Des matelas posés à même le sol dans certains salons du XVIIIè, des banderoles accrochées aux statues... Mais que se passe-t-il dans les murs du prestigieux Grand Théâtre de Bordeaux ? L’occupation démarrée le 15 mars par des intermittents du spectacle et des précaires, pour alerter sur la situation des artistes et techniciens du spectacle, et réclamer la réouverture des lieux culturels, est-elle en passe de devenir hors de contrôle ?

Samedi, la CIP (Coordination des intermittents et des précaires) Gironde, à l’origine de l’occupation des lieux, a confirmé qu’un « groupe de personnes est entré dans le théâtre jeudi soir avec la ferme intention d’occuper tout l’espace. » Entre 60 et 100 personnes, dont quelques-unes appartiendraient à des mouvements anarchistes, se seraient en effet installées dans plusieurs salles du Grand-Théâtre, qu’elles occupent en continu depuis jeudi. « Certaines ont eu des propos insultants avec des jeunes étudiant(es) en travail précaires à l’opéra », poursuit le CIP dans un communiqué.

« Il faut fermer le Grand Théâtre pour le protéger »

« Il semble impossible pour certaines de ces personnes de se contenir », embraye le collectif d’intermittents, qui précise que « de ce fait, les salariés de l’Opéra de Bordeaux et les syndicats présents ont quitté les lieux ». « La CIP Gironde ne se reconnaît pas dans ces agissements […] Devant cet état de fait, et après s’être concerté avec d’autres camarades de luttes, il ne nous est plus possible de poursuivre en l’état l’occupation du Grand Théâtre. » La CIP a donc déserté le site, tout comme les syndicats.

Adjoint à la culture sous la précédente majorité, Fabien Robert (MoDem) a alerté dès vendredi la municipalité, lors du conseil de métropole, sur la situation, s’inquiétant d’un risque de « dégradations » dans un lieu « emblématique de Bordeaux ». Joint ce dimanche par 20 Minutes, il explique que « c’est le flou total, les portes sont ouvertes, il y a des chiens dans la salle, des gens qui fument au paradis… J’espère que l’occupation va bientôt s’achever, et qu’elle se déroulera sans dégradation, mais Pierre Hurmic joue aux dés avec le Grand Théâtre en le laissant ouvert de la sorte. Tout cela est irresponsable, il faut le fermer pour le protéger et permettre aux artistes de revenir travailler. » L'élu d'opposition précise en revanche qu'il est en faveur de la réouverture des lieux culturels, fermés depuis le mois de novembre à cause de la crise du Covid-19.

Une vingtaine de personnes dans le hall d'entrée

Ce dimanche, aucune dégradation ne semble avoir été commise au cours du week-end. Il ne restait plus que vingt à trente personnes, installées en début d'après-midi dans le hall d’entrée, surtout soucieuses d'organiser des rendez-vous durant les prochains jours. Sur un tableau, il est écrit de « respecter les lieux. » Dans un des salons du Grand Théâtre, plusieurs matelas ont été posés à même le sol, et quelques affiches et banderoles ont été accrochées sur les statues. La situation semblait apaisée.

Contacté ce dimanche, l’adjoint au maire en charge de la culture, Dimitri Boutleux, a fait savoir qu'il ne souhaitait pas nous répondre.