Recup organise le compostage chez les Bordelais qui vivent en appart

Bordeaux : L’asso Récup propose une solution de compostage (sans odeurs) aux citadins

RETOUR A LA TERREAlexandra Neyroud, créatrice de l’association Recup, est mise à l’honneur dans le documentaire « En avant citoyens ! » réalisé par Céline Crespy, qui sera diffusé mercredi 6 octobre à 20h30 sur LCP
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • L’association Récup, qui collecte du compost sur Bordeaux centre et l’achemine vers des structures agricoles en Gironde est mise à l’honneur dans le documentaire « En avant citoyens ! » réalisé par Céline Crespy diffusé ce mercredi à 20h30 sur LCP.
  • Elle organise le compostage avec des seaux bokashi, du nom d’une méthode japonaise qui permet de collecter ses biodéchets pendant plusieurs semaines, en intérieur, sans mauvaises odeurs.

Dans le documentaire En avant citoyens !, Céline Crespy rencontre des personnes qui agissent pour, trier, limiter ou transformer nos déchets. Parmi elles, Alexandra Neyroud, 24 ans, qui a crée en janvier 2019 l'association Récup qui organise la collecte de compost chez les particuliers du centre de Bordeaux. Le documentaire sera diffusé ce mercredi à 20h30 sur LCP.

Elle a grandi à la campagne où le compost était la règle alors quand elle arrive en ville pour ses études, c'est à contre coeur qu'Alexandra Neyroud jette ses épluchures avec le tout-venant. L'idée d'organiser le compostage en milieu urbain naît pendant son Master en économie du développement à l'université de Bordeaux. Elle réalise les premiers tests de collecte en septembre 2018 et l'association Récup est lancée trois mois plus tard. Aujourd'hui elle compte 500 adhérents et a collecté 50 tonnes de biodéchets en 2020, qui sont valorisés sur des terres agricoles de Gironde.

Alexandra Neyroud organise le compostage urbain avec son association Récup.
Alexandra Neyroud organise le compostage urbain avec son association Récup.  - Association Recup

Un seau « bokashi »

La matière organique qui se décompose attire les nuisibles et quand on vit en ville, sans jardin ou avec un petit extérieur, c'est un aspect qui peut vite décourager les bonnes volontés. C'est la raison pour laquelle l'association distribue et collecte les biodéchets dans un seau appelé bokashi. « Le bokashi est une méthode japonaise, cela veut dire matière bien fermentée, explique Alexandra Neyroud. Au lieu de laisser pourrir la matière, on va ajouter du son de blé enrichi en micro-organismes : ce sont des champignons, des bactéries et des acides lactiques qui vont la faire fermenter. »

Cela fonctionne de la même façon que pour la choucroute ou la bière et permet de limiter la putréfaction et les odeurs. Le mélange est à saupoudrer entre chaque couche de déchets et il faut ensuite tasser un peu pour pour garantir le bon développement de ces bactéries. « On peut ainsi garder le seau plusieurs semaines chez soi [trois semaines à un mois en moyenne] sans avoir à trouver un conteneur pour le vider tous les trois jours parce qu'il y a des moucherons ou que ça sent mauvais », assure la jeune femme. L'abonnement annuel s'élève à 72 euros par an, et ouvre à la participation au conseil d'administration si les adhérents le souhaitent. Le ramassage des seaux, qui se fait en triporteur, est facturé quatre euros à chaque passage.

« Pertinents » sur l'hypercentre

Pour l'instant, les volumes traités par l'association, 50 tonnes, sont une « petite goutte d'eau », commente Alexandra Neyroud, en comparaison des 87.000 tonnes produites chaques année sur la métropole. A partir du 31 décembre 2023, la réglementation évolue et le tri des biodéchets va devenir obligatoire. L'association sera très attentive à la feuille de route de la métropole sur le sujet. Elle espère que si des marchés publics sont lancés, elle pourra y répondre « en tout cas sur l'hypercentre où on trouve qu'on est pertinent », précise-t-elle.

La tarification incitative, qui a été testée à petite échelle sur la métropole, « pourrait être un très bon levier pour convertir davantage de personnes au tri des biodéchets », estime Alexandra Neyroud. Pour l'instant, ses clients s'avèrent souvent déjà sensibilisés aux problématiques écologiques et souvent de jeunes parents. Ceux-là auront en tout cas pris une longueur d'avance, avant l'obligation réglementaire.