Bègles : Un squat de plus de 200 Roms sur le site d’un projet de pôle commercial
SOCIETE•Le site d’une ancienne usine de fabrication d’abat-jour est squatté depuis 2016 par plus de 200 personnes à Bègles. Les travaux du projet de pôle commercial qui doit y voir le jour n’ont toujours pas commencé et le propriétaire en appelle à l’EtatElsa Provenzano
L'essentiel
- Depuis 2016, le site d’une usine désaffectée est squatté par des familles roms qui y vivent dans une grande insalubrité, au milieu des déchets.
- Le propriétaire du terrain, Ter Arcins, veut y construire un pôle commercial de 28.000 m2 au total mais il a besoin que la préfecture mobilise la force publique pour l’évacuation du site.
- La mairie de Bègles met en avant l’importance de trouver des solutions de relogement avant d’évacuer le site, qui abrite environ 80 mineurs.
- La préfecture indique qu'elle travaille à réaliser un diagnostic social auprès de la population du squat en vue d'une évacuation de ce site, identifié comme prioritaire.
Carcasses de voitures et détritus en tous genres jonchent le sol ou baignent dans des retenues d’eau provoquées par l’engorgement des canalisations sur le site de l’ancienne usine d’abat-jour Corep, rue Denis Papin à Bègles. Au milieu de déchets et de l’odeur pestilentielle déambulent des enfants à vélo ou portant des bidons d’eau.
Au total, environ 230 personnes, essentiellement des familles roms d’origines bulgares, vivent dans une grande insalubrité sur ce site aux allures de bidonville, dans la zone commerciale des Rives d’Arcins près de Bordeaux.
Des urgences sanitaires sur le site
La société Ter Arcins, propriétaire du site depuis 2014, y porte un projet de pôle commercial de 28.000 m2 dont les travaux n’ont jamais pu commencer puisqu’il est squatté depuis 2016. Mais ce mardi, son gérant Gérardo Pariente dit vouloir alerter l’Etat au-delà des conséquences financières puisque la responsabilité de sa société est engagée en tant que propriétaire des lieux : « On est spoliés mais ce qui est vraiment problématique, ce sont les problèmes sanitaires sur le site : amiante, risque incendie etc. »
Depuis 2016, les avocats de la société Ter Arcins ont multiplié les demandes d’expulsion du site, sans que la préfecture ne mobilise la force publique. Une évacuation était programmée cet été mais elle a été ajournée au vu des déclarations défavorables du maire de Bègles sur les expulsions. La préfecture de la Gironde confirme que l’évacuation dans le respect de la loi (une ordonnance de justice a été émise) de ce squat, l’un des plus importants de l’agglomération, reste une de ses priorités.
80 mineurs sur le site
Un diagnostic social est réalisé en ce moment auprès des occupants pour trouver des solutions adaptées à chacune des situations. Il s’agit d’identifier ceux qui pourraient intégrer la MOUS (maîtrise d’œuvre urbaine et sociale) mais aussi ceux dont la situation irrégulière pourrait déclencher une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
« La ville de Bègles a multiplié les efforts et les démarches auprès de ses partenaires associatifs, services de l’Etat et collectivités locales afin d’activer le plus de solutions d’hébergement ou de relogement possibles. L’enjeu est celui de la dignité des personnes, de la protection des mineurs et des familles », souligne Clément Rossignol Puech, maire de Bègles, dans un communiqué. L’élu insiste sur l’importance de trouver des solutions de relogement avant l’évacuation du site qui abrite environ 80 mineurs.
Dans cette zone commerciale, les autres enseignes apprécient peu l’installation du squat. « Elles nous ont toutes assignées en justice mais ce n’est pas nous qui pouvons évacuer le site », relève Adrien Rodas, de la société Ter Arcins. Pour le propriétaire du terrain, la situation semble complètement bloquée : « On doit attendre que l’Etat agisse », résume Me Arnaud Chevrier, avocat de l’entreprise.