URBANISMEPourquoi le permis de construire de Philippe Etchebest a-t-il été annulé ?

Bordeaux : Pourquoi le tribunal administratif a-t-il annulé le permis de construire de Philippe Etchebest ?

URBANISMELe tribunal administratif de Bordeaux a annulé le 31 octobre, le permis de construire déposé par le chef Philippe Etchebest, pour son nouveau projet de restauration aux Chartrons
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Le tribunal administratif de Bordeaux pointe plusieurs « insuffisances » et « inexactitudes » dans le dossier du permis de construire.
  • L’avocat du riverain qui a attaqué ce permis revient pour « 20 Minutes » sur cet imbroglio administratif démarré en 2018, lorsque ce dernier n’a pas réussi à vendre son appartement.
  • Il s’est alors penché sur le projet de Philippe Etchebest, et y a trouvé des irrégularités.

Le tribunal administratif de Bordeaux a annulé le 31 octobre le permis de construire du chef Philippe Etchebest, qui souhaite transformer un immeuble de la rue Rode, aux Chartrons, en deux restaurants et une épicerie.

Pointant des « insuffisances » et des « inexactitudes » dans le dossier du permis de construire déposé par la SCI Chartrons de Philippe Etchebest, le tribunal a par exemple expliqué que « les plans joints font apparaître une toiture plate sur la partie arrière de la construction alors que les photographies aériennes produites démontrent l’existence d’une pente. »

Il ressort aussi du jugement que nous avons consulté, que « la SCI Chartrons a réalisé des travaux de démolition de la quasi-totalité de l’intérieur de la construction existante, non autorisés par le permis de construire et ayant donné lieu à un procès-verbal d’infraction dressé le 3 avril 2019. » Des travaux qui « n’apparaissent pas susceptibles de faire l’objet d’une mesure de régularisation » ajoute le tribunal.

« Les agences immobilières ont dit à mon client que la valeur de son bien devait être dévaluée de 130.000 euros »

Contacté par 20 Minutes, Me Thomas Rivière, avocat du voisin qui a attaqué le permis de construire, explique que son client « était en passe de vendre son appartement fin 2018 », mais qu'« après la signature du compromis, l’acquéreur a eu vent du projet de restaurant de Philippe Etchebest, comprenant notamment la construction d’un mur qui va faire obstacle à la vue, et il a décidé de casser la vente. »

Après avoir consulté plusieurs agences immobilières, ce voisin aurait alors appris que « la valeur de son bien devait être dévaluée d’environ 130.000 euros » assure son avocat. « Non seulement à cause du mur, mais aussi des nuisances liées à l’activité de restauration. » Le voisin aurait alors « regardé attentivement le permis et découvert plusieurs défauts », notamment la toiture en pente et les démolitions non autorisées, pointées par le tribunal. « Philippe Etchebest a dessiné un plan volontairement faux » accuse Me Thomas Rivière.

« Il n’y a eu aucune négociation »

Alors que Philippe Etchebest accuse le voisin qui l’attaque de vouloir le « racketter », son avocat dément. « Je n’ai même pas encore demandé de dommages et intérêts sur le fond du dossier. J’ai pour le moment uniquement exposé le préjudice subi par mon client, de l’ordre de 130.000 euros. C’est une base de réflexion, où est l’extorsion ? Aucune demande n’a été déposée de payer cette somme, et il n’y a eu aucune négociation. Et si mon client a bien proposé à M. Etchebest qu’il lui rachète son appartement, ce dernier a refusé après l’avoir visité, et nous en sommes restés là. »

Il faudra maintenant attendre l'audience en cour d'appel pour voir si l’affaire prend une nouvelle tournure. « Je sais que M. Etchebest cherche à trouver une solution nouvelle pour régulariser son permis, mais je ne sais pas ce qu’il va mettre dedans, ajoute Me Thomas Rivière. Et en appel, je ne vois pas quelles sont les pièces qui manquaient au tribunal administratif qu’il pourra produire. Le procès a déjà été long et argumenté des deux côtés. »

Dans une interview à 20 Minutes, Philippe Etchebest assure de son côté que les démolitions ont été rendues nécessaires par « l’état de vétusté de l’immeuble », et s’il reconnaît qu’il existait bien une pente sur le toit qui ne figurait pas dans les plans du permis de construire, il assure qu’il n’y avait « rien d’intentionnel », et que son architecte « s’est basé sur le schéma initial du géomètre. »