Bordeaux: «Le départ d'Alain Juppé remet La République En Marche au centre du jeu», constate Aziz Skalli
INTERVIEW•« 20Minutes » a rencontré Aziz Skalli, référent départemental de La République en marche (LREM) en Gironde, qui expose sa stratégie après l’annonce du départ d’Alain Juppé de la mairie de BordeauxPropos recueillis par Mickaël Bosredon
L'essentiel
- En Marche présentera un projet, et un candidat, à Bordeaux, avant éventuellement d’analyser les alliances possibles en vue des municipales de 2020.
- Aziz Skalli ne croit pas à la rumeur Edouard Philippe à Bordeaux, mais admet que le départ d’Alain Juppé pourrait susciter des ambitions chez des personnalités.
- Il estime cependant que les Bordelais aspirent surtout à de nouveaux visages et à une nouvelle génération de politiques.
Confortablement calé au fond de son fauteuil, souriant, le référent départemental de la République en Marche en Gironde, Aziz Skalli, nous a reçus la mine sereine. Non pas que le départ d'Alain Juppé le réjouisse – « cela a été un choc pour tout le monde » – mais il reconnaît que cette situation « inattendue » rebat les cartes concernant les prochaines élections municipales de 2020. « Au vu des appels et des messages que je reçois depuis la semaine dernière, je peux même dire que cela nous replace au centre du jeu » assure-t-il. Pour 20 Minutes, il fait le point sur la stratégie que va développer LREM à Bordeaux.
Après l’annonce du départ d’Alain Juppé, Nicolas Florian a été désigné par la majorité pour lui succéder. Les discussions sont déjà engagées en interne en vue de remodeler le conseil municipal. Comment analysez-vous la situation ?
Nous ne sommes pas dans la majorité, nous ne sommes donc pas dans les discussions internes qui ont lieu en ce moment. Mais nous serons attentifs à ce qu’il va se passer bien entendu. On voit bien que sans l’autorité tutélaire d’Alain Juppé, la majorité est moins tenue, on voit les clans et les égos qui commencent à se dessiner.
Le départ d’Alain Juppé change-t-il votre stratégie pour Bordeaux ?
Notre stratégie remonte à septembre dernier, et pour le moment elle n’a pas lieu de changer. On ne va pas se laisser imposer un agenda. Notre ambition reste de présenter un projet et de renouveler les visages à Bordeaux. Ce qui change, c’est qu’Alain Juppé est une figure qui pouvait rassembler autour de lui des sensibilités différentes. Maintenant, cette figure a disparu. Nous serons donc attentifs au positionnement du nouveau maire, Nicolas Florian. Il fait toujours partie des Républicains, quelle position aura-t-il à notre égard ? Est-ce qu’il soutiendra la majorité présidentielle, et notre projet aux européennes ? Ce positionnement changera la donne en termes de rapprochement éventuel.
On peut tout de même supposer que vos ambitions sont montées d’un cran dorénavant, non ?
Le départ d’Alain Juppé nous remet au centre du jeu. Je fais remarquer que cela rebat les cartes à gauche également, avec des candidats qui peuvent penser qu’ils se retrouvent au centre eux aussi, je pense à Vincent Feltesse notamment. Nous sommes tous dans les starting-blocks, et au même niveau en termes de surface électorale et médiatique. Mais Feltesse, aujourd’hui, est seul [il a annoncé en début d'année son départ du PS], et la gauche est éclatée.
Vous dites que Vincent Feltesse est seul « aujourd’hui », vous pensez donc qu’il ne le restera pas…
Ce ne sera pas le candidat de LREM ! Mais où peut-il se retrouver, dans le cadre d’une discussion plus globale ? Nous sommes ouverts à la discussion.
Quel est votre calendrier concernant votre projet ?
Vous en saurez plus dans les prochaines semaines. Je pense que l’on pourra avancer dans le courant du mois de mars nos premières armes pour la bataille des municipales. Il y aura des discussions en interne avec nos élus locaux, puis notre commission nationale d’investiture se prononcera sur un candidat d’ici à cet été. Après les européennes en tout cas.
Quel sera le profil de ce candidat ?
Un Bordelais, avec un beau parcours politique, mais pas seulement. D’une génération plus jeune aussi. Nous voulons quelqu’un qui apporte une identité bordelaise, mais qui soit aussi en mesure de projeter Bordeaux vers le futur et à l’échelle européenne.
La rumeur d’un parachutage du Premier ministre, Edouard Philippe, revient de plus belle à Bordeaux depuis l’annonce du départ d’Alain Juppé. Ne serait-ce pas un moyen de mettre tout le monde d’accord ?
Je n’ai eu aucun signal dans ce sens, et je ne crois pas qu’on ait encore besoin de ces candidats Premier ministre qui débarquent sans avoir aucun ancrage sur le terrain. Il y a une nouvelle génération d’habitants à Bordeaux, la sociologie a changé. Et elle a envie d’autre chose, d’autres visages, d’une nouvelle génération avec une liste plus ouverte, moins partisane.
Vous êtes prêt à ouvrir votre liste jusqu’où ?
Ce que nous voulons, c’est présenter un projet, et l’incarnation de ce projet. Après, les discussions sont ouvertes, avec Nicolas Florian, mais pas seulement. Je précise cependant que nous avons aussi l’ambition de nous ancrer territorialement, à Bordeaux comme à Marseille ou à Lille. Il y a eu des réussites à Bordeaux, mais il reste beaucoup de choses à faire. Il faut aller au-delà de l’image de carte postale que véhicule la ville. Et nous pouvons apporter des idées.
Vous écartez pour le moment la piste Edouard Philippe. Mais une campagne de municipales sans Alain Juppé, cela risque de réveiller des ambitions chez certains, non ?
Sûrement que ce départ va réveiller des ambitions. Mais pour l’instant je n’ai reçu aucun coup de fil de personnalité cherchant à s’informer sur une éventuelle candidature à Bordeaux…
Vous parliez d’ancrage territorial. Allez-vous présenter des listes dans toutes les villes de la métropole ?
Des discussions sont en cours et d’ici à cet automne nous devrions y voir plus clair sur les candidatures que nous présenterons, et le soutien que nous apporterons aux maires sortants.