Bordeaux : Un décor peint à la main va être projeté sur le Grand Théâtre
ILLUMINATIONS•La société bordelaise Limelight s’inspire de la technique de la lanterne magique pour projeter des illustrations
Elsa Provenzano
L'essentiel
- Des décors peints créés par la société bordelaise Limelight seront projetés jusqu’au 2 janvier sur la façade du Grand Théâtre.
- Les illustrations sont peintes à la main sur des calques et projetées par une technique analogique et non numérique, dite de la lanterne magique.
A partir de 17 h, samedi soir, le Grand Théâtre va être habillé de lumière. Jusqu’à Noël, un décor végétal peint à la main va être projeté « à l’ancienne » sur le bâtiment classé au patrimoine mondial de l’Unesco puis un second, encore en cours d’élaboration, viendra prendre la suite jusqu’au 2 janvier. La ville s’est tournée vers la société bordelaise Limelight, spécialisée dans les techniques du spectacle vivant et de l’audiovisuel, pour parer l’un de ses plus beaux édifices à l’occasion des fêtes.
Des images peintes artisanalement
C’est dans le studio de création de Limelight, société fondée en 1983 par Nicole Sénédiak, éclairagiste de profession, qu’est né le décor « très naturaliste », en clin d’œil à la majorité écologiste. « Un relevé de la façade est réalisé sur un calque de 18×18 cm, taille de l’image finale, intégrant les aberrations de l’objectif et les erreurs de parallaxe », précise-t-elle. Il a aussi été conçu par les équipes de Limelight en fonction de l’architecture de la façade dessinée par Victor Louis.
La projection est inspirée de la technique très originale de la lanterne magique. « Elle a été inventée par Huyguens au XVIIe siècle, explique Nicole Sénédiak. A cette époque, on peignait des images derrière lesquelles on mettait des bougies pour les projeter avec un système optique. » Elle explique aussi qu’on utilisait beaucoup les images peintes Pani (du nom de la marque autrichienne) pour projeter une partie des décors au cinéma et à l’opéra. « C’est rigolo, ces décors qui étaient à l’intérieur du Grand Théâtre vont se retrouver à l’extérieur », s’amuse-t-elle.
« Une technique analogique à l’ère du numérique »
Pas de projecteurs numériques pour ce mapping géant mais une lanterne magique, sorte de gros appareil à diapositives, qui sera positionné sur un balcon du Grand Théâtre « C’est une technique durable sans électronique qui fonctionne avec des machines munies de systèmes optiques et d’une lampe, commente l’éclairagiste. C’est une technique analogique à l’ère du numérique. »
Elle est encore l’une des rares en France à pratiquer cette technique de l’image peinte pour réaliser ces mapping. « On a un rendu extraordinaire, très puissant, met-elle en avant avec passion. L’image est moins propre que le numérique, on voit les coups de pinceau mais c’est extrêmement poétique. » La lampe HMI, utilisée beaucoup en cinéma, et qu’affectionne Limelight, est plus proche de la lumière du jour et permet un meilleur rendu.
Limelight est à la fois un studio de création et un prestataire qui a déjà travaillé pour de nombreux événements bordelais, avec des projections d’images Pani pour un Vinexpo dès 1985. Depuis 2000, les vidéoprojecteurs de grande puissance lui permettent de faire des mappings d’envergure.
Avec ses machines robustes qui « peuvent rester dehors, sont durables et simples d’utilisation », souligne Nicole Sénédiak, et le supplément d’âme de ses créations artisanales, Limelight n’a pas fini de prendre la lumière.