Tourisme à Bordeaux : « Airbnb a généré une nouvelle clientèle, essentiellement des familles »
LOCATIONS•Régulièrement pointée du doigt, la plateforme Airbnb ne semble finalement pas venir concurrencer l’hôtellerie classique, dont les taux d’occupation à Bordeaux sont au plus hautMickaël Bosredon
L'essentiel
- Le taux d’occupation de l’hôtellerie à Bordeaux a dépassé les 80 % cet été, a annoncé ce mercredi l’office de tourisme de Bordeaux.
- Pour son directeur Olivier Occelli, le phénomène Airbnb, très présent à Bordeaux, ne vient donc pas concurrencer l’hôtellerie, mais génère une nouvelle clientèle.
- En revanche, la location Airbnb concurrence la location d’appartement classique, et pour cela des mesures ont été prises par la mairie, qui portent leurs fruits.
«Un été au beau fixe ». Olivier Occelli, directeur de l'office de tourisme de Bordeaux Métropole, a dressé ce mercredi un premier bilan de la saison touristique sur la métropole.
« L’hôtellerie est un indicateur important, et cet été les taux d’occupation ont été très satisfaisants, pointe-t-il : nous avons eu 85 % de taux d’occupation en juin, un chiffre en hausse de 3 %, puis 79 % en juillet et 83 % en août. Ce sont de très bons chiffres qui mettent Bordeaux dans le top des villes françaises, hors Paris. Il y a eu des réservations de dernière minute en juin, des réservations de groupe aussi, qui ont boosté la destination Bordeaux. Cela vient corriger un début d’année mitigé en raison de la crise des « gilets jaunes. »
L’hôtellerie « pas forcément adaptée aux familles »
Des chiffres qui font dire que, finalement, la concurrence de la plateforme Airbnb face à l’hôtellerie classique, n’est peut-être pas aussi dramatique que cela. « Effectivement, l’impact d’Airbnb est absorbé, puisque les hôteliers sont toujours en augmentation, analyse Olivier Occelli. Airbnb a plutôt généré une nouvelle clientèle : ce sont des familles essentiellement, pour qui l’hôtellerie n’est pas forcément adaptée parce que deux chambres cela revient cher. On pense que ça a créé de nouveaux créneaux. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas être vigilant par rapport au phénomène. Il ne faut pas qu’Airbnb se développe davantage à Bordeaux, pour ne pas qu’il y ait de dérive. »
En quelques années, environ 7.000 logements dans Bordeaux sont en effet sortis du marché classique, pour se destiner à de la location Airbnb. Pour faire face à cette croissance, la mairie a adopté un dispositif obligeant les propriétaires qui mettent leur logement sur la plateforme de location, à se déclarer. Ils ne peuvent plus louer leur bien plus de 120 jours par an, au-delà ils doivent procéder à un changement de destination du logement, et surtout compenser, en mettant sur le marché une superficie identique, destinée, elle, à de la location classique.
« Environ 2.700 personnes en situation régulière par rapport au dispositif mis en place »
Contacté par 20 Minutes, l’adjoint au tourisme Stephan Delaux précise n’être « jamais intervenu sur la concurrence d’Airbnb face à l’hôtellerie – encore que cela pose des problèmes juridiques et d’équité – parce que la croissance du tourisme à Bordeaux est telle, que nous avons des taux d’occupation effectivement très satisfaisants. La principale raison pour laquelle nous avons pris des dispositions, c’est que cela soustrait quelques milliers d’appartements aux gens qui veulent habiter dans Bordeaux. »
L’élu révèle que le dispositif municipal entré en vigueur en 2018, commence à porter ses fruits. « Aujourd’hui, on recense environ 2.700 personnes qui sont en situation régulière par rapport au dispositif, sur les quelque 7.000 appartements. On a bien progressé sur cet aspect là. Et quasiment un millier d’opérateurs ont résilié face à la réglementation que l’on a mise en place, préférant revenir à de la location classique, ou en faisant autre chose de leur appartement. »
Plusieurs dizaines de procès-verbaux établis
Une brigade consacrée à la surveillance des logements, a aussi été créée. « Elle a adressé plusieurs dizaines de procès-verbaux à l’encontre de propriétaires qui contreviennent aux règles » poursuit l’adjoint. « Le problème, c’est que pour l’instant nous n’avons pas de décision de justice, alors que nous avons transmis ces procès-verbaux. Autant dire qu’on est très en attente par rapport à tout cela. »
Et la municipalité de prévenir qu’elle reste « vigilante » par rapport à la situation sur le marché immobilier.