COUP DE CHAUDRetour sur quatre mois de galère avec les usagers de la ligne C à Bordeaux

Bordeaux : Retour sur quatre mois de galère (et de système D) avec les usagers de la ligne C

COUP DE CHAUDLes usagers qui empruntaient la ligne C entre Quinconces et gare Saint-Jean, doivent faire face à l’interruption du trafic depuis le 18 mai dernier et l’incendie du parking des Salinières

L'essentiel

  • Le rétablissement de la ligne est annoncé pour le 28 septembre.
  • Un soulagement pour les usagers qui ont dû composer depuis quatre mois avec des bus-relais surchargés.
  • Certains se sont détournés du réseau de transport bordelais, pour le vélo ou la voiture.

«Ça a été l’enfer. » Romain, un habitant du quartier du Jardin public, n’est pas près d’oublier l’épisode des bus relais lancés à la place du tram C entre Quinconces et gare Saint-Jean depuis le 18 mai.

Romain doit se rendre tous les matins à la gare Saint-Jean, pour attraper son train qui l’emmène à son travail à Biganos, avant 8 h. Pour cela, le tram C est quasiment incontournable. Autant dire qu’il a (très) mal vécu les quatre mois d’interruption de la ligne en raison de l'incendie du parking des Salinières. Et qu’il a soufflé un bon coup lorsqu’il a appris, en début de semaine, la réouverture du tronçon pour le 28 septembre prochain. « J’ai conscience que TBM n’y est pour rien, et qu’il a fait ce qu’il a pu, mais ça fait quatre mois que ça dure, c’est quand même dingue. » « Même avec le tramway, il fallait parfois laisser passer une ou deux rames avant de pouvoir monter dedans, alors là je ne vous raconte pas avec les bus surchargés ! » ajoute Carole, qui part, elle, des Chartrons pour se rendre à la gare plusieurs fois par semaine.

« J’ai doublé mon temps de trajet le soir »

Les bus surchargés, notamment le soir, c’est ce qui a le plus affecté les voyageurs. « Surtout avec les chaleurs de cet été, on était tous serrés les uns contre les autres, c’était tellement insupportable que souvent je préférais descendre à Bourse et je rejoignais le Jardin public à pied », poursuit Romain. Il estime que son temps de trajet a été multiplié par deux, et il prenait souvent une heure de battement pour être sûr de ne pas rater son train. Idem pour Estelle : « J’ai doublé mon temps de trajet le soir en passant de 30 à 50 minutes, voire une heure certains jours, dans un bus blindé aux heures de pointe. »

L’exploitant du réseau, Keolis, reconnaît les difficultés. « Cela a été difficile de maintenir la continuité du service, notamment parce que le service routier que l’on a mis en œuvre, était complexe à organiser compte tenu de l’engorgement des quais », analyse le directeur général de Keolis Bordeaux-Métropole, Hervé Lefèvre. « Même si on a essayé de maintenir une fréquence de bus toutes les trois minutes comme le tram, dans les faits il fallait entre 20 et 30 minutes pour rejoindre la gare depuis les Quinconces. Je pense qu’il y a beaucoup de clients qui se sont détournés du réseau TBM et ont trouvé des solutions alternatives. »

« J’ai les embouteillages aussi en voiture, mais je suis au frais »

C’est le cas de Sylvie. « Comme beaucoup d’autres usagers, après avoir essayé le bus relais bondé, j’ai craqué et repris mon vélo : 30 minutes de trajet de la gare de Bègles à Quinconces, c’est mieux que le tram et le bus relais. Tant qu’il fait beau je continue. » Idem pour Jordi. « Je prenais le tram tous les jours pour aller à la gare Saint-Jean. Du coup, je suis passé au vélo et je vais y rester, car c’est plus rapide et moins cher. » Si le vélo est le mode de transport alternatif qui a été le plus plébiscité, certains ont repris leur voiture. Comme Magali. « J’ai essayé la navette, mais il y avait beaucoup trop d’attente le soir, tout ça pour monter dans un bus blindé, surchauffé, et qui bien sûr subit les embouteillages. J’ai donc pris ma voiture, j’ai les embouteillages aussi, mais au frais. »

De premières estimations font état d’une baisse de 7 % de fréquentation sur cet axe, entre le 18 mai et le 31 août, par rapport à l’an passé. Et l’organisation mise en place a coûté quelque 150.000 euros par semaine, soit un coût cumulé de 2,5 millions d’euros à ce jour. Même si le trafic global sur le réseau est en hausse de 3,5 % depuis le début de l’année, ces chiffres risquent de faire mal dans les comptes de fin d’année pour l’exploitant.