SANTEL’appli Sauv Life lancée en Gironde

Gironde : L'application Sauv Life lancée pour permettre à chacun d'intervenir en cas d'arrêt cardiaque

SANTEL'’application Sauv Life, qui permet à des citoyens-sauveteurs d’intervenir plus rapidement sur les cas d’arrêt cardiaque, est officiellement lancée ces jours-ci en Gironde
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • En France, on compte 50.000 morts par an d’arrêt cardiaque.
  • Sachant que les dix premières minutes sont cruciales quant aux chances de survie, l’idée de cette appli est de mettre le citoyen au cœur de la chaîne de secours.
  • Le Samu, en particulier le centre de régulation, accompagne toutefois le citoyen dans la prise en charge.

Une application citoyenne, que l'on peut tous télécharger sur son smartphone pour devenir sauveteur d'urgence. Créée il y a trois ans par un médecin urgentiste parisien, Lionel Lamhaut, l'application Sauv Life a été officiellement lancée en Gironde mercredi. Elle permet à chaque Girondin qui la possède, d'intervenir si une personne est victime d'un arrêt cardiaque à proximité.

Le Samu 33, et notamment le centre de régulation installée au CHU de Bordeaux en est le partenaire naturel. Les appels d'urgence sont toujours traités par le 15, et c'est le Samu qui alerte les citoyens-sauveteurs à proximité de la victime, voire les accompagne dans les démarches à effectuer pour prodiguer les premiers soins, dans l'attente de l'arrivée des secours.

De gauche à droite, le Pr Xavier Combes, le médein urgentiste Lionel Lamhaut, le directeur du CHU Yann Bubien, et la responsable du centre d eréulation, le Dr Catherine Pradeau
De gauche à droite, le Pr Xavier Combes, le médein urgentiste Lionel Lamhaut, le directeur du CHU Yann Bubien, et la responsable du centre d eréulation, le Dr Catherine Pradeau - Mickaël Bosredon/20 Minutes

Les équipes du Samu du CHU de Bordeaux, et notamment les assistants de régulation, vont tous être formés à l’utilisation de cette application.

« Il n’y aura jamais plus proche que son voisin ou son collègue de travail »

En Gironde, les secours, qu’il s’agisse des pompiers ou du Samu, interviennent en moyenne en dix à treize minutes. « C’est à peu près identique à la moyenne nationale », analyse Lionel Lamhaut, qui estime que l’on ne peut pas faire beaucoup mieux. Sachant que les dix premières minutes sont cruciales quant aux chances de survie, l’idée est de mettre le citoyen au cœur de la chaîne de secours. « Sans le citoyen-sauveteur on ne pourra pas sauver de vies, assure le médecin-urgentiste, car on ne peut pas mettre un pompier derrière chacun d’entre nous, et quand une personne fait un arrêt cardiaque il n’y aura jamais plus proche que son voisin ou son collègue de travail. »

Le déclenchement de l’application se fait par le Samu. « Quand le Samu reçoit une alerte via le 15, et détecte l’arrêt cardiaque par l’assistant de régulation, tous ceux qui ont l’application dans un rayon de dix minutes à pied reçoivent une notification, poursuit Lionel Lamhaut. Si vous êtes disponible, vous cliquez, à ce moment le GPS vous guide vers la personne en détresse. En parallèle, le Samu vous suit sur une carte en temps réel et vous accompagne pour réaliser les gestes qui sauvent. C’est pourquoi il ne faut pas de prérequis particulier pour s’inscrire sur l’application, même si c’est toujours mieux d’être formé aux gestes qui sauvent, évidemment. »

Une minute sans massage cardiaque « équivaut à 10 % de chance de survie en moins »

En France, on compte 50.000 morts par an d’arrêt cardiaque, et un pronostic vital de seulement 5 % à 10 % quand l’événement survient. « On peut faire beaucoup mieux puisque les pays nordiques arrivent à plus de 20 % de survivants », estime Lionel Lamhaut, qui rappelle « qu’une minute sans massage cardiaque équivaut à 10 % de chance de survie en moins. »


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Quelque 490.000 personnes en France sont inscrites sur l’application Sauv Life, dont déjà 7.000 en Gironde. « Nous sommes confiants sur le fait que cela aura un effet rapide sur la survie, ce qui est déjà le cas dans d’autres départements », assure Lionel Lamhaut, qui a parallèlement lancé une étude, Dispatch, dont le CHU de Bordeaux est aussi partenaire, pour précisément évaluer les effets de l’application. En Gironde, « on espère sauver 40 à 50 patients de plus chaque année grâce à Sauv Life », juge le Dr Catherine Pradeau, responsable médical du centre de réception et de régulation des appels (CRRA) du Samu 33.

La peur de mal faire

Le problème, est que « les gens ont souvent peur de mal faire, mais on ne peut pas mal faire sur quelqu’un qui est en arrêt cardiaque, il va mourir autrement, martèle le créateur de l’application. Le geste consiste à appuyer très fort au milieu de la poitrine, c’est très simple et ça sauve des vies. »

Cioyen-sauveteur de Sauv Life, Mokhtaria Barkaoui a déjà été alertée, il y a un an environ, en Vendée. « J’ai reçu l’alerte sur mon téléphone et j’ai foncé sur le lieu de l’incident, où je suis arrivée cinq minutes avant le Samu, raconte-t-elle. J’ai pratiqué un massage cardiaque et le Samu a continué la procédure de réanimation. On se dit qu’au moins, tout a été essayé pour tenter de sauver la personne. » Et le Samu accompagne toujours la personne alertée. « Une cartographie s’affiche devant nous avec les personnes qui ont l’application et qui se trouvent à proximité, et on voit immédiatement si elles sont formées ou non, explique Chloé Delmas, assistante de régulation médicale (ARM). Si elles ne le sont pas, on a la possibilité de les appeler pour expliquer le massage cardiaque. »

Le Samu reçoit 573.000 appels par an

L’arrêt cardiaque brutal est une pathologie assez fréquente. « Les Smur sont déclenchés entre 600 et 700 fois par an sur l’agglomération de Bordeaux pour des arrêts cardiaques, chiffre que l’on peut multiplier par deux sur le département de la Gironde », annonce le Pr Xavier Combes, responsable du Samu de Bordeaux. Toutefois, les équipes de régulation ne s’occupent pas que de cela, puisque comme le rappelle le directeur du CHU de Bordeaux Yann Bubien, « le Samu reçoit 573.000 appels par an à Bordeaux et nous opérons 9.800 interventions terrestres via notre Smur. »

C’est pourquoi Sauv Life va également servir à poursuivre la formation des assistants de régulation. « Un arrêt cardiaque, ce n’est pas seulement quelqu’un qui tombe, cela peut aussi être quelqu’un qui respire de façon agonique, explique le Dr Catherine Pradeau, et il faut que tous nos assistants de régulation puissent l’identifier dès les premières secondes et ainsi déclencher les équipes Smur. »