Gironde : Le désarroi d’un père dont la fille a été enlevée par son ex-femme et emmenée en Egypte
COMBAT•Après le divorce, Saminou Nioka, père de Shaya, 6 ans, avait obtenu auprès de la justice sa garde principale. Mais profitant de son droit de visite pendant les vacances, son ex-épouse a emmené son enfant en Egypte l’été dernierElsa Provenzano
L'essentiel
- Alors que Saminou Nioka avait obtenu la garde exclusive de sa fille, son ex-femme l’a enlevée à l’occasion de vacances et elles vivent à présent en Egypte.
- Depuis, il se démène pour que le mandat d’arrêt émis le 5 août 2021 contre son ex-épouse pour soustraction d’enfant soit enfin appliqué.
- La fillette faisait l’objet depuis 2017 d’une interdiction de sortie de territoire à la demande du père mais sa mère a réussi néanmoins à l’emmener à l’étranger.
Saminou Nioka est un père désemparé qui se tourne aujourd’hui vers la presse après avoir épuisé tous les recours juridiques pour retrouver sa fille Shaya, six ans, victime d’un enlèvement. A l’été 2021, la mère exerce son droit de visite pendant les vacances scolaires mais au lieu de ramener l’enfant à son père, qui a obtenu la garde exclusive devant la justice, elle part vivre en Egypte avec la fillette et son fils, issu d’une précédente union. Depuis, il se démène pour que le mandat d’arrêt émis le 5 août 2021 contre son ex-épouse pour soustraction d’enfant soit enfin appliqué.
Des craintes de fuite dès 2017
« Monsieur avait obtenu la résidence de sa fille, par cinq décisions de justice entre 2017 et 2021, explique maître Caroline Bris, l’avocate de Saminou Nioka. Elle vivait auprès de son père et alors que la mère avait un simple droit de visite et qu’elle faisait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire, elle a pris sa fille pour l’emmener en Egypte ». Dès la séparation du couple, en décembre 2016, elle manifeste sa volonté de partir à l’étranger et le père s’en inquiète. « Il va y avoir une demande d’interdiction de sortie de territoire pour ma fille, obtenue en octobre 2017, parce que sa mère a conservé son passeport et elle ne voulait pas me le donner alors que j’avais la garde exclusive, explique Saminou Nioka. On craignait une fuite dès 2017. »
Beaucoup d’éléments restent à éclaircir dans cette affaire et notamment celui de savoir comment un nouveau passeport a pu être attribué à la fillette, alors qu’elle était sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire. Il lui a en tout cas permis de rejoindre l’Egypte mais selon son ex-mari, la mère n’a pas de liens familiaux là-bas et elle n’est pas égyptienne mais de nationalité française. « Dans les soustractions d’enfant généralement, les parents retournent dans leur pays d’origine, là il peut y avoir des réticences car chaque pays protège son ressortissant national mais là ce n’est pas du tout le cas », pointe maître Caroline Bris.
Un faux espoir en septembre
Elle a été, à un moment, employée par une structure qui dépend de l’Etat Français ce qui renforce l’incompréhension du père quand à la non-exécution du mandat d’arrêt. « On ne peut pas faire plus d’un point de vue judiciaire, il faut qu’il y ait un travail entre l’exécutif français et l’exécutif égyptien pour que ce mandat d’arrêt s’exécute », relève le conseil de Saminou Nioka. Il a nourri des espoirs en septembre dernier lorsqu’on lui a annoncé qu’il devait se rendre en Egypte pour récupérer sa fille et éviter qu’elle soit remise aux services sociaux. Il va rester trois semaines sur place à attendre des retrouvailles qui n’auront finalement pas lieu.
Le 8 février prochain, on connaîtra la décision du tribunal concernant le non-règlement de pensions alimentaires par la mère. Un an de prison ferme a été requis contre elle par le procureur et un nouveau mandat d’arrêt pourrait être émis contre elle. « Combien en faudra-t-il ? », ironise le père, désespéré par l’enlisement de la situation.
Une fillette tiraillée entre son père et sa mère
La mère a fixé deux rendez-vous téléphoniques hebdomadaires où père et fille peuvent se parler. « Les échanges téléphoniques montrent que l’enfant est dans un conflit de loyauté très important et que psychiquement, elle va de plus en plus mal », estime maître Caroline Bris. « La dernière fois que je lui ai parlé, l’appel a été très difficile car elle me dit qu’elle va aller à l’école alors que je sais qu’elle a été déscolarisée », déplore Saminou Nioka. Il regrette aussi que son ex-épouse se livre à « une instrumentalisation de ma fille sur les réseaux. » Sur un blog Facebook qu’elle a créé elle dément faire l’objet d’un mandat d’arrêt et explique que le père avait obtenu la garde exclusive après des « manipulations calomnieuses ».
Saminou Nioka a même alerté Gérald Darmanin et il lui a été répondu qu’elle ferait l’objet d’un « examen attentif ». En attendant, il compte les jours loin de sa fille et remue ciel et terre pour débloquer la situation.