La villa Shamengo, présentée comme un démonstrateur d’innovations écologiques, ne devrait pas voir le jour sur les allées Serr de la rive droite bordelaise. Dans son jugement du 29 octobre, le tribunal administratif de Bordeaux a donné raison à l’association pour la conservation et la promotion des espaces libres de la Bastide (Acpel) qui avait déposé un référé contre le permis de construire, délivré par l’ancienne majorité le 16 mai 2019. La structure associative met en cause la légitimité d’un projet privé sur une emprise publique, normalement inconstructible.

Le tribunal a motivé sa décision en expliquant qu' « il ne ressort pas des pièces du dossier que le projet autorisé, eu égard à sa nature, réponde à une nécessité caractérisée, tenant notamment à des motifs d’ordre économique, social, culturel ou d’aménagement. » La justice a considéré qu’il y avait « des dérogations trop importantes aux règles du PLU », commente Noël Eyrignoux, président d’Acpel.

Un nouveau site identifié

Les travaux d’installation de la construction à vocation éphémère avaient été suspendus en janvier 2020 après un recours déposé par la même association de riverains. Le projet, porté par l’entrepreneuse sociale Catherine Berthillier, devait commencer en octobre 2020. « L’urgence climatique n’a pas été retenue par le tribunal et c’est dommage, réagit-elle. J’ai le sentiment qu’on a été pris en otage entre la municipalité et l’association de riverains ».

Elle espère que son expérimentation pourra voir le jour dans les meilleurs délais sur un nouveau site privé bordelais, pour lequel elle attend un feu vert de la métropole et du port. L’association créée en réaction au projet Shamengo compte continuer à s’investir à la Bastide. « Nous voulons favoriser le développement harmonieux d’un quartier dont le nombre d’habitants va doubler d’ici dix ans, en respectant l’esprit du quartier et les petits commerces », conclut Noël Eyrignoux, expliquant que l’association veut enrichir le projet qu’elle a proposé pour l’allée Serr, et qui a été lauréat, auprès d’une quarantaine d’autres, dans le cadre du budget participatif de la ville.