Bordeaux : Evacuation d’un squat, un désastre sanitaire pour Médecins du monde
SOCIAL•Ce vendredi, la préfecture de la Gironde a annoncé l’évacuation d’un squat de 150 personnes rue Lajaunie, sur la rive droite bordelaise. L’association Médecins du monde estime, elle, que 400 personnes s’y abritaientElsa Provenzano
L'essentiel
- Le squat de la rue Lajaunie a été évacué ce vendredi.
- La préfecture estime avoir déployé des moyens importants pour reloger les personnes qui ont pour beaucoup refusé les solutions proposées.
- Médecins du Monde estime que les évacuations compliquent leur accompagnement médical et sont peu prudentes alors que l’épidémie de Covid-19 sévit encore.
Ce vendredi matin, un squat de la rue Lajaunie installé de manière illégale sur une friche industrielle a été évacué par les forces de l’ordre. Il était occupé par 150 Roms, selon la préfecture, 400 selon Médecins du Monde.
La préfecture estime que ces derniers mois la police est intervenue une cinquantaine de fois suite à des signalements des riverains et des entreprises voisines pour vols, agressions, rixes et tapages. « Ce squat occasionnait des nuisances pour les riverains mais cette évacuation ne résout rien, plusieurs autres bidonvilles vont se reformer », estime Morgan Garcia, chargé de mission squats chez Médecins du Monde.
Peu de relogements
La préfecture explique que toutes les personnes qui le souhaitaient ont été hébergées soit 29 personnes. « La grande majorité des occupants du squat a souhaité repartir avec véhicules et caravanes », écrit-elle. « Certaines propositions leur ont été faites loin de la commune où leurs enfants sont scolarisés et où, parfois, ils ont un petit boulot, explique Morgan Garcia. Ils n’ont pas beaucoup de biens mais ils ne peuvent pas les emmener à l’hôtel et on parle de solutions transitoires, pour quelques jours seulement ».
Plusieurs diagnostics sociaux avaient été effectués entre 2019 et 2020 afin d’accompagner les familles présentant de bonnes perspectives d’intégration, selon la préfecture, mais plus de la moitié des familles recensées ont refusé l’accompagnement social et économique proposé par l’État. Selon Médecins du Monde, qui était présent ce matin lors de l’évacuation, plusieurs familles n’ont reçu aucune proposition. « La mairie de Bordeaux serait en train de chercher des solutions dans des hôtels, pour les personnes évacuées », précise Morgan Garcia.
Pour lui, les évacuations menées depuis 25 ans que les squats réapparaissent en France, montrent leur inefficacité. Elles ont un coût et conduisent à l'éparpillement des personnes évacuées dans de nouveaux campements.
Le suivi social et médical de ses personnes est compromis après une telle évacuation. « Il y a une rupture de soins, on le sait et parmi elles, il y avait peut-être des personnes porteuses du Covid-19, susceptibles de disséminer le virus dans l’agglomération », pointe Morgan Garcia. Si les conditions de vie étaient désastreuses dans le squat, il y avait au moins un accès à l’eau. Dans les jours qui viennent, Médecins du Monde va tenter de reprendre contact avec les personnes évacuées.