MOBILITESSur Bordeaux, 22 % des «navetteurs» se déplacent autrement depuis la crise

Coronavirus à Bordeaux Métropole : 22 % des « navetteurs » ont changé leur mode de transport pendant l’épidémie

MOBILITESLa métropole de Bordeaux a commandé un sondage d’opinion Ifop sur les habitudes de mobilités des habitants, avant et après la crise sanitaire du Covid 19
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Une étude d’opinion Ifop sur les habitudes prises par les habitants de Bordeaux Métropole lors de la crise sanitaire a été présentée ce mardi.
  • 22 % des navetteurs, qui font des trajets quotidiens, ont modifié leurs habitudes en lien avec le Covid-19.
  • Parmi eux, la moitié souhaite pérenniser ses nouvelles habitudes. Une occasion de favoriser les modes de déplacements doux pour la métropole bordelaise.

Un mal pour un bien ? L’épidémie de Covid-19 et les restrictions prises pour la maîtriser ont changé les habitudes de déplacements des Français. Certains se sont tournés vers des mobilités propres que les politiques publiques veulent encourager. Afin de mieux cerner ces nouveaux comportements, la métropole de Bordeaux a commandé une étude d’opinion à l’Ifop intitulée « la mobilité des habitants de Bordeaux métropole à l’heure du Covid-19 » (lire encadré), dont les grandes lignes ont été restituées ce mardi.

Sans surprise, dans la troisième ville la plus embouteillée de France, l’usage de la voiture a reculé depuis la crise du Covid. C’était le mode de déplacement habituel pour 57 % des habitants selon la dernière enquête remontant à octobre 2018 et c’est celui de 50 % d’entre eux, en février 2021. Le vélo et la marche ont augmenté de 2 % chacun. La Métropole voudrait profiter de cet élan pour pérenniser de « bonnes habitudes », liées à l’usage de transports doux. « Si on baisse de 10 % le trafic automobile sur l’agglomération, on améliore de 50 % la qualité du trafic », souligne le président de la métropole Alain Anziani (PS), pour montrer l’importance de l’enjeu.

10 % de navetteurs prêts à changer durablement

Selon l’étude de l’Ifop, la crise sanitaire a provoqué un changement de pratique pour 22 % des navetteurs (usagers qui se déplacent quotidiennement). « Et la moitié d’entre eux (48 %) seraient prêts à pérenniser ce changement d’habitude, notamment ceux qui ont choisi les transports en commun et la marche à pied », souligne François Kraus, directeur du pôle Politique et Actualités à l’Ifop. Ainsi, on peut estimer que la pandémie aura un effet durable sur environ 10 % des navetteurs, un chiffre non négligeable quand on connaît la difficulté de changer à l’échelle collective des comportements bien ancrés.

Les actifs et étudiants se déplaçant quotidiennement (ou navetteurs, qui représentent 57 % de l’échantillon) sont 64 % à vouloir changer pour les mobilités douces et 28 % pour les transports en commun. On constate aussi qu’un tiers pourrait aussi changer pour des véhicules motorisés, laissant voir que la voiture est encore un mode de déplacement nettement privilégié.

Comment les convaincre de passer au vélo ou au tram ?

Il ressort que c’est souvent les utilisateurs de transports en commun qui basculent vers le vélo. Et pour les aider à franchir le pas, l’enquête montre qu’il faut aménager davantage de pistes et les sécuriser. Les hommes sont surreprésentés parmi les cyclistes bordelais et l'ifop explique ce phénomène par une crainte d' agressions verbales et physiques des femmes, lors de déplacements en deux roues.

Les navetteurs qui utilisent la voiture et qui pourraient basculer sur les transports en commun demandent plus de sûreté dans les rames, des délais d’attente plus courts (ils ont été réduits en raison du couvre-feu) et de meilleures interconnexions.

Si le réseau de tram bordelais est un des plus dynamiques de France et que la part du vélo progresse, la voiture reste incontournable pour beaucoup d’habitants de la Métropole. Près d’un sur deux (45 %) utilise quotidiennement au moins un véhicule motorisé sur la métropole, avec de fortes disparités entre les habitants de Bordeaux et ceux des communes les plus excentrées.

La crise sanitaire a pu être un déclencheur de nouvelles mobilités vertueuses et la Métropole ne veut pas louper l’occasion de les encourager pour préparer le « monde d’après ».

Méthodologie

Un sondage d'opinion sur « la mobilité des habitants de Bordeaux métropole à l'heure du Covid-19 » a été mené par l'Ifop du 9 au 15 février, sur un échantillon représentatif de 1.500 personnes vivant sur les 28 communes de l'agglomération.