DEMOCRATIEOn a suivi une soirée du «grand débat national» dans le Médoc

Gironde: Pouvoir d'achat, fiscalité, référendum... On a suivi une soirée du «grand débat» dans le Médoc

DEMOCRATIEA Ludon-Médoc, une cinquantaine de personnes a participé à l'étape du «grand débat national» ce jeudi soir
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Le « grand débat national » a été souhaité par Emmanuel Macron pour recueillir les doléances des citoyens suite à la crise des « gilets jaunes ».
  • Ludon-Médoc est une petite ville de 5.000 habitants, située aux portes de la métropole de Bordeaux et à l’entrée du Médoc.
  • S’il a eu d’abord du mal à s’installer, le débat a été enlevé en deuxième partie de soirée.

Quatre tables. Quatre questionnaires. Quatre thématiques. Ce jeudi soir, la petite ville de Ludon-Médoc en Gironde (5.000 habitants) organisait une étape du grand débat national lancé par le Président de la République à travers la France.

Aux portes de la métropole de Bordeaux, Ludon, c’est le commencement d’un territoire, le Médoc, connu pour son vignoble et ses prestigieux châteaux, mais où il a aussi été identifié un « couloir de la pauvreté ». Ce n’est pas un hasard si la mobilisation des «gilets jaunes» y a été très forte.

« Pas convivial et pas trop de jeunes »

Souvent organisé par les municipalités, le débat est animé ici par l’association Famille rurale. Mais il a du mal à prendre dans un premier temps. « Je suis déçue, lâche Sandra Rosa-Carlos, une quadragénaire qui reste plantée à l’entrée du foyer rural - pas très avenant il faut le reconnaître. Ce n’est pas convivial, il n’y a pas trop de jeunes. » Cette Ludonnaise, originaire de la région parisienne, finit par aller s’installer pour commencer à répondre aux questionnaires. « Même si j’aurais pu faire ça de chez moi. Enfin, ce qui importe, c’est surtout ce qui en sera fait… »

Au bout d’une heure, les bénévoles de l’association tentent de rapprocher la cinquantaine de personnes qui est restée. Lancent les premières questions. L’assemblée semble soulagée : les participants ne sont manifestement pas venus pour cocher des cases.

« Si on avait eu un référendum sur les 80 km/h, ce serait jamais passé »

« Il y a beaucoup d’absence dans ces questionnaires, s’agace l’un d’entre eux. On ne nous parle pas de défiscalisation, ni d’évasion fiscale par exemple… C’est gênant. » Un trentenaire enchaîne sur l’environnement, son « cheval de bataille. » « Cela fait des années que l’on a droit à des grands discours, et chaque fois le soufflé retombe, car on trouve toujours un tas de bonnes raisons pour ne pas faire. En attendant, l’utilisation des pesticides augmente chaque année, alors que l’on était censé diviser leur utilisation par deux. »

Le thème de la participation citoyenne récolte beaucoup plus de succès. « Ce que Macron n’a pas compris, c’est que les gens ne veulent pas un référendum, ils veulent des référendums » lance un participant. « C’est sûr que si on avait eu un référendum sur les 80 km/h, ce serait jamais passé » enchaîne un autre. « Il faut que l’Etat écoute le peuple ! » « Faut-il encore tenir compte des résultats… »

« Il y a aussi des petites entreprises qui galèrent »

Les bénévoles tentent de noter toutes les remarques, avec l’ambition de restituer une synthèse de la soirée. Mais les discussions ont déjà glissé sur autre chose. On parle des élections : présidentielle, législatives… Dans quel ordre faudrait-il les instaurer ? Pour combien de temps ? Et la proportionnelle ?

Un « gilet jaune » profite d’un moment de répit : « le vrai débat c’est le salaire ! Il faut motiver les gens à aller travailler. A 1.500 euros par mois, la vie est trop dure. » Sandra Rosa-Carlos fait remarquer que « quand un patron verse 1.500 euros de salaire, il donne 1.500 euros à l’Etat. Il y a aussi des petites entreprises qui galèrent. » « La meilleure idée ce serait de baisser les charges patronales » affirme un autre.

Certains auraient souhaité des « responsables politiques » dans la salle

Les thématiques s’enchaînent… Jean-Claude Melle, un ancien syndicaliste, regrette, lui, qu’il « n’y ait pas de responsable politique ce soir. » « Un député LREM, s’il avait été présent, aurait pu répondre à nos questions, non ? »

Le député de la cinquième circonscription Benoit Simian est directement visé. Surtout que sa dernière proposition en date, visant à rétablir le cumul des mandats de député et de maire (pour les communes de moins de 10.000 habitants), a aussi beaucoup fait parler durant les échanges. L'élu, qui ne voulait pas « fausser le débat », est apparu en toute fin de soirée.