Bordeaux: L’association «Aux arbres citoyens» veut éviter la bétonisation du site de la Jallère
ENVIRONNEMENT•La nouvelle association, « Aux arbres citoyens », entend s’opposer à la construction de 2.000 logements sur le site de la Jallère, près du stade Matmut de BordeauxElsa Provenzano
L'essentiel
- L’association « Aux arbres citoyens », ex-collectif pour la défense des marronniers de Gambetta, part en guerre contre le projet immobilier envisagé sur le site de la Jallère, à Bordeaux.
- Avec le groupe écologiste de la mairie de Bordeaux et l’association ANV COP21, elle défend un projet alternatif, respectueux de la biodiversité locale.
- Une concertation est en cours sur ce projet et le maire de Bordeaux se dit prêt à discuter sur le volet logement du dossier.
S’il n’a pas réussi à sauver de l'abattage le 22 novembre dernier les 18 marronniers de la place Gambetta de Bordeaux, le collectif constitué pour l'occasion ne s’est, lui, pas laissé abattre. Il a monté une association baptisée « Aux arbres citoyens » . Son objectif est de défendre le patrimoine arboré de la métropole, présenté comme un allié de taille dans la lutte contre le réchauffement climatique dans une ville jugée trop minérale. Sa prochaine bataille concerne le site de la Jallère, près du stade Matmut Atlantique, sur lequel un projet immobilier est envisagé.
« Il y a trois volets dans le dossier de la Jallère, dont un qui concerne le développement économique avec 900 emplois à la clé, a expliqué il y a quelques jours Nicolas Florian (LR), maire de Bordeaux, en marge d’une conférence sur Euratlantique. Sur celui-là je ne transigerai pas. Je souhaite aussi que le projet de ferme urbaine et le projet Ikos [une entreprise pour recycler] soient sanctuarisés. »
Sanctuariser la friche où la nature a repris ses droits
L’association, qui travaille sur ce dossier avec ANV (action non-violente) COP21 et le groupe EELV à la mairie de Bordeaux, souhaite également une sanctuarisation mais des 40 hectares de friches (sur les 95 au total du projet), en proposant de densifier le reste du site sur lequel des constructions existent déjà.
« On a mené il y a deux semaines une opération de nettoyage de la friche sur laquelle la nature a repris ses droits, raconte Jean-Baptiste Thony, du collectif ANV COP 21. On a ramassé des pneus en grande quantité, des déchets hospitaliers, des cartouches de chasse, du plastique et on veut rendre cette pollution, cachée par les végétaux, visible. » Pour dépolluer le site à plus long terme, il ne s’agit pas pour lui de déplacer les terres polluées ailleurs mais de laisser la nature assurer cette dépollution, en protégeant au mieux la biodiversité du site. L’association « Aux arbres citoyens », a proposé « un projet alternatif dans le cadre du budget participatif lancé par la ville de Bordeaux », relève sa présidente, Sandra Barrère.
Le nouveau maire de Bordeaux n’a pas fermé la porte aux discussions sur tous les volets. « Sur la partie des logements nous sommes en concertation, dit-il. Et nous avons la chance d’être dans une concertation qui n’a pas d’échéance. C’est là-dessus que nous allons rediscuter avec les habitants, les acteurs de la ville. On est ouvert à toute discussion ! » La construction de 2.000 logements est envisagée dans le projet initial. « Alors qu’on sait qu’il y a 22.000 logements vides sur Bordeaux Métropole », s’indigne Jean-Baptiste Thony.
L’association et ses soutiens veilleront à ce qu’un engagement sur ce dossier sensible émerge avant l’échéance des municipales, en mars 2020. Elle est aussi en alerte sur d’autres coupes d’arbres envisagées dans une maison de retraite bordelaise et au sein du quartier du Grand Parc.