INFO 20 MINUTESLes Bordelais trouvent que leur ville devient moins attractive

Bordeaux : Interrogés sur l’attractivité de leur métropole, les Bordelais ne lui octroient que la 7e place

INFO 20 MINUTESLa plateforme Hellowork vient de publier en partenariat avec le cabinet Hays une enquête sur l’attractivité de 18 grandes métropoles françaises. La capitale girondine ne décroche que la septième place
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • La plateforme Hellowork vient de publier en partenariat avec le cabinet Hays une enquête sur l’attractivité de 18 métropoles françaises.
  • Dans cette enquête qui donne la parole à des actifs bordelais, la capitale girondine ne tient pas le haut du podium.
  • Les problématiques de circulation et de logement plombent l’image que les personnes interrogées ont de leur ville.

Ville préférée des cadres parisiens (selon une étude Cadremploi) en 2018 et 2019, ou première ville où il fait bon travailler ( selon Great Place to Work) en 2016, 2017 et 2018, Bordeaux dégringole au classement quand on donne la parole à ses habitants. 20 Minutes présente en exclusivité ce mercredi une enquête de la plateformeHellowork en partenariat avec le cabinet Hays sur la perception des actifs concernant l’attractivité de leur métropole.

Sur 18 grandes métropoles, la capitale girondine n’arrive qu’à la 7e position au classement général, dont les trois premières places reviennent à Tours, Rennes et Nantes. « Sur les items du coût de la vie et du prix des logements, Bordeaux est mal placé. Il y a également le sujet des transports et de la circulation. On voit bien que l’augmentation de la population crée des problématiques. Bordeaux est confronté à son succès », décrypte David Beaurepaire, directeur délégué de la plateforme Hellowork. Et, 29 % des Bordelais interrogés estiment que l’image de leur ville a régressé depuis un an.

« On ne perd qu’une place par rapport à l’an dernier », remarque Stéphan Delaux, adjoint au maire de Bordeaux chargé de l’attractivité économique. La faute, selon lui, « aux problèmes de mobilité qui tarabustent nos concitoyens ».

Le prix de l’immobilier et la circulation pointés du doigt

Des Bordelais saluent l’efficacité des transports dans le cadre de notre appel à témoignages sur les réseaux sociaux, même si pour certains la saturation du réseau de tramways sonne l’heure d’un projet de métro. Mais, à l’image d’Anaïs, ils sont unanimes sur deux points négatifs qui ressortent également de l’enquête : « il y a d’une part une pénurie de logements et un coût élevé des loyers et, l’autre point faible, c’est évidemment les bouchons dus à la confluence des autoroutes avec la rocade. »

Certains ont ressenti personnellement les conséquences de la croissance accélérée de la ville : « le coût des logements, c’est ce qui nous a fait quitter la ville pour aller rive droite par exemple, raconte Lukas. Depuis la mise en service de la LGV Bordeaux-Paris beaucoup d’emplois de cadre pour les Parisiens ont été créés et, du coup, de nombreux Bordelais moins fortunés ont quitté la ville ».

« Nos internautes emploient souvent l’expression de la grenouille qui a voulu se faire plus grosse que le bœuf pour parler de la croissance bordelaise, observe Vincent, cofondateur du compte parodique du Front de libération bordeluche. Bordeaux c’est la capitale du Sud Ouest atlantique, d’accord, mais pas de tous les cadres parisiens et européens ! ».

La métropole millionnaire n’est plus à la mode

Stéphan Delaux insiste sur les projets déjà lancés qui vont améliorer la mobilité (mise en service du tram D ce samedi, bientôt extension de la ligne A vers l’aéroport, projets de bus à haut niveau de service, etc.) Et sur les prix des logements « une action très forte vis-à-vis d’Airbnb est menée pour faire revenir des baux classiques sur le marché », souligne-t-il.

Il tient à rappeler qu’avant l’ère Juppé (élu pour la première fois en 95) « Bordeaux était une ville qui déclinait et n’attirait pas d’entreprises, aujourd’hui 8.000 à 11.000 emplois sont créés chaque année sur la métropole ». Pour autant la ville n’est plus à la recherche d’une croissance effrénée et le projet de métropole millionnaire, il y a encore peu de temps marotte des élus, n’est plus sur toutes les lèvres. « On est davantage sur une recherche d’équilibre, de régulation », assure Stéphan Delaux.

L’échéance des élections municipales se rapprochant, le Front de Libération Bordeluche pense que la machine de la métropolisation qui a été lancée n’a pas fini de faire des dégâts : « Est-ce qu’ils pensent [les candidats] pouvoir infléchir la tendance en six ans avec trois pistes cyclables et deux brumisateurs ? » moque Vincent. « Les prix des logements ne baissent pas, la croissance de l’immobilier ralentit, c’est différent, complète-t-il. Et l’extension foncière continue de plus belle ». Pour régler les problèmes de circulation après avoir fait un « marketing territorial à outrance », il ne voit pas bien comment faire sauf à « rendre obligatoire le télétravail pour 50 % de la population », ironise-t-il.

Selon l’enquête, les Bordelais sont tout de même 68,6 % à recommander leur ville à une personne souhaitant changer de région, plébiscitant la qualité de l’environnement, de l’offre culturelle et de l’offre de santé.

Méthodologie

La plateforme HelloWork et le cabinet Hays ont demandé à 2913 actifs de noter leur perception sur différents aspects qui font l’attractivité d’une métropole, dans une enquête menée entre septembre et octobre 2019.