Bordeaux: Tiny houses, colocations dans le parc social… Les propositions d’un élu local pour s’attaquer à la crise du logement étudiant
INFO «20 MINUTES»•Matthieu Rouveyre, élu PS de Bordeaux, a travaillé avec des architectes, des urbanistes et des étudiants pour proposer des solutions d’urgence et à plus long terme pour faire face à la pénurie de logements étudiants sur la métropoleElsa Provenzano
L'essentiel
- Un élu socialiste bordelais propose plusieurs solutions pour lutter contre la pénurie de logements pour les étudiants sur la capitale girondine.
- Parmi elles, l’installation de 178 tiny houses, de petites maisons mobiles, sur le campus.
- Il veut interpeller les pouvoirs publics, notamment sur la dévolution d’une partie du foncier de l’université au logement étudiant, pour accroître les volumes produits.
Les deux dernières rentrées universitaires ont été particulièrement tendues à Bordeaux. Les étudiants se sont retrouvés face à une pénurie de logements de petites surfaces, cumulée à des prix à la hausse. Depuis 2017, les étudiants et la communauté éducative alertent les pouvoirs publics sur la situation. Le Crous loge 12 % des 87.700 étudiants bordelais et dans le parc privé le prix moyen d’un studio est de 488 euros.
« Je fais des maraudes avec Graines de solidarité, et les étudiants qui organisent les récupérations d’invendus auprès des boulangeries demandent à récupérer pour eux aussi », raconte Juliette, une étudiante qui a travaillé aux côtés de Matthieu Rouveyre. En quelques années, elle a vu ce public se paupériser, et certains étudiants atterrir dans des squats ou dormir dans leur voiture.
« Et ce qu’on dit, c’est que les mêmes causes produiront les mêmes effets », s’alarme Matthieu Rouveyre, conseiller municipal PS et vice président du département de la Gironde. Celui qui a lancé un observatoire Airbnb sur Bordeaux, travaille depuis plusieurs mois avec des architectes, des urbanistes et des étudiants pour proposer des solutions à cette crise. « Tous les ingrédients sont réunis pour que pour la troisième année consécutive on ait une rentrée explosive », avertit-il.
- Des tiny houses pour répondre à l’urgence
Un tiny house, c’est une petite maison déplaçable dont l’espace intérieur est optimisé. Matthieu Rouveyre propose de commencer à en déployer dès la rentrée prochaine sur trois secteurs du campus bordelais, qui s’étend sur 240 hectares. « Ce n’est pas totalement incongru puisque le Crous l’a expérimenté à Pau, fait valoir l’élu socialiste. Donc ça existe à petite échelle, mais ça existe. »
Les spécialistes sollicités sur ce dossier estiment qu’il est possible d’installer 178 tiny houses pour un coût de 6,3 millions d’euros, qui prend en compte les frais de viabilisation et de réseaux. « Elles peuvent être prêtes fin décembre début janvier si on se saisit du dossier maintenant, souligne Matthieu Rouveyre. Il faut trouver des solutions même atypiques pour que les étudiants ne dorment plus dans leurs voitures. »
- Veiller à ce qu’une part du foncier de l’Université soit dévolue au logement étudiant
Il a aussi travaillé sur des solutions à plus long terme. « L’Etat a décidé de confier aux universités autonomes une partie de leurs fonciers et l’Université de Bordeaux va en récupérer beaucoup, explique-t-il. Il faut qu’elle veille à faire du logement étudiant et que le foncier ne soit pas confié uniquement à des promoteurs. » De son point de vue, cette dévolution est une opportunité pour accélérer le rythme de construction. « La production de 2.000 logements étudiants Crous supplémentaires sur 5 ans en plus des 1.800 supplémentaires déjà prévus pour 2020-2021 permettrait un passage de 12 % à plus de 15 % d’étudiants logés à Bordeaux », détaille son projet.
- Développer des offres de colocations dans le parc social
A Paris, l’association L’Aclef a lancé un dispositif « coop coloc » qu’elle tente de dupliquer sur Bordeaux. Constatant que les logements sociaux sont peu occupés par les étudiants qui sont beaucoup plus mobiles que les autres occupants, l’association est l’unique locataire du bailleur social et s’occupe de toute la gestion locative. Chaque étudiant dispose ensuite de son propre bail, ce qui facilite les entrées et les sorties. « On essaye d’adapter le modèle aux besoins des bailleurs bordelais, explique Anne-Cécile Dockès, coordinatrice générale de l’association. On gère 40 logements pour 104 places à Paris. » « On a lancé une étude de faisabilité pour identifier les potentiels locatifs sur la Métropole », complète Simon Capbern, chargé de projet L’Aclef à Bordeaux.
Face à une crise du logement qui s’annonce durable, il n’y a pas qu’une réponse à apporter selon Matthieu Rouveyre, mais toute une panoplie qu’il est urgent de déployer.