ECONOMIEColère de la filière viticole bordelaise après les sanctions américaines

Sanctions américaines contre les vins de Bordeaux : L’interprofession furieuse d’être « la variable d’ajustement »

ECONOMIELes vins de Bordeaux progressaient bien sur le marché américain jusqu’à ce que des taxes douanières supplémentaires soient décidées par les Etats-Unis
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • Menacée par des sanctions américaines, l’interprofession bordelaise s’estime une nouvelle fois victime d’un conflit commercial qui n’a rien à voir avec l’agriculture.
  • Elle souligne que la situation socio-économique à Hong Kong et les incertitudes autour du Brexit lui portent également préjudice.

L’interprofession des vins de Bordeaux a bien l’impression de pâtir d’une situation dont elle n’est pas responsable. Ce vendredi, elle s’est dite « furibarde » des sanctions douanières américaines, qu’elle considère comme une « balle perdue » frappant la filière, s’ajoutant à des incertitudes distinctes liées aux marchés chinois, de Hong Kong, au Brexit

« Encore une fois, nous sommes victimes d’une « balle perdue », et otages de ce conflit purement industriel, aéronautique », a déclaré Bernard Farges, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). « Ce n’est pas un sujet agricole ».

« Très faible réaction au niveau du gouvernement français »

« On est furieux parce qu’en cinq ans, c’est la deuxième fois que l’agriculture, la viticulture, est victime d’un arbitrage comme ça. Il y a cinq ans, c’était au sujet des panneaux photovoltaïques entre l’Europe et la Chine », a-t-il rappelé. « C’est un peu trop souvent que nous sommes une variable d’ajustement, dans des discussions qui nous échappent ».

L’interprofession des vins de Bordeaux, d’après Bernard Farges, est assez remontée contre la « très, très, très faible réaction au niveau du gouvernement » français. Le gouvernement, a-t-il estimé, devrait « pousser les négociateurs européens à faire sortir [des négociations] les secteurs qui ne sont pas concernés ».

Les Etats-Unis représentent environ 300 millions de chiffre d’affaires, 14 % en valeur des exportations de vins de Bordeaux, mais avec une forte croissance ces derniers mois, et 11 % en volume, soit le deuxième marché après la Chine.

Le marché américain de la consommation de vin, selon Bernard Farges « est le plus gros marché au monde maintenant ». « C’est un pays qui se met au vin de manière large, avec une classe moyenne importante, où se crée un usage profond, une connaissance » du vin. « C’est un marché valorisé, un marché où nous progressions bien »

De plus, ces sanctions américaines « interviennent au moment où pour la filière bordelaise le marché chinois est en souffrance » en raison des différends Chine-Etats-Unis « qui créent un ralentissement de l’économie chinoise ». Elles surviennent peu après l’abaissement de taxes chinoises sur les importations du Pacifique, donc de pays viticoles concurrents comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, a rappelé Bernard Farges.

Sans oublier, ajoute-t-il, « les événements socio-politiques à Hong Kong qui mettent en grande difficulté cette place économique », gros marché pour les Bordeaux. Et « l’incertitude sur le Brexit ».