Bordeaux: Le premier adjoint Fabien Robert croit «sentir une forme d'ouverture de la part d'En Marche!»
POLITIQUE•«20 Minutes» a rencontré Fabien Robert, le premier adjoint MoDem au maire de Bordeaux, qui sort ce lundi un livre, «Pourquoi je crois en la politique»Mickaël Bosredon
L'essentiel
- A seulement 34 ans, ce proche de François Bayrou est une des personnalités politiques montantes à Bordeaux.
- Il assure toutefois qu’il ne se voit pas dans le fauteuil du maire de Bordeaux.
- Dans son livre qui sort ce lundi, il revient sur le départ d’Alain Juppé et l'avenir de Bordeaux.
A seulement 34 ans, Fabien Robert a déjà deux mandats municipaux derrière lui. On prête souvent à ce « précoce » de la politique – il a adhéré à l’UDF à 15 ans et demi – de grandes ambitions à Bordeaux. Surtout depuis le départ d'Alain Juppé, et sa nomination comme premier adjoint du nouveau maire Nicolas Florian. C’est précisément sur tous ces points que l’élu MoDem, proche de François Bayrou, revient dans un livre à paraître ce lundi, Pourquoi je crois en la politique. Fabien Robert parle à 20 Minutes des thèmes principaux de cet ouvrage.
Le départ d’Alain Juppé
« On a vécu un basculement d’ère politique à Bordeaux, et on n’en connaît pas encore toutes les conséquences. Je voulais raconter ce moment depuis les coulisses », raconte Fabien Robert.
Ce basculement du 13 février, il le relate heure par heure. « J’avais compris dès le matin qu’il y avait des mouvements d’agenda très étranges, et que le cabinet commençait à devenir perplexe dans la mairie… J’ai donc appelé quelques amis à Paris, et on me rappelle à 15 h pour me dire qu’il entre au conseil constitutionnel. Je m’assois dans mon fauteuil et je me dis que c’est la fin d’une époque, qu’on change d’ère. Je réunis mes proches et je discute avec eux. Certains me conseillent de me lancer, d’autres non. Et le soir même à 18 h nous avons une réunion d'Esprit Bordeaux [le mouvement créé pour soutenir la candidature d’Alain Juppé aux municipales] à Caudéran, et je m’y rends avec Nicolas Florian. Nous sommes tous les deux à l’arrière de la voiture, nos téléphones dans la main. Le sien sonne. La voiture s’arrête et il descend. Je n’ai aucune difficulté à imaginer la conversation qu’il a, avec Alain Juppé donc. Et il n’y a pas de déception à ce moment-là, c’est le bon choix. »
Fabien Robert assure qu’il n’a pas fait pression pour être premier adjoint. « Les choses se sont faites très simplement, puisque Nicolas Florian m’a proposé le poste le soir même. Et je redis qu’il n’y a eu aucun appel de François Bayrou pour lui dire de prendre un MoDem comme premier adjoint. »
Les municipales de 2020
« On a eu pendant 71 ans un ancien Premier ministre maire de Bordeaux [Jacques Chaban-Delmas, puis Alain Juppé], insiste Fabien Robert. Cela se ressent dans toutes les strates de la ville, c’est très profond. Aujourd’hui on bascule dans l’ère des maires ancrés dans leurs territoires locaux, qui ne visent pas d’ambition nationale. Je pense que nos concitoyens ont une présomption favorable du successeur d’Alain Juppé, maintenant il faut transformer l’essai et nous avons huit mois pour convaincre. »
Sa position par rapport à La République En Marche
« Au MoDem, on est libre, martèle le premier adjoint. On a eu 30 ans d’alliances UDF-RPR, on en est sorti, ce n’est pas pour se remettre dans des alliances automatiques avec La République en Marche. En revanche, le MoDem peut être le trait d’union entre les marcheurs et la majorité municipale, pour expliquer que l’on n’est pas prêt à tout accepter, mais que nous sommes ouverts. »
« Nous présenterons aux municipales une liste renouvelée à au moins 50 % par rapport à l'équipe actuelle, et nous sommes tout à fait capables de nous rassembler sur un projet avec les marcheurs. Je ferai tout pour que ce rassemblement se développe, et je serai soutenu en cela par François Bayrou. »
« Si En Marche ! veut présenter un candidat, libre à eux, mais nous pensons qu’il y a dans notre majorité l’ADN social-démocrate du Président de la République, assure encore l’élu MoDem. Je les vois faire aujourd’hui, et je me dis qu’ils ont peut-être envie de montrer qu’ils existent. Peut-être qu’il faut au départ un peu de testostérone, qu’il faut montrer les muscles, pour après se rassembler. Si c’est la phase normale qui permettra d’ici à l’automne de discuter sur un projet, alors très bien. Mais si ça doit aboutir à une candidature, alors que nous serons, à mon avis, assez proches sur les idées, je trouve ça dommage. Toutefois, je crois sentir une forme d’ouverture de leur part ces derniers jours. »
Ses ambitions personnelles
« Je n’ai jamais eu de plan de carrière. Quand Nicolas Florian m’a demandé de devenir premier adjoint, j’étais même en train de songer à arrêter la politique… François Bayrou m’a proposé deux fois d’être candidat aux législatives, j’ai dit non. Et je ne me suis jamais vu assis dans le fauteuil de maire de Bordeaux. »
Pourquoi je crois en la politique, Entretiens avec Hervé Mathurin, Editions Atlantica, 14,50 Euros.