Bordeaux: «Nous n'avons pas l'intention de nous laisser déborder» par les trottinettes et les vélos en free floating
MOBILITE•La charte qui va encadrer la pratique du vélo, scooter et de la trottinette en «free floating», a été présentée ce lundi aux neuf opérateurs qui s'apprêtent à débarquer à BordeauxMickaël Bosredon
L'essentiel
- Neuf opérateurs se préparent à se lancer à Bordeaux en juin.
- Ils devront tous signer la charte établie par Bordeaux Métropole, qui souhaite encadrer la pratique, avec notamment la création de 200 marquages au sol réservés à l’emprunt et la dépose de ces engins.
- Un bilan de cette phase expérimentale sera dressé fin septembre.
Une charte pour « mettre de l’ordre afin que ce ne soit pas l’anarchie. » C’est ainsi que le président de Bordeaux Métropole Patrick Bobet a présenté ce lundi les mesures qui vont accompagner le déploiement d’opérateurs de trottinettes, vélos et scooters en « free floating » (libre-service sans borne) à Bordeaux. Neuf opérateurs ont déjà annoncé leur intention de se lancer à partir du mois de juin.
Mais ils ne pourront pas se lancer n’importe comment. La charte adoptée vendredi dernier en conseil de métropole limite chaque opérateur à 100 trottinettes, 600 vélos et 600 vélos électriques, ainsi que 200 scooters électriques. Ils devront s’acquitter d’une redevance aux communes de 30 euros par vélo et par trottinette par an, et 50 euros par scooter.
200 emplacements sont en cours d’installation sur la chaussée, où ces nouveaux engins de la mobilité urbaine devront être pris et déposés. Les opérateurs devront veiller à ce qu’ils soient respectés.
Plusieurs opérateurs avaient tenté de se lancer à Bordeaux en octobre dernier, avant que la mairie ne leur demande de remballer leurs affaires, le temps qu’un cadre pour l’utilisation de ces engins soit mis en place.
« Pas question que ces trottinettes et ces vélos roulent sur les trottoirs »
« Il y a aussi des règles de sécurité évidentes à rappeler, a martelé Patrick Bobet. Il n’est pas question que ces trottinettes et ces vélos roulent sur les trottoirs. Des contraventions pourront être données si la sécurité n’est pas respectée. »
« Nous sommes convaincus de l’utilité de ces objets, mais nous n’avons pas l’intention de nous laisser déborder par le sujet, prévient Jean-Louis David, adjoint au maire de Bordeaux en charge de la vie urbaine. Nous emploierons tous les moyens à notre disposition de façon à ce que la charte soit complètement respectée. Si on n’arrive pas à contenir sur l’espace public l’ensemble des objets concernés, on sera obligé d’arrêter l’expérience. »
Agents de la ville et policiers municipaux mobilisés
Tous les agents de la ville, ainsi que les policiers municipaux, seront mobilisés pour faire respecter cette charte. Le maire de Bordeaux devrait par ailleurs s’engager début juin sur des obligations envers les utilisateurs. Le port du casque pourrait s’avérer obligatoire pour pouvoir circuler avec ces engins.
Certains opérateurs regrettent toutefois que la métropole n’ait pas lancé un appel d’offres, ou un appel à manifestation d’intérêt, pour sélectionner par exemple trois candidats, qui auraient pu déployer beaucoup plus d’engins chacun. Sachant, explique Alain Rousseau, directeur des relations extérieures de la société Flash, que le modèle économique du « free floating » ne serait pas rentable avec seulement 100 trottinettes. « A Marseille par exemple, nous en déployons 1.000. »
« On attend la parution de la Loi sur les mobilités depuis un certain nombre de mois, souligne Jean-Louis David. Pour lancer un appel d’offres, il faut se référer à la loi en question, il faut un cadre. Nous sommes dans une phase expérimentale, et le temps venu, on lancera peut-être un appel à projets. » La métropole et les opérateurs ont d’ailleurs prévu de se revoir fin septembre pour réaliser un premier bilan de cette expérimentation.
Indigo Weel, Voi, Pony… Chacun son modèle
Parmi les opérateurs qui vont se lancer, Indigo Weel, qui propose déjà des vélos, a annoncé qu’il injectera début juin 200 scooters électriques à Bordeaux, Pessac et Bègles, tandis que Voi apportera à partir du 3 juin une centaine de trottinettes. Ce dernier est déjà présent à Paris, Lyon et Marseille. « Nous commençons toujours nos lancements avec une flotte-pilote dans un périmètre réduit, alors cette phase limitée à 100 trottinettes nous va très bien », estime Lucas Bornert, responsable France de Voi. La compagnie s’engage évidemment à bien respecter la charte. « Nous allons même créer des zones bonus pour inciter les utilisateurs à bien se garer. »
L'opérateur Pony, présent à Angers et à Oxford, est, lui, un peu un Ovni sur le marché. Il se lancera à Bordeaux avec 600 vélos et 100 trottinettes à partir du 1er juin. « Nous proposons un modèle différent des autres puisque le particulier peut acheter un vélo ou une trottinette de notre marque, et le partager avec ses voisins. C’est un peu un modèle Airbnb. Et chaque fois que votre véhicule est loué, vous récupérez la moitié du prix de la location, et en contrepartie vous avez un accès gratuit à toute la flotte. »
Bref, chacun arrivera avec son propre modèle. Et ses propres ambitions. Perdureront-ils tous longtemps ? « Je suis certain qu’une régulation se fera d’elle-même » anticipe Jean-Louis David.