Elections municipales à Bordeaux : Camille Choplin, « écologirl » convaincue, entre dans l’arène
RENCONTRE•La blogueuse écolo qui soutient les entreprises dans leur transition verte veut bousculer la mairie et surtout « ne pas décevoir les Bordelais » qui ont eu confiance en elleMarion Pignot
L'essentiel
- Dimanche 28 juin, soir du second tour des élections municipales, la liste Bordeaux Respire menée par Pierre Hurmic a remporté la mairie de Bordeaux, avec 46,48 % des voix.
- Numéro deux, Camille Choplin, qui a rejoint la campagne en novembre dernier, fait donc son entrée tambour battant dans la politique bordelaise.
- Celle qui a « peur de décevoir les Bordelais qui ont confiance en la nouvelle équipe municipale » avait, au lendemain du scrutin « du mal à réaliser ».
- Ce vendredi, elle a été désignée adjointe en charge de la Démocratie permanente, de la vie associative et de la gouvernance par l’intelligence collective. Vaste programme.
«C’est assez dingue. J’ai du mal à réaliser. » Au lendemain de la victoire de Pierre Hurmic aux élections municipales à Bordeaux, Camille Choplin ne touche plus terre. Au téléphone, on entend le sourire dans la voix de la numéro deux de la liste Bordeaux Respire. Béotienne de la politique, « l’écologirl » a rejoint l’équipe des verts séduite par « l’abnégation pour l’écologie » et la « sympathie » de la tête de liste. « C’est cette force de conviction, cette constance dans le combat qui m’a poussée à rejoindre Pierre Hurmic, expliquait Camille Choplin à 20 Minutes, peu avant la victoire du 28 juin. Il m’a dit "si tu ne viens pas, tu laisseras des gens moins vertueux décider à ta place". Je me suis dit qu’avec lui, je ne perdrais pas en sincérité. »
Sincère, Camille Choplin l’est ce lundi. Au téléphone, la quadra, mariée et mère de deux enfants, ne patine pas encore d’un filtre politique les messages qu’elle souhaite délivrer. Ce qui a été le plus dur dans la campagne ? « Twitter, répond-elle d’emblée. C’est le royaume de la mauvaise foi et de l’attaque gratuite. On y a remis en question ma compétence. Certains trolls ont été violents. Je pense que je n’irai plus. »
La trouille d’être enfin dans le grand bain, d’être happée par les rouages de la politique, alors que le conseil de Bordeaux ce vendredi va déterminer les adjoint de Pierre Hurmic ? « Si on s’engage, c’est pour gagner. Je n’ai pas peur, j’ai juste peut-être de l’appréhension devant l’ampleur de la tâche », glisse Camille Choplin avant d’ajouter : « en fait, si, j’ai peur de décevoir les gens qui ont eu confiance en nous. Pour le reste, il faudra garder la tête froide. »
« J’ai un parcours pluriel qui me permet d’avoir une vision globale »
Garder la tête froide pour affronter l’opposition qui au sein du « parlement bordelais » comme se plaît à l’appeler Philippe Poutou, risque que de ne pas épargner les nouveaux élus, souvent taxés « d’amateurisme ». « Alain Juppé coupait les micros quand il en avait marre, rappelle Camille Choplin. Là, je pense que l’on sera dans un débat constructif. Philippe Poutou, qui prône une écologie radicale, a finalement avancé les mêmes projets que nous. Idem pour la liste Florian-Cazenave qui a présenté un programme très très écolo. Nous n’allons pas vers un affrontement, à moins que la droite refasse un revirement… très à droite. »
La diplômée de l’école des hautes études en sciences de l’information et de la communication (Celsa), qui a rejoint la politique en novembre dernier, compte aussi sur son parcours professionnel pour « répondre à ceux qui douteraient » de ses atouts. « J’ai travaillé dans le privé [dans la cosmétique bio], j’ai été fonctionnaire [chargée de com' de la maison écocitoyenne] et aujourd’hui je suis entrepreneure [elle tient un blog et des conférences, a écrit un livre et accompagne les entreprises dans leur transition écologique]. Je saurai à qui je m’adresse et comment leur répondre. J’ai un parcours pluriel qui me permet d’avoir une vision globale. »
Tout sur les municipales à Bordeaux
Camille Choplin a grandi dans la Drôme, s’est construit une conscience écolo à Paris et s’est épanouie en arrivant à Bordeaux en 2007. Via son blog qui fédère déjà 3.000 engagées « super green », elle milite pour l’écologie du « bon sens » : « Je souhaitais transmettre, partager, faire plonger le plus de gens possible dans mon monde. »
Ce 28 juin, des Bordelais ont plongé. Alors, elle veut leur parler « de plus de végétal dans Bordeaux », de « davantage se tourner vers les entreprises d’insertion », des « petits gestes qui changent tout » ou de « l’ouverture de boutiques-ateliers dans chaque quartier pour une économie plus sociale et solidaire ». Pierre Hurmic lui a créé une délégation sur mesure : depuis ce vendredi matin, Camille Choplin est adjointe en charge de la Démocratie permanente, de la vie associative et de la gouvernance par l’intelligence collective.