VIDEO. Coronavirus à Bordeaux : Au deuxième jour du confinement, la ville appartient aux joggeurs
CONFINES, DELIVRES•Ce mercredi, les joggeurs se sont donné rendez-vous sur les quais de la rive gauche à Bordeaux pour célébrer le retour du beau temps malgré le confinementMarion Pignot
L'essentiel
- Depuis ce mardi à midi, les Français sont confinés chez eux pour une durée d’au moins quinze jours afin de tenter de ralentir l’épidémie de coronavirus.
- Pourtant, à Bordeaux, les rues n’étaient pas totalement désertes, ce mercredi. Et les sportifs téméraires profitaient « des quais vidés des habituels coureurs et promeneurs »
- Près de 60 patrouilles sont positionnées dans Bordeaux et sa métropole et des renforts sont attendus afin de faire respecter les mesures de confinement, voire de verbaliser les contrevenants.
«Ça fait des mois qu’on supporte la pluie alors je ne me voyais pas rester chez moi, avec ce beau temps ». Confinement, deuxième jour à Bordeaux. Le centre-ville est quasiment désert, la rive droite a oublié de vivre mais sur les quais de la rive gauche les runneurs sont de sortie. Tel Alex, 28 ans et sans attestation, qui a choisi de prendre le soleil. « Je n’ai pas mon petit papier mais de toutes les façons je cours plus vite que les policiers », fanfaronne l’athlète du mercredi croisé place des Quinconces et qui continue sa course vers le pont de Pierre.
Avec lui, Sonia, 36 ans, qui court avec sa dérogation plastifiée et accrochée autour du cou. Et une bonne poignée d’irréductibles qui ont bien décidé de profiter « des quais vidés des habituels coureurs et promeneurs ». Alors, oui, le confinement autorise la course en solitaire, mais, ici, le Covid-19 n’est pas dans les esprits. Même si les sportifs semblent, comme Sonia, « respecter le mètre de distance parce qu’il ne s’agit pas non plus de prendre des risques ».
« Si je vois un groupe arriver, je m’écarte », ajoute la jeune femme en sueur. Un groupe ? Sonia et l’autrice de ses lignes en ont croisé. « Des jeunes gens que les parents ont certainement laissés sortir, imagine la joggeuse. On peut les comprendre, c’est compliqué pour eux de rester enfermés et de travailler avec leurs gamins qui râlent à côté. »
« Ce n’est pas en restant chez soi qu’on fait la guerre »
« Pourtant, la consigne était claire : pour sauver des vies, restez chez vous, peste Viviane, descendue faire ses courses au Carrefour de la place Saint-Projet. Mon fils va courir comme si de rien était alors que j’ai lu que le virus était volatil. Je suis inquiète. » Viviane n’a pas complètement tort, selon l’AFP, une étude a montré que le nouveau coronavirus peut survivre pendant plusieurs heures en dehors du corps humain, sur des surfaces diverses ou même dans l’air. Qu’importe Alex se sent, dit-il, « plus résistant au virus en allant courir ». « Ce n’est pas en restant chez soi qu’on fait la guerre », lâche le jeune homme en s’éloignant.
Plus loin, place de la Comédie, la police intercepte les coureurs qui regagnent leur biotope. Alors que le décret faisant passer les amendes de 38 à 135 euros vient d’être publié au Journal officiel, la patrouille avoue ne faire que de la sensibilisation ce mardi matin. « On n’a pas verbalisé, ce n’est pas la consigne pour le moment, nous explique-t-on (à un mètre de distance). Peu de gens râlent, beaucoup nous demandent des renseignements. » Comme cette dame qui se demande si elle doit chaque jour produire une nouvelle attestation pour aller courir. Il semblerait que oui, même si « ce n’est pas très écolo ».
Près de 60 patrouilles en position, des renforts attendus
Ce mercredi, près de 60 patrouilles étaient positionnées dans Bordeaux et sa petite couronne (et la zone police d’Arcachon), selon la Préfecture. Plus de 300 gendarmes jouent les renforts afin de prouver aux Bordelais que ce confinement « n’est pas un jeu ». « Honnêtement je suis surpris, je ne pensais pas voir autant de monde dehors. Ce n’est pas énorme, mais quand même », note un policier prêt à aller patrouiller à vélo sur les quais.
Dans le tram, avenue Thiers à 9h30 ce matin, une trentaine de personnes se dirigeaient vers le centre de Bordeaux. Pour aller bosser, pour « prendre l’air » ? « C’est que le jour deux, mais j’ai craqué. Rester confinée sans l’avoir choisi, ça me déprime. J’avais besoin de voir du monde, explique Marianne, masque cachant son visage, avant d’avouer avoir misé sur « l’indiscipline des Bordelais ».
Alors que l’Etat travaille sur un projet de loi qui prévoit d’autoriser la déclaration d’un « état d’urgence sanitaire », les rues de la capitale girondine peinent à se vider complètement des Bordelais. Hier, Denis Malvy, chef du service infectiologie du CHU de Bordeaux, l’a pourtant rappelé : « Si la situation est relativement préservée en Nouvelle-Aquitaine la vague arrive, nous l’escomptons. » Et d’ajouter sur France Inter : « Nous devons faire face à une augmentation des cas au moins dans les dix jours à venir, le temps de l’impact bénéfique des mesures. » Si elles sont respectées.