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Comment la métropole bordelaise veut prévenir les inondations

Bordeaux : « Il faut vivre avec ce risque inondation », estime la maire d’une commune en première ligne

INTEMPERIESLa nouvelle majorité de la métropole de Bordeaux place la non-artificialisation des sols au centre de sa politique de prévention des inondations
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Le plan de prévention du risque inondation (PPRI) de Bordeaux Métropole vient d’être voté mais il est déjà obsolète et un nouveau est en préparation.
  • La nouvelle majorité veut centrer son action sur la non-artificialisation des sols.
  • Elle met en avant la gestion du risque mise en place sur la commune de Saint-Louis-de Montferrand, qui a renoncé à construire et aménage des zones de biodiversité.

«En 1999, 75 % du village a été inondé et après la tempête Xynthia, quinze maisons ont été démolies, rappelle Josiane Zambon, maire de Saint-Louis-de-Montferrand, l’une des communes les plus exposées au risque inondation sur la métropole bordelaise. A la place des anciennes habitations, on a aménagé des parcelles de vergers partagés, des jeux pour enfants (avec du mobilier adapté au risque) et ce sont devenus des lieux de vie pour l’été ».

Si la tempête Justine n’a provoqué que de débordements limités cette fois-ci, la commune s’est résolue à vivre avec le risque inondation. Cette prise de conscience est mise en avant par la nouvelle majorité de la métropole qui estime que son plan de prévention du risque inondation (PPRI) est déjà obsolète, même s’il vient d’être voté, et qu’un nouveau doit être mis sur pied de toute urgence.

Limiter les constructions et les parkings…

« On était sur des chiffres et des préconisations qui datent de 1999 alors qu’on sait bien aujourd’hui qu’avec le dérèglement climatique, les crues sont de plus en plus importantes », argumente Sylvie Cassou-Schotte, vice-présidente de la métropole en charge de l’eau et de l’assainissement. Elle estime que sur certaines zones où le risque inondable est très fort il faut se résoudre à ne pas construire.

Et en règle générale, le leitmotiv de la nouvelle majorité est de lutter contre l’artificialisation des sols. Sur la rive droite bordelaise de nombreux projets (Belvédère, Brazza, Bastide-Niel), lancés par la précédente majorité, sont pourtant en train de sortir de terre. « Des coups partis », commente la vice-présidente. Elle estime qu’il est possible de repenser certains programmes en intégrant le risque inondation et souligne que déjà, le dernier PPRI préconisait des réserves sur les parkings souterrains. « Euratlantique n’a peut-être pas pris encore assez ce risque en compte », commente-t-elle. La métropole prévoit d’entretenir les 80 kilomètres de digues de son territoire et peut être un jour de les rehausser, mais ce n’est pas encore d’actualité.

A Saint-Louis-de-Montferrand, où vivent environ 2.000 habitants, la maire a bien conscience que le développement immobilier n’est plus à l’ordre du jour. « On a encore deux à trois petits terrains mais c’est tout, on ne peut pas augmenter le risque, on aura très peu de possibilités de construire », pointe l’élue. Si ces mesures passent bien auprès des plus anciens, habitués aux inondations, c’est une autre paire de manches avec les nouveaux habitants qui s’installent. « Parmi les nouveaux habitants, il faut leur redire parce que bien sûr ils veulent construire un garage ou bétonner un clapet, raconte Josiane Zambo. Il faut leur rappeler que la Garonne est là et qu’il ne faut pas l’oublier. »

Une école refuge souhaitée

Un groupe scolaire a été construit en bord de Garonne sur sa commune et elle voudrait le transférer plus en arrière, sur un terrain moins exposé au risque inondation. Mais une partie de la parcelle est classée zone naturelle et il faudrait que la préfecture la transforme en zone urbanisable pour que l’école puisse y être construite.

« On veut y faire une école refuge. C’est une demande très pressante qu’on fait à l’Etat, pour protéger nos enfants », souligne la maire de Saint-Louis-de-Montferrand. L’école en plus des locaux classiques, disposerait d’un petit héliport et d’un endroit abrité, pour que les enfants et le personnel de l’école y passent une nuit ou deux, en cas de fort épisode d’inondation. « Ce n’est pas comme en Charente, ici ce sont des épisodes de courte durée, le temps que la marée redescende », précise l’élue. Il existe déjà une école refuge à Saint-Vincent-de-Paul. « Il faut vivre avec ce risque, on sait qu’un jour, la Garonne débordera encore », estime, philosophe, la maire de Saint-Louis-de-Monterrand.