Coronavirus à Bordeaux : « Légèreté », « manque d’anticipation, de réactivité », l’opposition attaque le maire sur sa gestion de la crise sanitaire
POLITIQUE•Ce mardi, l’ancienne majorité municipale a enchaîné les attaques sur la gestion de la crise sanitaire par le nouveau maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, ne le jugeant pas à la hauteur des enjeuxL'essentiel
- Le conseil municipal s’est tenu ce mardi à Bordeaux a été l’occasion de dresser un état des lieux de la crise sanitaire.
- L’opposition a jugé sévèrement la gestion de crise du maire, pointant de nombreuses insuffisances.
- Pierre Hurmic (EELV) a défendu sa liberté de critiquer l’Etat quand il prend des décisions concernant l’épidémie sans consulter les élus locaux.
Elle en est sûre, elle aurait mieux fait face à la situation d’urgence sanitaire actuelle. A écouter l’ex-majorité, le nouveau maire de Bordeaux et son équipe ne sont pas à la hauteur de la gravité de l’épidémie de Covid-19. Les nouveaux opposants ont enchaîné les prises de parole dès l’ouverture du conseil ce mardi, faisant un véritable « procès » à Pierre Hurmic, selon le mot de Mathieu Hazouard, adjoint de la majorité chargé des sports, et des relations avec les associations et les clubs sportifs.
Des efforts dans la rue, dans les transports
La situation sanitaire est tendue à Bordeaux, ville dans laquelle le taux d’incidence est de 244,9 cas pour 100.000 habitants. « C’est particulièrement inquiétant car le seuil de 250 déclencherait les mesures plus contraignantes qui ont déjà été prises à Aix et Marseille », a averti le maire de Bordeaux dans sa présentation des dernières données, précisant que 31 patients ont été admis en réanimation, un chiffre qu’il a qualifié de « préoccupant ».
Il a rappelé que deux équipes de la police municipales sont chargées d’inciter au port du masque mais aussi de verbaliser si nécessaire. Ainsi 51 procès-verbaux ont été dressés pour défaut du port du masque depuis le début de l’entrée en vigueur de la mesure. Un binôme de médiateurs va être déployé début octobre et un groupe de service civique mi-novembre pour renforcer la sensibilisation des Bordelais aux gestes de protection contre le virus.
Le maire a aussi souligné les efforts pour désengorger les transports avec une rame supplémentaire sur la ligne A du tramway, et des renforts sur les lignes de bus les plus chargées. Le conseil scientifique qui doit être lancé est en cours de constitution. « On a décidé de lui donner une ambition plus forte », a expliqué le maire. Un plan d’aides aux acteurs économiques est aussi en cours d’élaboration.
Attaqué pour avoir critiqué l’Etat
Le conseiller d’opposition Thomas Cazenave (LREM) a regretté que Pierre Hurmic parle de la « brutalité » des mesures anti-Covid. « La brutalité elle est du côté du virus, des malades, a estimé le marcheur. J’ai trouvé ça décalé et regrettable, il faut éviter à tout prix le reconfinement ». Le maire a fermement campé sur sa position : « je serai toujours un maire qui se permettra de commenter les positions de l’Etat. J’ai critiqué son côté jacobin, quand il prend des mesures sans concerter les élus locaux ». Il estime que les mesures sont d’autant plus efficaces qu’elles font l’objet d’une « acceptation sociale », faisant allusion à la filière de l’hôtellerie-restauration, très remontée contre les dernières mesures.
La mine sombre, l’ancien maire Nicolas Florian (LR) a vivement pris à partie Pierre Hurmic. « Je le vis mal que vous critiquiez des actes qui n’ont pour vocation que de protéger la santé publique, cela sème le trouble alors que certains sont perdus. Et on perçoit un manque d’anticipation et de réactivité qui nous inquiète ». Il a questionné son successeur sur les propositions mises en place, fustigeant aussi un manque de concertation avec son opposition. « Le temps de parole est de cinq minutes et il vaut aussi pour les anciens maires », a sèchement répliqué Pierre Hurmic, ayant attendu la fin de son intervention.
L’ancien adjoint à la culture Fabien Robert a lui parlé de « légèreté » pour qualifier la posture du maire actuel face à la crise. « La deuxième vague est plus insidieuse que la première, on est davantage dans les sables mouvants, a surenchéri le conseiller d’opposition Guillaume Chaban Delmas. Et, si vous attendez que cela soit un tsunami, il sera trop tard »,
Le maire de Bordeaux a fait une réponse qui s’adressait en particulier à son prédécesseur : « Cessez d’être nostalgique, une majorité de Bordelais a considéré que ce que vous faisiez n’était pas satisfaisant. Nous n’avons pas de leçons à recevoir de votre part. » Les futurs conseils promettent d’être agités puisque l’opposition de droite, qui n’a pas l’air d’avoir totalement digéré sa défaite, ne fera aucun cadeau au nouvel édile.