Bordeaux: «Merci aux "gilets jaunes" d'avoir réveillé une France endormie»
REVENDICATIONS•Les cahiers de doléances et d’espérances sont disponibles dans les huit mairies de quartier de Bordeaux, jusqu’au 15 mars…20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Les cahiers de doléances sont disponibles à Bordeaux, même si les citoyens ne se précipitent pas dessus pour le moment.
- Les premiers citoyens à avoir contribué ont livré des revendications très disparates.
- Si certains sont optimistes, d’autres pensent que c’est « du bla-bla. »
L’une est pour l’augmentation des retraites, d’autres veulent la reconnaissance du vote blanc, la réduction de la TVA ou la « division par deux » des amendes routières : A Bordeaux, bastion « gilet jaune », les doléances sont encore rares mais précises.
Dans la mairie de quartier de Bordeaux-Centre, « il n’y a pas foule mais je reçois beaucoup d’appels pour des renseignements », dit Sandra, assistante du maire de quartier. Dans son tiroir est précieusement gardé le « cahier de doléances et d’espérances » - 99 pages et couverture bleu-blanc-rouge - qu’elle tend à la demande.
« Cher pouvoir hors-sol »…
Le titre a été voulu par le maire Alain Juppé qui espère « une manifestation de confiance en l’avenir » en plus des « revendications, des insatisfactions, des frustrations, des critiques ».
Et des critiques, il y en a. « En Gironde, les tribunaux ont été fermés, les postes et les (centres des) impôts aussi », accuse dans son message une femme qui « travaille depuis l’âge de 14 ans » et qui « dans (son) rêve », veut voir « l’augmentation des retraites ».
Un « fils de pied-noir » s’adresse à « cher pouvoir hors-sol » alors qu’un autre contributeur détaille en trois chapitres, aux titres dûment soulignés, la situation des retraites, la politique du gouvernement et réclame des panneaux solaires sur le toit d’un centre commercial en centre-ville.
« C’est la première fois qu’on me demande mon avis »
La campagne a commencé cette semaine, et va durer jusqu’au 15 mars. Le « cahier a été distribué aux huit mairies de quartier », dit Jean-Louis David, adjoint au maire en charge de l’organisation. Elle avait recueilli jeudi soir une cinquantaine de contributions, plus 200 autres déposées en ligne. « Pas mal de gens téléphonent pour connaître la procédure », dit-il en estimant que ce lent démarrage n’est pas « significatif d’un résultat final ». L’utilisation du cahier est très encadrée. Chaque mairie « doit faire attention à ce que les gens ne le prennent pas en photo ou ne raturent pas les commentaires précédents », dit-il.
Dans une petite pièce au calme de la mairie de « Chartrons-Grand Parc », un sexagénaire vient de remplir une demi-page : « C’est la première fois qu’on me demande mon avis en laissant une trace écrite », se réjouit ce médecin. Pour lui, l’initiative est utile. « Ça va servir, je suis optimiste », dit-il, « on peut entendre les différents sons de cloche. C’est sa principale qualité. Tout d’un coup, il y a des trucs qui ressortent ».
« Il faut élever le débat »
Sur le cahier, les propositions abondent. L’un veut la reconnaissance du vote blanc, d’autres la réduction de la TVA pour les produits de première nécessité, « justice contre les politiciens véreux » ou la « division par deux des amendes routières pour ne pas ruiner les citoyens pour un dépassement de 10 km/h ». « Merci aux gilets jaunes d’avoir réveillé une France endormie », écrit une femme pour qui « ce grand débat, c’est du bla-bla ».
Les cahiers de doléances « permettent aux maires de retrouver une position d’intermédiaire », assure Laure, porte-parole du groupe « gilets jaune » Yellow Friday Revolution, qui revendique près de 7.000 membres.
Mais « personne n’y croit. Augmenter le Smic, baisser le prix de l’essence, c’est intéressant. Mais il faut élever le débat », dit cette quadragénaire qui estime qu’il faut « remettre à plat le fonctionnement de nos institutions ».