ENQUETEDes sinistrés du parking incendié à Bordeaux se portent partie civile

Bordeaux : Après l’incendie du parking des Salinières, une cinquantaine de sinistrés va se constituer partie civile

ENQUETEUne cinquantaine de Bordelais dont les voitures ont été endommagées ou détruites dans l’incendie du parking des Salinières en mai dernier vont se constituer parties civiles pour poser des questions sur les conditions de sécurité
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Une cinquantaine de personnes concernées par l’incendie du parking des Salinières en mai dernier va se constituer partie civile.
  • Les sinistrés veulent à la fois faire valoir leurs droits en matière d’assurance mais aussi poser des questions sur les conditions de sécurité du parking.
  • Urbis Park, exploitant du parking, juge les interrogations légitimes mais rappelle que la commission de sécurité venait de délivrer un avis favorable, et ce juste avant l’incendie.

Certains des Bordelais qui ont perdu leur véhicule dans le violent incendie qui a ravagé le parking des Salinières en mai dernier veulent avoir leur mot à dire. C’est la raison pour laquelle une cinquantaine des 300 sinistrés, réunis en collectif, s’est rapprochée d’un cabinet d’avocats en vue de se constituer partie civile. Une démarche qui permet à ces usagers de participer en tant que victimes à l’instruction et d’avoir accès au dossier. Deux volets les mobilisent, celui des indemnisations à établir en fonction des préjudices subis mais aussi des questions sur les conditions de sécurité du parking.

« Après l’incendie, on est resté une bonne semaine sans informations. On se retrouvait de manière informelle sur la place Saint-Michel ensuite, moi et quelques autres, on a créé le collectif », raconte Jasmine Bourdarias. L’enquête est perçue par les membres du collectif comme un moyen de faire valoir leurs interrogations et peut-être de faire bouger les lignes en matière de sécurité.

« Je comprends leur amertume »

« L’instruction va référencer les personnes victimes et s’attacher à comprendre ce qui s’est passé, explique Me Sylvain Galinat qui défend le collectif avec Me Marine Garcia. C’est une démarche citoyenne de la part du collectif qui s’intéresse à la gestion de l’espace public ». Les constitutions de partie civile seront effectives dans quelques semaines, le temps que tous les dossiers soient complets. « Je comprends l’action et les questions des usagers et je comprends leur amertume en tant que victime. On a le même statut comme je l’ai dit lors de réunions publiques car je rappelle que le sinistre est d’origine criminelle », a réagi Xavier Heulin, directeur général d’Urbis Park, exploitant du parking en délégation de service public.

« S’il y a bien quatre personnes qui ont mis le feu, pour nous il y a aussi un problème de propagation du feu et de sécurité du parking, explique Delphine Delas, membre du collectif de sinistrés. Avec trois incendies en six ans, pourquoi on ne revoit pas les normes de sécurité ? » Le directeur général d’Urbis Park explique qu’il s’agissait d’un problème d’électronique embarqué sur un véhicule pour l’un et sur un poste électrique sur un local tiers pour l’autre.

« On avait relevé ce qui nous semblait des manquements »

« Oui on est souvent confronté à des départs de feu, c’est notre hantise dans notre métier pour la sécurité des personnes et des biens, souligne Xavier Heulin. On peut s’interroger, c’est légitime, mais pas polémiquer car les choses sur le plan de la sûreté incendie sont assez claires avec l’avis favorable donné par la commission de sécurité. »

« En tant qu’usager on avait relevé ce qui nous semblait des manquements : le fait qu’il n’y ait pas de gardien, les extincteurs regroupés dans un bureau à partir d’une certaine heure, et un accès piéton ouvert à tous et donc beaucoup de passage », égrène Jasmine Bourdarias.

Urbis park estime qu’il est illusoire de vouloir contrôler complètement les accès piétons des parkings qui sont « des lieux de vie ouverts ». Les situations sont variables d’un quartier à l’autre et sur les Salinières, une société spécialisée était intervenue peu avant l’incendie pour y évacuer des « personnes qui n’avaient rien à y faire », précise le directeur général de l’entreprise. Des sans-abri cherchaient refuge dans ce parc de stationnement, comme dans d'autres.

Le parking des Salinières est géré à distance à partir d’une certaine heure mais les employés des parkings de la Bourse et Jaurès ont détecté grâce aux installations de télégestion le départ de feu et les pompiers sont intervenus neuf minutes après. « Il n’y a pas eu de dégradation par rapport à la détection de l’incendie », estime Xavier Heulin. L’instruction aura pour tâche de faire la lumière sur le déroulé des faits qui ont conduit aux dommages importants sur le parking.

Selon un premier calendrier avancé, le parking devrait rouvrir ses portes à la fin du premier semestre 2020, après des travaux pendant lesquels le tram pourra continuer à circuler.

Bordeaux Métropole, délégataire, n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier à ce stade.