L'essentiel
- Le maire de Libourne espère pouvoir accélérer la cadence de vaccination dès la fin de cette semaine.
- A la mi-février, Philippe Buisson souhaite déployer des bus pour aller vacciner les plus de 75 ans dans les villages reculés de l’agglomération.
- L’élu anticipe également la sortie de crise, et exhorte les entreprises qui se sentent en difficulté à se faire connaître auprès du tribunal de commerce dès maintenant.
Maire PS de Libourne et président de la communauté d’agglomération, Philippe Buisson fait le point pour 20 Minutes sur la stratégie de vaccination mise en place sur son territoire, avec notamment des bus pour vacciner les habitants des villages les plus reculés, comme dans la communauté urbaine de Reims. S’il craint les retombées de la crise sanitaire sur l’économie, le socialiste estime aussi que l’attractivité du Libournais en sortira renforcée
Où en est le rythme de vaccination à Libourne ?
Grâce à l’ARS, nous avons ouvert un centre de vaccination dans un gymnase – en complément du centre de vaccination interne à l’hôpital – qui prend 100 rendez-vous par jour, soit 600 par semaine. Les perspectives devraient nous permettre, dès la fin de cette semaine, d’augmenter cette cadence. Donc, même si les rendez-vous sont pleins depuis plusieurs jours, une décongestion semble pouvoir s’amorcer dans les semaines qui viennent. Je souhaite que la Cali soit au rendez-vous, notamment pour accompagner l’arrivée du vaccin d'AstraZeneca qui pourra être injecté de manière plus simple que le Pfizer, et qui surtout devrait pouvoir se transporter facilement. C’est pourquoi je me mets dans la perspective d’armer, pour la mi-février, des bus qui s’appelleront des Vacci’CaliBus, et qui circuleront dans les villages les plus reculés des centres de vaccination. Ils pourront ainsi, sur la place du village, vacciner les personnes de plus de 75 ans.
Ces bus ne pourront donc vacciner qu’avec le vaccin AstraZeneca ?
Oui. Le Pfizer et le Moderna, non seulement doivent être maintenus au froid, mais en plus sont très sensibles au mouvement. Nous allons ainsi pouvoir aller vacciner les personnes dépendantes à domicile. J’ai d’ores et déjà demandé aux maires de mon agglomération, de lister les personnes volontaires. Il s’agit de réactiver un dispositif que l’on connaît bien, celui du plan canicule. La Cali, c’est 90.000 habitants, et 9.500 habitants de plus de 75 ans. Le challenge que je me fixe est de vacciner une grande partie de ce public prioritaire en février.
Notre dossier sur la vaccination
Matériellement, comment le dispositif se présente-t-il ?
C’est une collaboration avec l’hôpital qui fournit le matériel médical et Transdev prendra en charge le ou les deux bus.
C’est là que les élus locaux ont un rôle à jouer, d’ailleurs ?
Absolument. Dans cette lutte contre le Covid, je considère que l’Etat n’a pas appris de ses erreurs. Il y a eu la problématique des masques, puis celle des centres de dépistage, et à nouveau on a senti l’Etat et les ARS pas forcément volontaires pour associer immédiatement les élus. Or, une bataille se gagne avec un pilotage d’Etat, mais aussi avec des troupes. Et les élus doivent être ces troupes. Maintenant, les choses sont amorcées et je préfère regarder devant moi, et en tout cas à Libourne on a réussi à montrer que la vaccination peut s’organiser depuis les territoires hors métropolitain. Et même s’il reste encore la contrainte du manque de vaccin, on voit que le bout du tunnel se rapproche.
Sur la perspective d’un reconfinement, quelle conséquence cela pourrait-il avoir sur un territoire comme Libourne ?
Le confinement semble inéluctable, et je crois qu’il est important de tout faire pour conserver les écoles ouvertes, donc d’essayer au mieux de calquer le confinement sur les vacances de février. Pour le reste, nous sommes au rendez-vous du challenge économique pour sauvegarder l’activité grâce à des perfusions d’argent public, en revanche j’ai une préoccupation pour la suite. La période critique ne sera pas forcément celle du confinement, mais celle de sortie de crise, quand les robinets commenceront à se fermer. Et je m'inquiète de voir que le tribunal de commerce de Libourne a très peu d’activité aujourd’hui. Ce n’est pas normal. Les entreprises qui pensent être en difficulté au moment de la sortie de crise, doivent se faire connaître maintenant.
Dans ce marasme ambiant, il y a ce projet de plus grand pôle oenotouristique d’Europe, dans les anciennes casernes de l’Esog de Libourne, présenté il y a quelques jours par l’homme d’affaires Michel Ohayon. Le projet n’est-il pas trop grand pour Libourne, d’ailleurs ?
Le territoire du Libournais fait envie aux investisseurs, et que Michel Ohayon s’intéresse au Libournais, c’est une bonne nouvelle. Il est clair que cette crise sanitaire apparaît comme un accélérateur pour les territoires périphériques aux métropoles, et Libourne est idéalement situé, notamment pour dimensionner un pôle oenotouristique européen, au cœur des vignobles les plus prestigieux de Saint-Emilion, Pomerol, Fronsac. On parle d’un investissement de plusieurs centaines de millions d’euros, et de la création de près d’un millier d’emplois, pour fin 2025-début 2026.
Vous sentez déjà une plus forte attractivité de Libourne ?
Oui clairement. Les commerces libournais le ressentent, avec des Bordelais, des métropolitains, qui viennent faire leurs courses à Libourne considérant que c’est à taille humaine, et que la rue Gambetta est plus « secure » que la rue Saint-Catherine. Les Galeries Lafayette de Libourne ont connu en 2020 l’augmentation de chiffre d'affaires la plus importante de toutes les Galeries Lafayette de France...