Comment faire pour que filles et garçons se mélangent à la récré?

Bordeaux: Comment améliorer la mixité dans les cours de récré?

SOCIETEPlusieurs projets émergent sur la métropole bordelaise pour améliorer la mixité dans les écoles, notamment en réaménageant les cours de récré…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Plusieurs projets sont en développement sur la métropole bordelaise pour améliorer la mixité filles garçons.
  • Les communes de Floirac et Bordeaux portent des projets de réaménagement de cour de récréation dont le centre est souvent accaparé par les garçons.
  • En créant des espaces de rencontres plus variés, une géographe spécialiste de ces questions, montre qu’on peut réussir à mélanger filles et garçons.

Dès l’école, les garçons mènent le jeu. Dans la plupart des établissements, l’espace central de la cour de récréation est monopolisé par certains garçons qui jouent au foot tandis que les filles (et d’autres garçons) se retrouvent disqualifiés, dans les espaces périphériques. Comment organiser une meilleure mixité à l’école primaire ? C’est la question à laquelle plusieurs communes de la région Nouvelle-Aquitaine essayent de répondre, en s’appuyant notamment sur l’expertise de la sociologue et géographe Edith Maruejouls, chargée de mission à la Métropole de Bordeaux.

A l'école primaire du Peyrouat, à Mont-de-Marsan, dans les Landes, elle a réalisé un accompagnement et un suivi sur sept ans auprès du personnel éducatif et des enfants. A Floirac, sur la métropole bordelaise, l’école Pierre et Marie Curie ambitionne de réaménager sa cour de récréation sur la proposition d’une enseignante de l’établissement. Ce sont les habitants de Floirac qui vont voter parmi dix projets au choix tout au long du mois d’octobre dans le cadre de budgets participatifs. A Bordeaux, le groupe scolaire Hortense, qui doit être livré en 2020 sur le secteur Bastide-Niel, a aussi été dessiné pour qu’un partage de l’espace plus équilibré soit possible.

Des espaces de rencontres

« On sait qu’il faut varier les plaisirs pour varier les publics, le football c’est prescriptif, analyse Edith Maruejouls. Que le foot occupe la partie centrale renvoie aussi au fait que ce qui fait valeur c’est l’activité des garçons ». Pour autant, elle ne pense pas qu’il faille forcément donner une fonction à chaque espace de la cour : « il faut aussi leur laisser des espaces dans lesquels ils vont décider à quoi ils vont jouer ». Une occasion d’échanger, de se rencontrer pour l’ensemble des élèves. « La mixité ce n’est pas tout de suite de l’apaisement, prévient-elle, ce peut être aussi des conflits. Elle peut-être positive même si elle est conflictuelle ».

L’enjeu c’est de battre en brèche les stéréotypes sexués qui isolent les enfants les uns des autres, qui empêchent par exemple les garçons de jouer avec les filles au motif que sinon « ils sont des filles ». « En mettant en place des activités où l’on n’est pas exclu parce qu’on court moins vite ou qu’on est moins performant mais parce que la règle fait jeu, j’ai constaté que la plupart du temps les enfants sont super-contents ».

Plusieurs communes commencent à se positionner sur ce sujet de la mixité dans les écoles qui ne recouvrent pas seulement l’aménagement des cours de récréation mais aussi l’organisation des cantines et des classes ainsi que l’accompagnement du personnel éducatif et des élèves.

« Ce sont aussi les [visions du monde] des élus et des constructeurs qu’il faut changer », note Edith Maruejouls, assurant que l’on se dirige néanmoins « vers un modèle d’école plus égalitaire ».