Bordeaux: Après leurs agressions devant un bar gay, les victimes, choquées «refont le match en permanence»
LGBTPHOBIE•Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT Frédéric Potier a rencontré les trois victimes qui ont été agressées dans la nuit de vendredi à samedi devant un établissement LGBT de Bordeaux…Elsa Provenzano
L'essentiel
- Trois jeunes hommes ont été passés à tabac devant un établissement gay d'où ils sortaient, dans la nuit de vendredi à samedi.
- Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT les a rencontrés lors de sa venue à Bordeaux, programmée initialement pour un autre événement.
Les trois jeunes hommes qui ont été agressés dans la nuit de vendredi à samedi devant le Buster, bar bordelais LGBT sont choqués et ne veulent plus témoigner. « Le stress est monté depuis samedi, ils sont très angoissés et très choqués, a commenté Michaël Agbadebo, président du Girofard, centre LGBT de Bordeaux Aquitaine, qui se fait leur porte-parole. L’un d’eux ne dort plus depuis l’agression. Cela a été si violent, si gratuit et si rapide. Ils refont le match en permanence ».
Alors qu’ils fumaient une dernière cigarette devant le Buster, les trois jeunes hommes ont été interpellés par cinq individus qui leur ont demandé des cigarettes. Devant leur refus, et semble-t-il parce qu’ils se trouvaient devant un établissement LGBT, ils ont été insultés et frappés. L’une des victimes a dû être hospitalisée après l’agression et elle est aujourd’hui rentrée chez elle. Les trois personnes, accompagnées par le Girofard, ont déposé plainte. Le Parquet a annoncé ce dimanche qu'une enquête avait été ouverte dans cette affaire.
Une agression homophobe à Bordeaux en août dernier
Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, Frédéric Potier, était à Bordeaux ce lundi à l’occasion d’une visite prévue avant ces agressions, pour le lancement par le maire de la ville d’une « grande enquête sur le racisme et l’antisémitisme ». Il s’est rendu au Girofard pour rencontrer les victimes. « Au-delà de l’émotion suscitée par ce fait divers, on prend des mesures structurelles avec par exemple, des sensibilisations organisées dans les collèges et les lycées », a-t-il commenté. Il rapporte que sur les neuf premiers mois de l’année 2018, les actes homophobes sont en augmentation de 15 % en France, un chiffre du ministère de l’Intérieur qui s’appuie sur le recensement des plaintes et les signalements. Il est à nuancer au sens où davantage de personnes victimes d’actes anti LGBT osent porter plainte.
« La dernière agression homophobe à Bordeaux remonte à août 2018, elle avait aussi eu lieu devant un établissement LGBT, rappelle Michaël Agbadebo. Et, en France, il n’y a pas une semaine qui se passe sans une agression LGBT ». Une enquête a été lancée par l’observatoire des inégalités à Bordeaux et les 1600 réponses reçues « montrent que c’est une problématique qui mérite que l’on s’y attarde », souligne Marik Fetouh, adjoint au maire de Bordeaux, chargé de l’égalité, de la citoyenneté. 45 % des personnes interrogées disent avoir déjà ressenti des actes anti LGBT. « Pour que cela arrive le moins possible il faut continuer à informer, à répéter que ce qui n’est pas normal dans notre société c’est un discours LGBTphobe », souligne le président du Girofard.
Alain Juppé a validé l’idée d’un passage piéton aux couleurs de l’arc-en-ciel à Bordeaux. « Bien sûr il y a beaucoup d’autres actions, mais c’est un symbole fort », estime Michaël Agbadebo. Il devrait être inauguré le 17 mai prochain, journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, « dans un secteur vidéo-protégé », précise Marik Fetouh.