Bordeaux : « Moins de mètres carrés mais davantage de services », le coliving fait une percée sur le marché de l’immobilier
LOGEMENT•Le concept du coliving, qui propose des chambres ou des appartements autour d’espaces communs, franchit une étape avec l’arrivée sur ce secteur de Bouygues Immobilier, qui ouvrira à Bordeaux sa première résidence partagéeMickaël Bosredon
L'essentiel
- Bouygues Immobilier vient d’annoncer son premier projet de coliving, qui se fera dans le quartier des Chartrons à Bordeaux.
- Le poids lourd de l’immobilier va réhabiliter un ancien immeuble de bureaux en 142 logements développés autour d’espaces communs comme un cinéma, un bar ou une salle de sport.
- La start-up Colonies avait été pionnière dans le domaine, en se lançant dans le coliving en 2018, et en ouvrant une première résidence à Bordeaux en avril dernier.
Les résidences en « coliving » vont-elles pousser comme des champignons à Bordeaux ? Le poids lourd Bouygues Immobilier vient en tout cas d’annoncer son projet d’investir ce marché de plus en plus convoité, avec la réalisation d’une première résidence à Bordeaux, dans le quartier des Chartrons, dont la livraison est prévue début 2023.
Qu’est-ce que le coliving ? Il s’agit de résidences proposant des chambres ou de petits appartements, autour d’espaces et de services communs. La start-up Colonies avait été pionnière dans ce domaine, en ouvrant ses premières « maisons » en 2018 à Paris, et une résidence à Bordeaux, près du Jardin public, en avril dernier. Intitulé « Rosa », ce bâtiment en pierre de 300 m2 « propose douze espaces privatifs, qui partagent des espaces comme une grande cuisine, un grand séjour, une terrasse et une buanderie » explique Alexandre Martin, cofondateur de Colonies.
Bouygues Immobilier va un peu plus loin avec son projet bordelais. Il comprendra 142 appartements sur six étages, avec un rez-de-chaussée ouvert sur la ville, comprenant un bar, une halle gourmande et un espace de coworking, et parmi les services uniquement accessibles aux résidents, une cuisine, une salle de cinéma, une salle de sport et un bar en roof top.
« Parcours de vie fragmentés »
« L’immobilier n’a pas encore fait sa mue, notamment dans les grandes villes de France où il y a de la tension locative, observe Augustin Rousseau, responsable du coliving chez Bouygues Immobilier. C’est pourquoi nous avons décidé de nous lancer sur ce marché, à destination essentiellement des jeunes actifs, mais d’une manière générale des personnes en transition, professionnelle ou privée, sachant que l’on a tous de plus en plus des parcours de vie fragmentés. »
« Ce qui nous a poussés à créer Colonies, raconte de son côté Alexandre Martin, ce sont nos expériences de logement catastrophiques lorsque nous étions de jeunes actifs. On a donc imaginé l’endroit que l’on aimerait habiter, et on est arrivé à cette solution de coliving, avec cette idée de répartir des espaces privatifs dans des maisons, qui vont de huit à treize personnes, autour d’espaces communs et de services. »
« Nouvelle expérience du logement »
Dans le quartier des Chartrons, Bouygues Immobilier va réhabiliter un ancien immeuble de bureaux. Chaque appartement sera équipé d’une salle de bains et d’une kitchenette, mais l’idée est bien de concevoir un projet « autour de la notion de partage » insiste Augustin Rousseau. « Les gens cherchent une nouvelle expérience du logement, quitte à payer un loyer pour un peu moins de mètres carrés mais davantage de services et de flexibilité » poursuit-il. Le montant des loyers se situera « dans la moyenne du marché bordelais, à laquelle on ajoute le montant des charges et des services proposés. » Pour un 25 m2 par exemple, « on sera aux alentours de 800 euros, mais c’est tout compris, électricité et assurance notamment. »
Chez Colonies à Bordeaux, les loyers démarrent à 730 euros. « On essaie de faire mieux pour le prix d’une location classique, sachant que l’on ne peut pas comparer ce tarif avec un loyer, puisque c’est effectivement tout compris, et que l’on trouve également dans nos logements draps, serviettes, ustensiles, insiste Alexandre Martin. On arrive avec sa valise et on s’installe. Pour un nouvel arrivant dans une ville, c’est idéal. » Les locataires y restent en moyenne un peu moins d’un an.
Une dizaine de projets en cours pour Bouygues
Le service est aussi 100 % flexible et digital : il n’y a pas de durée minimum de séjour, et les formalités administratives sont réduites au minimum (pas de bail ni de dossier à monter) puisque ces structures sont considérées comme résidences hôtelières. « Notre objectif est vraiment de réduire les délais, car on constate que les temps sont beaucoup trop longs pour accéder au marché locatif traditionnel » analyse le responsable du coliving de Bouygues. « On peut réserver un hôtel en deux clics à l’autre bout de la planète, mais si vous voulez trouver un logement dans une semaine à Paris ou à Bordeaux c’est la croix et la bannière, observe de son côté Alexandre Martin. On a donc digitalisé tout le process, pour permettre d’effectuer ses réservations en quelques minutes. »
Bouygues Immobilier travaille actuellement sur une dizaine de sites en France, notamment Nice, Charenton, Lyon, Toulouse… « Ce sont des produits très urbains, et ce sera soit de la réhabilitation comme à Bordeaux, soit de la construction, et notamment de la construction modulaire dans l’idée de livrer rapidement, avec une meilleure gestion du bilan carbone et environnemental » explique Augustin Rousseau. Colonies a développé pour sa part une trentaine de structures, et prépare de nouvelles implantations à Montpellier et Bruxelles.