Bordeaux : Quel avenir pour l’autopartage avec la fin du service BlueCub ?
MOBILITE•Citiz, coopérative bordelaise d’autopartage, estime que son modèle basé sur la mutualisation d’un véhicule thermique pour des trajets en dehors de la ville a de beaux jours devant luiElsa Provenzano
L'essentiel
- Le service BlueCub de Vincent Bolloré est interrompu définitivement à Bordeaux après six ans d’activité.
- La coopérative Citiz espère récupérer des usagers du service même si elle cible des trajets plus longs et en dehors de la ville.
- La métropole est en discussion avec le groupe Bolloré en ce qui concerne les emplacements et bornes de recharge.
Vous ne verrez plus de BlueCub sillonner la capitale girondine. Le modèle d’autopartage de voitures électriques porté par Vincent Bolloré n’a pas réussi à faire ses preuves sur la durée et le service est interrompu définitivement dans plusieurs villes de France, dont Bordeaux. Si cette interruption six ans après son lancement n’est « pas une surprise » pour Nicolas Guenro, dirigeant de Citiz, coopérative bordelaise d’autopartage, il pointe qu’une fermeture dans ce secteur n’est « jamais une bonne nouvelle ».
Les services Bluecub et Citiz ont des positionnements très différents : les Bluecub électriques étaient utilisées pour des trajets courts en ville tandis que les voitures Citiz sont louées pour des voyages plutôt longs, en dehors de Bordeaux.
Attirer les jeunes sensibilisés à la Bluecub
Si Citiz s’attend à récupérer quelques usagers Bluecub, son dirigeant estime aussi que beaucoup vont se tourner vers le vélo et les transports en commun pour leurs déplacements en ville.
S’il faudra un peu de temps pour mesurer les répercussions sur l’autopartage bordelais, Citiz espère un « effet rentrée » sur les inscriptions notamment des plus jeunes, cibles privilégiées des Bluecub. Citiz, dont les usagers ont plutôt plus de 35 ans, propose une réduction de 50 % sur l’abonnement pour les moins de 28 ans mais le tarif sera tout de même supérieur à celui du service Bluecub, imbattable sur ce plan. Pour lui, les voitures électriques ne sont pas adaptées à l’autopartage qui repose sur le principe de la mutualisation : « il faut la faire rouler le plus possible pour que cela soit rentable et le temps de recharge de la batterie électrique pose problème. »
« Tout le concept de Citiz c’est d’inciter à la marche, au vélo quand cela est possible et d’utiliser en dernier recours une voiture Citiz pour diminuer le nombre de véhicules en circulation, détaille Nicolas Guenro. On estime qu’une Citiz remplace cinq à huit voitures individuelles sur la chaussée. ». Ce service n’a pas pour vocation de permettre aux usagers de faire des trajets domicile travail mais de répondre à un besoin pour des achats, loisirs et déplacements professionnels ponctuels.
L’espace libéré par les bluecub convoité
Citiz regarde de près l’espace libéré par le départ des Bluecub (380 places de stationnement) et à court terme, la coopérative serait intéressée par une cinquantaine de places sur la voirie.
« On est en discussion avec le groupe Bolloré, explique Clément Rossignol, vice-président (EELV) de Bordeaux Métropole délégué à la Mobilité, ils ont obligation de remettre en état mais on trouve intéressant d’avoir un réseau de bornes de recharge et on discute pour que certaines stations soient supprimées et les autres on va les utiliser soit pour proposer des services de recharge aux véhicules électriques soit les dédier à des emplacements de covoiturage ou mobilités innovantes ».
Celui qui est aussi maire de Bègles croit aux vertus de l’autopartage et compte le développer davantage à l’échelle de la métropole. « Mais le modèle de la BlueCub, ça coûte très cher, et cela vient concurrencer les transports et les vélos, avance-t-il donc c’est un peu moins pertinent que l’autopartage classique. »