VIDEO. Bordeaux: En cours de restauration, « La grue Wellman est le plus bel endroit des Bassins à flot »
PATRIMOINE•Une opération de restauration de la grue Wellman, symbole du passé portuaire des Bassins à flot, a été engagée par la mairie, avec une entreprise d’alpinistes ouvriersMickaël Bosredon
L'essentiel
- Livrée en 1947 à Bordeaux, la grue Wellman n’est plus en activité depuis 1982.
- Propriété de la ville, elle a été classée monument historique en 2014.
- Il s’agit maintenant de la restaurer pour qu’elle s’insère dans le nouveau quartier des Bassins à flot en pleine transformation.
En cinq ans, le quartier des Bassins à Flot a littéralement changé de visage, au gré d’une vaste opération de démolition-reconstruction qui n’est pas encore achevée. Mais le passé portuaire de ce quartier populaire ne sera pas totalement jeté aux oubliettes. La métropole et la mairie ont en effet tenu à conserver certains éléments, notamment deux grues, la Wellman et la Caillard.
« Le patrimoine bordelais n’est pas que XVIIIe siècle, il est aussi du XXe et portuaire, insiste Fabien Robert, premier adjoint au maire de Bordeaux en charge de la culture. Nous avons obtenu le classement "monument historique" en 2014 pour protéger ces deux grues, car ce sont des marqueurs du paysage des Bassins à flot, et nous les avons intégrées dans le projet de construction du quartier. » Avec l’impératif de les rénover, et en priorité la Wellman.
Des grues livrées dans le cadre du Plan Marshall
Ces deux grues ont été montées à Bordeaux à la fin des années 1940, avec une vingtaine d’autres. « La grue Wellman a été installée en 1947 sur les quais du port de Bordeaux, précise l’association La Mémoire de Bordeaux Métropole. Elle faisait alors partie d’un lot d’équipements livrés à la ville au titre des dommages de guerre dans le cadre du Plan Marshall. » Elle a ensuite arrêté son activité en 1982, et l’inactivité ne lui a pas réussi…
« A force de discussion avec différents opérateurs, nous avons imaginé un chantier-école, via un mécénat de compétence avec l’entreprise Adrénaline, poursuit Fabien Robert. Cela va permettre de restaurer cette grue Wellman pour environ 170.000 euros, dont deux tiers provenant de ce mécénat. »
« On va se servir de la grue comme d’un chantier d’application »
Entreprise de « travaux d’accès difficile », Adrénaline fait partie du groupe L’échelle européenne, et réalise plusieurs chantiers délicats dans la région : « on nous appelle aussi les alpinistes du bâtiment ; nous intervenons sur la flèche Saint-Michel, le pont Bacalan, le pont d’Aquitaine, et nous venons même de décrocher la restauration du phare de Cordouan », raconte le chef d’agence à Bordeaux, Nicolas Gaudé.
La convention signée avec la mairie porte sur cinq ans. « Nous apportons notre savoir-faire en accompagnant des centres de formation sur place. En gros, on va se servir de la grue comme d’un chantier d’application, sachant que nous réaliserons les parties les plus délicates. Nous avons commencé à travailler il y a un an déjà, mais le vrai démarrage sera en janvier prochain. »
« On ne la fera jamais refonctionner »
Il est prévu cinq années de travaux, mais la convention sera sans doute rallongée. « Nous ne sommes pas pressés », assure Fabien Robert.
« C’est un travail de sauvegarde, insiste de son côté Nicolas Gaudé, mais on ne la fera jamais refonctionner. On va essentiellement la repeindre et probablement aménager des escaliers et des passerelles pour que les gens puissent la visiter. C’est important de lui redonner une existence, car pour moi, cette grue c’est le plus bel endroit du quartier. Quand vous êtes en haut, vous êtes le roi du monde. »
« Pas trop envie qu’on en fasse une chambre d’hôte de luxe à 700 euros la nuit »
Des projets de transformation circulent même pour une utilisation totalement différente de ces grues, qui culminent à 27 mètres. « Il y a des idées un peu folles, comme celle de faire des "chambres d’amour" dans les trois cabines, ou un gîte urbain… Tout est ouvert », sourit Nicolas Gaudé.
Fabien Robert confirme que ces idées circulent, mais ne se montre pas très enthousiaste. « La première étape c’est de la restaurer. Après, je n’ai pas trop envie que l’on fasse une chambre d’hôte de luxe à 700 euros la nuit dans un monument appartenant à la ville. En revanche, s’il y a des projets artistiques, culturels, pourquoi pas ? »
D’autant plus que la grue Wellman surplombe la dalle du Pertuis, actuellement en pleine transformation, et qui va devenir un haut lieu culturel du quartier.
« Toute la plaque portuaire des Bassins à flot est en train d’être restaurée, avec une partie publique et une autre qui a été mise à disposition de l’I.Boat qui va y mener ses projets comme une terrasse qui a déjà été installée, et des résidences d’artistes » confirme Fabien Robert.