Bordeaux: Lancement de Bahia, fusion de l'hôpital militaire Robert-Picqué et d'un établissement de santé privé
SANTE•La première pierre de ce grand projet hospitalier pour le sud de la métropole, à Talence, devait être posée ce vendredi, mais l'événement est finalement annulé en raison du contexte social…Mickaël Bosredon
L'essentiel
- Ce nouvel ensemble hospitalier doit voir le jour en 2022 sur le site de Bagatelle, à Talence.
- Il s’agit de la fusion de l’hôpital militaire Robert-Picqué, situé juste à côté à Villenave-d’Ornon, et de la Fondation Bagatelle, un établissement de santé privé.
- Bahia sera l’un des quatre ensembles hospitaliers civils et militaires prévus sur le territoire national, avec Brest, Lyon et Metz.
La première pierre du projet d'hôpital civil et militaire Bahia devait être posée ce vendredi en fin d'après-midi, sur le site de Bagatelle à Talence. L'événement, qui devait rassembler la secrétaire d'Etat aux armées, le préfet ou encore le maire de Bordeaux, a finalement été annulé, a-t-on appris ce vendredi midi, en raison du contexte social.
Ce projet vise à fusionner l'hôpital d'instruction des armées (HIA) Robert-Picqué, situé non loin à Villenave-d’Ornon, et la Fondation protestante Bagatelle, un établissement de santé privé à intérêt collectif (Epic).
Ce projet a reçu en septembre 2017 un avis favorable du comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers (Copermo). C’est un des quatre ensembles hospitaliers civils et militaires prévus sur le territoire national (avec Brest, Lyon et Metz). Soutenu par la région, le département et la métropole, il se chiffre à environ 90 millions d’euros, financés en grande partie par Bagatelle qui apporte 18 millions d’euros en fonds propres et empruntera 67 millions d’euros. Une subvention de l’Etat de 5 millions d’euros complétera le financement.
Objectifs économiques et sanitaires
Réparti sur deux bâtiments de 5.000 et 17.000 m², le projet Bahia comprend un premier bâtiment consacré aux consultations et aux bureaux administratifs. Il sera livré fin 2019. Un second bâtiment accueillera les spécialités de soins critiques (urgences, réanimation, néonatalogie…), la nouvelle maternité, un nouveau bloc opératoire, l’unité de traitement et de réhabilitation des blessés, les soins de suite et de réadaptation et les services médico-techniques. Il doit être achevé en 2022.
« Les objectifs de rapprochement de ces deux établissements, voisins depuis plus d’un siècle, sont multiples, explique Gabriel Marly, président de la Fondation Bagatelle. Economique, puisque Robert-Picqué était déficitaire de plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année, et que Bagatelle avait besoin de faire évoluer son activité pour atteindre une taille supérieure, et sanitaire car l’enjeu est de maintenir un établissement de secteur 1 dans le sud de la métropole, pour faire face à l’augmentation de population attendue ces prochaines années, notamment avec la réalisation du projet Euratlantique. »
« Les tarifs resteront ceux d’un hôpital de service public »
Avec 450 lits, entre 1.400 et 1.500 salariés, un service d’urgence et un service d’accouchement, l’établissement Bahia doit devenir le deuxième établissement hospitalier de la métropole, derrière le CHU de Bordeaux.
Même s’il est militaire, la majeure partie des patients soignés à l’hôpital Robert-Picqué sont des civils. Gabriel Marly assure que les tarifs hospitaliers de Bahia resteront « ceux d’un service public » puisque les médecins sont « conventionnés en secteur 1, c’est-à-dire sans dépassement d’honoraire ». Par ailleurs, le service de santé des armées « s’est engagé à maintenir dans ces nouveaux locaux une activité militaire, notamment pour les personnels de retour de terrains d’opération extérieure ». Pour cela, il versera un loyer d’un million d’euros par an sur vingt ans au titre de l’occupation de l’hôpital.
Certains dénoncent le « gaspillage » occasionné par ce projet
Lancé en 2012, ce projet de rapprochement n’a toutefois pas accouché sans douleur. De nombreuses oppositions se sont élevées ces dernières années. Et un collectif, « La santé un droit pour tous » avait prévu de manifester ce vendredi à 17 h en amont de la première pierre.
Ce collectif dénonce « le gaspillage occasionné par le projet Bahia avec la destruction d’un hôpital public, et son service d’urgences très performant qui le sera moins quand il aura été transféré à la structure privée Bahia ». Il cite par exemple la disparition de l’héliport de Robert-Picqué dans le nouveau projet.