INITIATIVEA Bordeaux, ils ont acquis des œuvres d’art à condition de les promener

Bordeaux : Comment des amateurs ont pu acquérir des œuvres d’art urbain, à condition de les promener dans la rue

INITIATIVEL’artiste Rouge et la Fondation Desperados pour l’art urbain, ont permis à six amateurs d’art de devenir propriétaires d’œuvres, sans débourser un cent, mais à condition qu’ils les montrent dans l’espace public
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Les six oeuvres seront remises à leurs propriétaires le 14 novembre, à l'occasion du vernissage de cet événement.
  • Derrière cette initiative se trouve l'artiste Rouge, une Bordelaise qui monte sur la scène du street art, et la Fondation Desperados pour l'art urbain.
  • Rouge espère ainsi créer le débat avec le public dans la rue, et faire connaître les artistes.

Devenir propriétaire d’une œuvre d’art urbain, non sans l’acheter. C’est l’initiative qui sera dévoilée le 14 novembre prochain, proposant aux Bordelais d’acquérir l’œuvre en s’engageant à la rendre visible en la promenant dans l’espace urbain. A l’origine de cette démarche, se trouve Rouge, jeune artiste sortie des Beaux-Arts de Bordeaux en 2014, et désormais bien connue dans la ville, et la Fondation Desperados pour l'art urbain.

Contactée par 20 Minutes, Rouge explique que l’idée de départ, « c’est celle d’une exposition sans lieu avec une autre valeur d’échange que l’argent. » Après en avoir parlé au directeur artistique de la Fondation Desperados pour l’art urbain, Stéphane Carricondo, ce dernier décide de réaliser et financer le projet. « Je me suis entourée de deux personnes pour le coécrire, et la Fondation l’a produit, comme une carte blanche à une artiste, poursuit Rouge. Cinq autres artistes et moi-même avons produit six œuvres d’art originales, et elles ont été mises à disposition pour une candidature. Des amateurs d’art ont pu postuler pour l’acquérir. »

L'oeuvre de l'artiste bordelaise Rouge, «Une chambre en ville».
L'oeuvre de l'artiste bordelaise Rouge, «Une chambre en ville». - Antoine Chaput

Des « ambassadeurs de ces œuvres »

Les amateurs se verront remettre leurs œuvres le 14 novembre, au Magnetic Art Lab à Bordeaux, à l’occasion du vernissage de cet événement intitulé Courts-Circuits. En échange de l’acquisition de l’œuvre, ils se sont engagés à la promener une fois par mois, pendant six mois. « Ce seront des expositions éphémères et sauvages » considère Rouge.

Les amateurs seront libres de leurs promenades. « Mais nous leur proposons des protocoles d’exploration urbaine, par exemple comment on conçoit un trajet arbitrairement sur un ordre alphabétique des rues, des choses comme ça, explique l’artiste… Après, on suggère de petites choses comme amener son œuvre voir ses semblables au musée… »

La seule obligation pour ces heureux propriétaires sera de devenir des « ambassadeurs » de ces œuvres. « Pour cela, il faut qu’ils connaissent le travail de l’artiste et qu’ils deviennent des médiateurs », détaille Rouge, qui espère qu’il y aura « un maximum d’interaction dans l’espace public. »

« Est-ce que les œuvres en galerie ont une vraie raison d’être ? »

Egalement contacté par 20 Minutes, Stéphane Carricondo explique de son côté que « le but de cette démarche est aussi d’interroger notre milieu : est-ce que les œuvres en galerie ont une vraie raison d’être, ou est-ce qu’on conçoit les choses d’une autre manière ? Qu’est-ce qu’est une œuvre d’art urbain aujourd’hui ? »

Il insiste aussi sur le fait que ces œuvres soient hors marché : « cela doit questionner sur la spéculation de l’art. » Il sera en effet « impossible » aux propriétaires de vendre les œuvres, « car c’est un prêt à vie. »