Pont Simone-Veil à Bordeaux : « Nous sommes très sereins quant à la réponse de la cour d’appel »
INTERVIEW•« 20 Minutes » a interrogé Patrick Bobet, le président de Bordeaux Métropole, après la décision du tribunal administratif de faire cesser en plein été le chantier du pont Simone-VeilPropos recueillis par Mickaël Bosredon
L'essentiel
- Le tribunal administratif n’a pas validé un accord conclu en mars dernier entre la métropole et le groupement d’entreprises Razel-Bec.
- Cela a eu pour conséquence de faire cesser, à nouveau, le chantier du pont Simone-Veil.
- Ce projet accuse déjà presque trois ans de retard.
- Le président de la métropole se dit toutefois certain d’obtenir gain de cause en appel, et estime qu’il ne devrait pas y avoir de nouveau retard concernant la livraison, estimée à 2023.
L'affaire du pont Simone-Veil pourrait finalement n’être qu’un soubresaut administratif. C’est en tout cas ce qu’espère fortement le président de la métropole de Bordeaux, Patrick Bobet.
Il y a quelques jours, on apprenait que le tribunal administratif de Bordeaux avait signifié le 15 juillet dernier à la métropole, son refus de valider l'accord conclu en mars dernier entre la collectivité et le groupement d’entreprises Razel-Bec (groupe Fayat), suite à un désaccord entre les deux parties sur la construction du pont. Un désaccord qui va engendrer presque trois ans de retard sur ce chantier, mais qui permettait, aux dires de la métropole, de sortir du conflit avec une solution amiable.
Mais le tribunal administratif a estimé que les termes de cet accord étaient trop avantageux pour le groupe de BTP. En refusant de le valider, il signifiait en même temps l’arrêt du chantier, ce qui fait désormais craindre un retard supplémentaire quant à la livraison du pont, déjà repoussée à 2023. Il reliera alors Bègles à Floirac.
« 20 Minutes » a interrogé le président de la métropole Patrick Bobet sur ce sujet ultrasensible.
Presque un mois après la décision du tribunal administratif, où en est le dossier du pont Simone-Veil ?
Nous avons fait appel, et la situation est entre les mains de la cour d’appel maintenant. Cette décision du tribunal administratif est tout de même très étonnante, on ne s’attendait pas du tout à cela. C’est à se demander si le mémoire que nous avons produit lors de l’audience a été lu. Ou il a été mal lu. C’est la question que l’on se pose en tout cas. Cela dit, je suis convaincu que l’appel nous sera favorable.
Pourquoi ?
C’est d’une évidence telle ! Pour vous donner un exemple, le tribunal nous reproche de ne pas avoir relancé de marché vis-à-vis de l’entreprise Baudin-Châteauneuf, (chargée de la construction du tablier métallique du pont). Sauf que ce tablier métallique était déjà réalisé aux deux-tiers. Imaginez que l’on annule tout : on relance des entreprises, en leur disant qu’il faut terminer ce tablier ? Ce n’est pas logique. La logique est que l’entreprise qui a commencé termine, au prix qui était prévu, en ajoutant les frais de gardiennage, puisque la livraison du pont étant repoussée, il va falloir stocker et faire garder les éléments de ce tablier. C’est ce que le juge n’a pas compris visiblement, mais on pourra l’expliquer sans difficulté. Nous sommes très sereins et très confiants quant à la réponse en appel.
Avec tout de même cette conséquence que la livraison du pont va être encore repoussée, sur un chantier qui accuse déjà presque trois ans de retard ?
Pas forcément. La décision du tribunal a été rendue en plein été, et j’espère vraiment que la cour d’appel va se prononcer dès le mois de septembre. J’ai écrit à la présidente, comme je l’avais fait pour le dossier du BHNS (projet de Bus à haut niveau de service entre Bordeaux et Saint-Aubin), pour lui demander d’activer la procédure, car là cela bloque tout le monde et il faut faire vite. J’espère que cette démarche qui avait fonctionné pour le BHNS, marchera aussi sur ce dossier. Si c’est le cas il n’y aura pas de souci.
Et si la cour d’appel confirme la décision prise en première instance ?
Alors nous aurons deux solutions : ou on passe outre – car je vous rappelle que c’est nous qui avions sollicité le tribunal administratif, et que nous n’y étions pas obligés – mais ce n’est pas ce que nous ferons. Nous voulons être transparents auprès des opérateurs qui n’ont pas été retenus, pour qu’ils ne pensent pas que l’on a fait notre cuisine avec Fayat dans notre coin.
Sinon, deuxième solution, annuler le marché avec Fayat, et relancer un nouvel appel d’offres. Nous n’aurons pas d’autre solution. Là, on perdrait quatre à six mois certainement. Mais ce n’est pas du tout la solution que nous imaginons.