Bordeaux Métropole: «C'est tout le temps un bras de fer entre les maires et les promoteurs»
INTERVIEW•Le nouveau président de Bordeaux Métropole, Patrick Bobet, revient dans une interview à «20 Minutes» sur la problématique de l'habitat et de l'urbanismeL'essentiel
- Le président de Bordeaux Métropole annonce qu'il ne cherchera pas à tout prix à faire une agglomération «millionnaire» d'ici à 2030.
- Il estime que l'attente des concitoyens ne porte pas sur un grossissement trop rapide de la métropole.
- Parallèlement, il explique le combat qu'il faut mener contre les promoteurs à l'appétit grandissant à Bordeaux.
Le nouveau président de Bordeaux Métropole Patrick Bobet a reçu 20 Minutes, pour aborder les sujets d’actualité. Après les transports, nous avons évoqué les questions liées à l’habitat et à l’urbanisme.
Est-ce que l’objectif d’une métropole « millionnaire » – avec un million d’habitants – pour 2030 est toujours d’actualité ?
Non… Millionnaire, c’est un mot qui fait peur. Les personnes qui sont là sont ravies d’être là mais il y a toujours une espèce de xénophobie par rapport à l’arrivée de nouvelles personnes. Cela dit, si ce ne sera pas pour 2030, cela arrivera invariablement, puisque la métropole gagne à peu près 5.000 habitants chaque année. On y sera donc en 2050.
Vous n’avez pas la volonté d’accélérer les choses pour tenir le calendrier de 2030 évoqué par le passé ?
Non, pas spécialement. Nos concitoyens n’attendent pas cela de nous. Ils considèrent qu’on a une belle attractivité, mais ils ne veulent pas qu’on accélère. Et si on accueille 250.000 habitants en dix ans, cela va être très compliqué en termes d’habitat et de déplacement. Et on n’est pas capable d’accélérer les constructions à un tel rythme
Un Etablissement public foncier a été créé pour préempter du foncier. Avez-vous déjà des retours sur ses effets ?
C’est trop tôt pour cela, c’est encore tout nouveau. Mais l’intérêt c’est de bloquer les prix du foncier. Un exemple : au Bouscat, barrière du Médoc, Peugeot vendait son terrain d’1 hectare à un acquéreur pour 13 millions d’euros. Les services domaniaux l’ont estimé à 7 millions, nous avons préempté en proposant 6 millions, et le juge en a proposé près de 9. Nous avons fait appel et nous avons transigé à 8 millions. C’est bien en dessous des 13 millions de départ, et cela montre aux promoteurs qu’on ne laissera pas faire n’importe quoi, car cela commence à bien faire : si on paye le foncier très cher, ce que l’on vend au-dessus est très cher, c’est automatique.
Les relations sont difficiles avec les promoteurs ?
Oui… Il faut commencer par leur dire non. C’est tout le temps un bras de fer entre les maires et les promoteurs, tous les élus vous le diront. Bien entendu, on nous propose toujours des projets qui respectent le PLU (Plan Local d’Urbanisme), mais très souvent il n’y a pas assez d’espaces verts ou c’est trop haut ou trop dense..
Pourtant, il faut bien continuer à densifier…
On parle d’optimisation de l’espace, pas de densification, une notion qui fait peur également. Densifier c’est en mettre partout, dans notre esprit il s’agit plutôt d’utiliser ce qui existe déjà, en respectant au maximum la nature.