SOCIETEDeux vidéos font parler d’elles, après la manif «gilets jaunes» à Bordeaux

VIDEO. Gilets jaunes à Bordeaux: Deux vidéos de violences lors de la soirée de samedi agitent les réseaux sociaux

SOCIETEDes vidéos captées samedi soir, après la manifestation des « gilets jaunes » près de la place Pey-Berland et près de l’Apple Store, suscitent beaucoup de réactions des internautes…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Deux vidéos sont très partagées sur internet depuis samedi : l’une où l’on voit un manifestant recevoir des coups de matraque lors d’une arrestation et l’autre où l’on découvre un « gilet jaune » qui s’écroule après avoir reçu un tir de lanceur de balles de défense dans le dos.
  • L’homme qui a été blessé par un lanceur de balles de défense serait dans le coma après une lourde opération, et le quinquagénaire interpellé a été jugé en comparution immédiate ce lundi à Bordeaux pour détention d’un pavé et participation à une manifestation malgré les sommations de dispersion.
  • La police et le procureur de la République adjoint mettent en cause des individus violents qui s’en prennent aux forces de l’ordre, le collectif contre les abus policiers dénonce, lui, une « escalade de la violence de l’Etat ».

Deux vidéos captées à Bordeaux samedi soir, après la manifestation des « gilets jaunes » qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes, suscitent beaucoup de réactions d’internautes. L’une tournée par France 3 Nouvelle Aquitaine près de l’Apple Store, montre un homme qui s’écroule au sol, après un tir de lanceur de balles de défense.

Selon la police, il y avait alors un contexte particulier qui laissait craindre des « exactions » puisqu’elle avait reçu des appels du gérant de la boutique, alors retranché avec ses collaborateurs dans le sous-sol du magasin. Elle estime aussi que c’est seulement « une petite partie de ce qui s’est passé ». Selon nos confrères de France 3, la victime, un pompier volontaire de Bazas, a été placée en coma artificiel au CHU de Pellegrin, après une lourde opération.

Une veillée est organisée ce lundi soir par des «gilets jaunes» devant l'hôpital Pellegrin.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Le préfet de la Gironde a saisi l’IGPN, l'Inspection générale de la police nationale, pour ces faits et une enquête va être menée. Le procureur de la République de Bordeaux confirme qu'il a décidé de se saisir de ces faits et d'ouvrir une enquête confiée à l'IGPN afin d'en déterminer les circonstances.

Une seconde vidéo a aussi agité les réseaux sociaux. On y voit l’interpellation très musclée d’un homme d’une cinquantaine d’années, à l’arrêt de tram hôtel de ville de la ligne A du tramway. Il reçoit plusieurs coups de matraque au niveau de la tête. Selon la police il aurait résisté à son interpellation, refusant de se mettre au sol.

« On le voit qui est tabassé par la police qui n’a aucune raison de le taper une fois qu’il est interpellé », réagit une porte-parole du collectif contre les abus policiers de la Gironde, le CLAP33. Placé en garde à vue depuis samedi soir, Vladimir Beaucourt, 55 ans, a été jugé en comparution immédiate ce lundi pour participation à un attroupement malgré les sommations de dispersion et détention d’une arme, en l’occurrence un pavé.

Un des protagonistes jugé ce lundi

Lors de l’audience, le procureur de la République adjoint Olivier Etienne a évoqué la vidéo en question. « Vous faites l’actualité, a-t-il lancé au prévenu. Mais on ne voit qu’une partie de ce qui s’est passé, on ne vous voit pas avec votre masque de ski et votre masque chirurgical lorsque vous vous en prenez aux forces de l’ordre à coups de pavé ». L’avocate du prévenu, maître Céline Fouillet, estime, elle, qu’on ne le voit jamais jeté de pavé sur les images et que son client a été « victime de violences gratuites de la part des services de police et qu’il a servi de bouc émissaire ».

La présidente est intervenue pour rappeler que le tribunal n’était pas saisi des faits relatifs à la vidéo. Le procureur a ajouté qu’une plainte pour violences avec arme par destination avait été déposée contre Vladimir Beaucourt, par un fonctionnaire de police.

Ce lundi, le prévenu n’était pas jugé pour jet de pavé mais simplement pour détention d’un pavé, en l’absence de témoignage direct de ces faits. « Je n’ai pas entendu l’ordre de dispersion, j’étais sur la route du retour et je voulais emporter un souvenir, c’est pour cela que j’ai pris un pavé, se défend le prévenu. Je quittais les lieux car cela dégénérait sérieusement ».

Huit mois de prison assortis de sursis requis

Une version qui ne convainc pas du tout le parquet, qui souligne qu’à 19h15, l’heure de son interpellation, la manifestation avait déjà bien dégénéré. « Il est venu équipé pour participer aux événements et il nous dit qu’il collectionne les balles de lanceurs de balles de défense, c’est qu’il a donc l’habitude d’être près de leur usage », a souligné le procureur. Il a demandé pour ce père de famille au casier vierge huit mois de prison assortis de sursis et une amende de 1.000 euros.

« Mon client n’a pas sa place dans ce box », a plaidé l’avocate, maître Céline Fouillet. Si elle reconnaît qu’il aurait dû « partir avant les émeutes à Pey-Berland », elle souligne que rien ne prouve qu’il a jeté un pavé ou qu’il en avait l’intention. Elle a demandé au tribunal de se contenter d’une amende pour participation à une manifestation non autorisée. Le tribunal l'a condamné à deux mois de prison avec sursis et 300 euros d'amende. Son client entend porter plainte prochainement pour les violences qu’il a subies lors de son interpellation.

« Il y a une escalade de la violence d’Etat, estime la porte-parole du collectif CLAP33. S’il n’y a pas de réponse politique, je ne vois pas comment on peut assister à autre chose qu’à une accentuation de la répression ».