’État, il restera peut-être encore certains endroits, au niveau de branchements et de canalisations, à traiter, mais ce seront de toutes petites quantités à évacuer.
Vous prévoyez combien de temps pour la démolition ?
Je ne peux pas me prononcer sur un délai, mais je ne pense pas que la démolition prenne beaucoup de temps, car ce sont des éléments préfabriqués. Cela dépendra entre autres de la technique qui sera choisie, même si je pense que le bâtiment sera démoli par rognage, et pas avec une boule ni avec l’emploi d’explosif.
C’est la fin d’un long feuilleton juridique…
C’est un dossier qui a fait l’objet de nombreux contentieux et qui a débouché sur un constat juridique de blocage, puisqu’il n’y avait pas de dispositif d’indemnisation prévu pour ce cas de figure. Le législateur a donc dû intervenir pour débloquer à titre exceptionnel une indemnisation. Au final, on aura mis entre sept et huit ans pour le régler, ce qui peut paraître long, mais ce qui ne l’est pas forcément vu la problématique. Et, ce que l’on est en train de découvrir, c’est que Soulac n’est pas un cas isolé. D’autres villes pourraient être prochainement concernées, sur l’ensemble du littoral français. Le problème dépasse largement le cadre local, et il y aura peut-être d’autres opérations comme celle du Signal dans le futur.