INTERVIEWA Bordeaux, la municipalité va devoir « défaire avant de planter »

Bordeaux : Pour végétaliser, « il va falloir passer beaucoup de temps à défaire avant de planter » annonce la nouvelle majorité municipale

INTERVIEWLa stratégie de la nouvelle majorité écolo à Bordeaux, en matière de végétalisation, commence à prendre forme, nous expliquent l’adjoint à l’urbanisme Bernard-Louis Blanc et celui à la nature en ville, Didier Jeanjean
Mickaël Bosredon

Propos recueillis par Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • «On ne peut plus séparer la question de l’urbanisme et celle de la végétalisation » annoncent les deux élus qui vont donc travailler de concert.
  • Leur plan consistera à repérer et renforcer toutes les trames vertes existantes, pour ainsi dessiner une armature.
  • Mais il y aura aussi un travail chirurgical à réaliser en cœur de ville pour végétaliser des rues, des places ou des parkings.

Un million d’arbres sur la métropole. C’est l’ambitieux programme présenté il y a quelques semaines par Alain Anziani. 20 Minutes a rencontré les adjoints au maire de Bordeaux en charge de l’urbanisme et de la nature en ville, Bernard-Louis Blanc et Didier Jeanjean, pour faire le point sur les projets bordelais en matière de végétalisation. L’occasion de parler d’arbres, en mettant de côté la polémique sur le sapin de Noël qui a perturbé la rentrée politique de la nouvelle majorité municipale…

Didier Jeanjean (à gauche), adjoint au maire de Bordeaux en charge de la nature en ville, et Bernard-Louis Blanc, en charge de l'urbanisme
Didier Jeanjean (à gauche), adjoint au maire de Bordeaux en charge de la nature en ville, et Bernard-Louis Blanc, en charge de l'urbanisme - Mickaël Bosredon/20Minutes2

La végétalisation de la ville figurait en bonne place dans le programme de Pierre Hurmic. Trois mois après l’installation de la nouvelle majorité, est-ce qu’une stratégie est établie ?

Bernard-Louis Blanc : Dans nos délégations, nous avons gardé une séparation entre « nature » et urbanisme », mais c’est une vue de l’esprit. Dans les faits, nous avons commencé à mouliner chacun dans nos couloirs, car c’est une évidence qu’on ne peut plus séparer la question de l’urbanisme et celle de la végétalisation. Mais avant toute chose, il va falloir définir les armatures urbaines qui permettront ensuite de faire le travail plus opérationnel de revégétalisation.

Didier Jeanjean : Ma délégation de la nature en ville, n’a plus du tout les mêmes contours que celle sous la mandature précédente. La nature en ville c’est la végétalisation, mais aussi tout ce qui est voirie, mobilité. Par exemple, quand il y a un projet de BHNS (Bus à haut niveau de service), on le regarde aussi avec un œil sur la végétalisation, et ça c’est une révolution. La végétalisation devient donc un projet urbanistique. Il ne s’agit plus de dire que l’on va planter un arbre ou deux au bout de telle ou telle rue - même si ça peut se faire aussi à la marge – ni de faire du chiffre pour faire du chiffre, sinon je plante 1.000 arbres autour du lac et le tour est joué.

L’opposition de la droite et du centre vous attaque justement sur ce point, estimant que vos premières annonces ne sont pas très spectaculaires…

Bernard-Louis Blanc : Elle nous accuse de remettre des arbres en pot sur la place Tourny. On est dans la caricature. Mais nous allons montrer que notre pensée urbaine est beaucoup plus profonde que cela. Le problème est que l’on arrive sur une ville extrêmement constituée, hyper-minéralisée, et qu’il va falloir passer beaucoup de temps à défaire avant de pouvoir planter. Il va aussi falloir cartographier la ville pour repérer et renforcer toutes les trames vertes existantes et retrouver une armature. Pour beaucoup il s’agira de prolonger les trames vertes de la métropole, jusqu’au cœur de ville. Un autre exemple se situe dans la continuité des Bassins à Flot en allant vers la Jallère, où il existe une ponctuation d’espaces extrêmement végétalisés, mais qu’il va falloir réaménager pour créer de la continuité paysagère. En un an ou deux, nous aurons transformé un couloir jusque-là maigrichon, que les Bordelais ne voient même pas, pour en faire une vraie continuité sous les arbres, que l’on pourra emprunter à pied ou à vélo depuis les quais.

Didier Jeanjean : L’opposition veut des choses qui décoiffent, qui ont de la gueule, et bien ça, ça a de la gueule, mais d’un point de vue écologique : ce sera un corridor dans lequel les oiseaux, les insectes vont pouvoir se déplacer. Au passage, nous préservons aussi la zone de la Jallère, que l’opposition voulait urbaniser, je le rappelle. Mais c’est vrai qu’on ne refera pas le cours de l’Intendance.

Y’aura-t-il tout de même des endroits, dans le cœur de ville, que vous pourrez végétaliser ?

Didier Jeanjean : Oui, c’est moins structurant que notre vision globale, plus chirurgical, mais très important aussi. Et c’est un point qu’il faudra travailler avec les habitants. Nous pourrons réaménager des places, des placettes, des parkings… Partout où c’est possible, nous créerons des îlots de fraîcheur.