SINISTRESA Bordeaux, la « détresse » après l’effondrement d’une grue sur des maisons

Grue effondrée sur des maisons à Bordeaux : Un collectif alerte sur la « détresse des victimes »

SINISTRESTrois semaines après l’effondrement d’une grue sur huit maisons dans le quartier de la Bastide, des habitants attendent des solutions de relogement
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Le 25 octobre, une grue qui était en cours d’installation sur un chantier, s’est effondrée sur huit maisons du quartier de la Bastide.
  • Le spectaculaire accident n’a fait aucun blessé, mais a mis à la rue douze familles.
  • Des solutions de relogement ont été trouvées pour certaines d’entre elles, mais d’autres attendent toujours.

Un peu plus de trois semaines après l'effondrement de deux grues sur huit maisons rue du Capitaine-Ferrand à Bordeaux, la situation bouge enfin. « Depuis hier, la flèche de la grue à tour a été enlevée, et aujourd’hui l'extraction de la grue mobile qui a chuté est en cours, nous explique le maire adjoint du quartier Bastide, Jérôme Siri. Si tout va bien, la phase suivante sera le déblayage et la dépollution, car du plomb et de l’amiante apparaissent forcément dans ces cas de figure. »

Si le spectaculaire accident n’a fait aucun blessé, il a mis à la rue douze familles. Entre les dégâts causés par cet effondrement, la sécurisation des édifices, et l’enquête qui doit permettre de déterminer les causes de cet accident, elles ne vont vraisemblablement pas réintégrer leur logement avant plusieurs mois.

« Propositions de relogement indécentes »

Il revient au responsable du chantier, le promoteur LP Promotion, de trouver des solutions de relogement. Et là, la situation commence à coincer. « Les propositions de relogement de LP sont indécentes, car il s’agit de studios du côté de Pellegrin, dénonce le frère d’une des sinistrées, qui vient de prendre la tête d’un collectif de soutien à ces résidents. Pour les personnes seules cela peut aller, mais pour ma sœur par exemple qui vit avec deux enfants, ou pour les autres familles, ça ne colle pas du tout. »

Plusieurs habitants en appellent donc à la mairie, pour qu’elle intervienne. « La mairie de Bordeaux n’est pas responsable, on ne se trompe pas de cible, précise le responsable du collectif, mais elle est compétente. Elle essaie d’intervenir pour certains résidents, mais c’est encore du bricolage, or, nous voulons que nos familles soient protégées. Il y a un devoir d’assistance, et c’est bien du ressort du maire, ça. La détresse des victimes est réelle. »

D’autant que plusieurs habitations ont été inondées suite aux intempéries de ces dernières semaines, et qu’au moins deux maisons ont été cambriolées ces derniers jours, selon nos informations.

« Pas le droit de s’immiscer dans les actions de ces entreprises privées »

S’il reconnaît que « pour les sinistrés le temps est très long », Jérôme Siri rappelle que, dans cette affaire, « la grue mobile est une grue privée, qui vient se positionner sur un terrain privé, pour monter une grue à tour privée et qui vient réaliser un chantier privé… La collectivité n’a rien à y voir, et surtout n’a pas le droit de s’immiscer dans les actions de ces entreprises privées. » Il déplore que la mairie « devienne la cible » alors que « l’on est aidant pour faire pression auprès du promoteur pour qu’il aille le plus vite possible ».

L’élu précise également avoir travaillé, dès le départ, avec le promoteur pour trouver des logements qui se situent sur la ligne A du tramway, et pour apporter des réponses spécifiques aux personnes dans des situations particulières. « Je pense notamment à une personne en situation de handicap physique : nous lui avons trouvé un logement adapté dans une résidence senior à cinquante mètres de sa maison. D’autres, notamment des étudiants, ont préféré se reloger par eux-mêmes. »

« Interroger son assureur sur ce qu’il prévoit en matière de relogement en cas de sinistre »

Pour le maire adjoint, « sur douze familles, il reste surtout la problématique d’une famille qui ne veut pas être relogée dans deux studios différents du côté de Pellegrin, ce que j’entends tout à fait. Mais nous à la ville, nous ne sommes pas propriétaires de logements. Nous avons le CCAS (Centre communal d’action sociale) qui peut dépanner pour des situations ponctuelles, mais ce qu’ils ont à proposer ne correspond pas forcément non plus. »

Rappelant que « la charge du relogement n’appartient pas à la collectivité », Jérôme Siri « invite tous les Bordelais à interroger leur assureur sur ce qu’il prévoit en matière de relogement en cas de sinistre, et quelle que soit la cause du sinistre… »