EPIDEMIEDes tests de dépistage rapide du Covid-19 expérimentés à Bordeaux

Coronavirus à Bordeaux : Avec ces nouveaux tests, « en 20 minutes on sait où peut aller le patient », apprécie la cheffe des urgences

EPIDEMIEDepuis le 12 octobre, les urgences de l’hôpital Saint-André expérimentent de nouveaux tests Covid-19 qui donnent un résultat en 15 à 20 minutes seulement. Leur fiabilité reste à confirmer et ils sont pour l’instant doublés à chaque fois d’un test PCR classique
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Depuis le 12 octobre, les urgences de l’hôpital Saint-André expérimentent des tests de dépistage rapide du Covid-19. Le résultat est disponible en seulement 15 à 20 minutes.
  • La fiabilité de ces tests Trod, pour test rapide d’orientation diagnostic, n’est pas encore confirmée et les tests classiques PCR continueront d’être pratiqués en parallèle.
  • Les nouveaux tests vont néanmoins permettre de gagner du temps dans l’orientation des patients, soit en zone Covid dédiée, soit en unité classique d’hospitalisation.

«Suspi Covid » ou « Covid positif » peut-on lire sur les portes des neuf box de la zone « Covid » aménagée aux Urgences de Saint-André à Bordeaux. Depuis lundi 12 octobre, cet hôpital (un des sites du CHU de Bordeaux) expérimente les tests de dépistage rapide du Covid-19 appelés Trod, pour test rapide d’orientation diagnostic.

Ils sont pratiqués sur certains patients symptomatiques, fragiles ou devant subir un geste chirurgical présentant un risque de contamination (endoscopie, intubation etc.). Ils doivent permettre aux hôpitaux de gagner du temps dans le dépistage des malades arrivant aux urgences mais sont pour l’instant systématiquement couplés avec un test PCR, dans l’attente de connaître leur efficacité réelle. « Quelqu’un qui a des symptômes mais qui n’a pas de critère de gravité et peut aller voir son médecin généraliste, on ne le testera pas », clarifie Isabelle Faure, responsable des urgences de Saint-André.

Une lecture facile, comme sur un test de grossesse

Margaux Bazin, infirmière dans le service, fait la démonstration du test : « il faut tourner cinq fois l’écouvillon dans la narine, alors qu’avec le test PCR c’est plus long, de l’ordre de 15 secondes », explique la jeune femme. Cinq gouttes sont ensuite versées dans un réactif et le résultat est disponible en seulement 15 à 20 minutes. Et, comme pour un test de grossesse, deux barres s’affichent s’il est positif. Depuis lundi dernier, 70 tests Trod ont été réalisés dont huit Trod positifs et 13 PCR positifs, soit cinq faux négatifs. « Normalement, il faut pratiquer le test sur des patients dans les quatre premiers jours d’infection, plus on attend moins on a une sensibilité, précise Isabelle Faure. Après, le virus disparaît pour laisser la place à l’inflammation. »

Ce mardi, le service est assez calme puisque le taux d’incidence en Gironde a bien baissé depuis la mi-septembre. « On est dans une phase de stabilité fragile, on n’est pas en décroissance », tempère Patrick Dehail conseiller médical du directeur général de l’agence régionale de santé (ARS). On était à un taux d’incidence de 105 pour 100.000 la semaine dernière en Gironde, contre 96/98 pour 100.000 les semaines précédentes.

« C’est stable en termes de passages », confirme Magalie Ousset, cadre de santé à Saint André. Elle explique qu’en plus des deux infirmiers et deux aides-soignants qui travaillent en binôme sur ce secteur, un troisième infirmier est prévu en renfort s’il y a besoin d’apporter du matériel dans les box, afin d’éviter que les soignants n’aient à se rhabiller après en être sortis.

Mieux orienter les patients

« Le but de l’expérimentation est de fluidifier le parcours de soins du patient, pointe Isabelle Faure. Avant, il fallait attendre le résultat de la PCR (un délai qui pouvait aller jusqu’à 48 heures) avant de pouvoir dire si le patient allait dans le secteur Covid ou dans une unité standard d’hospitalisation. Avec ce nouveau test, en 20 minutes on sait où on peut diriger le patient ce qui nous facilite largement la tâche. »

Si le test est positif, le patient reste dans son box où il se trouve déjà isolé. « Si le test est négatif, on est un peu rassurés mais pas complètement. On verra jusqu’à quel niveau on peut faire confiance au test », affirme Isabelle Faure. Que le test Trod soit négatif ou positif, le patient aura aussi son test PCR. Les deux prélèvements (un dans chaque narine) sont pratiqués au même moment par le même opérateur.

Lundi prochain, l’expérimentation sera étendue aux urgences (adultes et pédiatriques) de Pellegrin, annonce Patrick Dehail. Et dès ce mercredi, des sujets asymptomatiques et hors clusters pourront être testés, par le biais du Trod, sous un barnum installé à l’Aréna. Et, si le résultat est positif, ils auront dans la foulée un test PCR. Une opération de dépistage des étudiants est aussi organisée sur le campus pendant les vacances de la Toussaint.