«Quel massacre ! », lance une riveraine en découvrant ce jeudi matin la coupe de 17 marronniers, âgés de 70 ans, sur la place Gambetta de Bordeaux. « J’avais plaisir à m’y promener… Au moment où il faut protéger la nature, on bétonne tout. » Cet abattage, qui intervient dans le cadre du réaménagement de la place, était contesté par un collectif à l’origine d’ une pétition qui a recueilli près de 10.500 signatures.

Les entreprises chargées d’abattre les grands arbres sont intervenues très tôt ce jeudi matin, à partir de 5h, et ont terminé quelques heures plus tard. « Si tous les chantiers de Bordeaux pouvaient aller aussi vite, ironise Pierre Hurmic, élu municipal EELV. Cela s’est fait à l’insu de la population et tout a été fait de façon très très rapide. »

La mairie affirme avoir recueilli l’avis de la population

La mairie fait valoir qu’elle a bien recueilli l’avis de la population sur ce projet : « La concertation réglementaire de décembre 2014 à juillet 2015, a permis à chacun de s’exprimer sur les registres, internet et lors de réunions publiques. L’ensemble des contributions a permis d’établir le cahier des charges transmis aux concepteurs (confort, modes de déplacement, espaces végétalisés, patrimoine, attractivité, lien social, etc.) ».

Mais le collectif estime qu’il n’a pas eu l’oreille de la Ville, alors même que sa pétition a été signée par des milliers de Bordelais. Il avait tenté de négocier avec la municipalité afin qu’une partie au moins des marronniers soit conservée, mais aucun compromis n’a été possible.

De la végétation basse à la place des arbres

La place comportait 43 arbres avant l’abattage et il y en aura 71 une fois le projet paysager terminé. Mais ceux qui seront plantés seront des arbustes, d’essences variées. « Ce ne sera pas pareil, ce ne seront pas des arbres », déplore un riverain en jetant un œil dépité à travers les barrières installées autour de la place. « Oui mais il y aura 14 essences, souligne une commerçante de la place. Il y a une voie de bus qui va être construite et moi j’accepte ce qu’on me propose. »

L’abattage a pour vocation, selon le projet paysager, de dégager la vue sur les façades XVIIIe de cette place, dont la rénovation a lieu tardivement à l’échelle de la ville. « C’est très daté comme argument, relève Pierre Hurmic, on sait que les arbres sont nos meilleurs alliés contre le réchauffement climatique, ce sont des climatiseurs naturels. Ce 22 novembre est une journée de deuil pour l’écologie. »

Le collectif a décidé d’organiser ce vendredi à partir de 16h30 un happening aux allures de « veillée funèbre » sur la place dénudée de ses arbres.