Bordeaux : Plus de logements, moins de parkings, Pierre Hurmic livre sa version de la Rue Bordelaise
URBANISME•Le maire de Bordeaux est opposé au projet de Rue Bordelaise tel qu’il a été pensé par ses prédécesseurs. Devant l’impossibilité de l’annuler complètement, il a présenté ce mercredi les amendements qu’il a réussi à obtenirElsa Provenzano
L'essentiel
- Le projet de Rue Bordelaise, qui consiste en la création d 'une artère commerçante proche de la gare, a été amendé par le maire de Bordeaux après négociation avec l’opérateur.
- Le programme mixte comprendra davantage de logements et moins de places de stationnement mais le volet commercial, le plus controversé, n'est pas tranché.
- Un comité des enseignes associant les collectivités sera consulté pour déterminer le type de commerces attendu, sachant que le promoteur aura le dernier mot sur ce point.
Pas de modification majeure dans le projet de Rue Bordelaise, mais des amendements négociés avec le promoteur « dans les limites des marges de manœuvres contractuelles que nous avions », a précisé ce mercredi Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, qui estime que le projet, appelé provisoirement Rue Saget, prend « une nouvelle trajectoire ». Pierre Hurmic (EELV) n’a pas caché, dès sa campagne, son opposition au projet de Rue Bordelaise, qui prévoit la création, près de la gare Saint-Jean, d’une grosse artère commerçante pour un montant de 500 millions d’euros. L’annulation pure et simple du projet, situé sur le périmètre de l'opération d'intérêt national Euratlantique, aurait coûté 100 millions d’euros et a été écartée. Préférant profiter d’une « fenêtre de tir », le maire écologiste a négocié avec l’opérateur Apsys et l’établissement public d’aménagement Euratlantique plusieurs amendements.
Quelques évolutions
Le parc Descas de deux hectares prévu dans le projet initial de Rue Bordelaise sera livré plus tôt, en 2024-2025 au lieu de 2027-2028, date de livraison du projet urbanistique dans sa totalité, sur une artère de 20 mètres de large et 600 mètres de long, entre les quais et la gare. Des surfaces dévolues à l’hôtellerie sont transférées vers du logement, on passe de 4000 m² à 6200 m², dont 35 % de logements sociaux.
Sur les 30.000 m2 de surfaces commerciales de ce projet à dominante marchande, 1 000 à 2 000 m² seront remplacés par des locaux dédiés à l’économie sociale et solidaire (E.S.S), avec un choix d’attribution des locaux par les collectivités. Une maison des associations et 1200m2 de fermes et jardins associatifs seront aussi installés. Le nombre de places de stationnement passe de 1.000 à 500 mais l’autorité environnementale avait déjà alerté l’opérateur sur un excès de places de parking dans le projet.
Des incertitudes sur l’aspect commercial
C’est pourtant le volet le plus critiqué du projet, qualifié par ses détracteurs de centre commercial à ciel ouvert mais on ne sait pas encore quelle sera la typologie des enseignes de cette nouvelle artère. « Qui est capable de dire ce que sera le commerce en 2027 ou 2028 ? », a lancé le maire de Bordeaux, après avoir consulté des experts qui peinent à se prononcer dans un contexte de crise sanitaire qui brouille les cartes.
Un comité des enseignes (réunissant les collectivités, la CCI, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat) doit permettre d’adapter la programmation commerciale du projet. Il pourra s’adjoindre les conseils d’un comité d’expertise. Apsys s’est engagé de son côté à produire des études d’impact sur le tissu commercial existant. « Le promoteur pourra difficilement s’opposer à l’avis du comité des enseignes, estime le maire mais il n’est pas contraint légalement et in fine la décision lui appartiendra ».
Le projet n’est pas retardé par ces amendements dont le surcoût est entièrement supporté par l’opérateur privé Apsys. Sur les 500 millions d’euros investis sur le projet, 450 millions d’euros sont investis par Apsys et 50 millions par Euratlantique.